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J'ai passé près de deux heures à me questionner sur ma vie et sur le pourquoi j'étais encore vivante après avoir assisté au tragique événement qu'était cette hallucination. Je ne savais aucunement comment j'avais pu imaginé qu'un corps ensanglanté se trouvait devant moi et je ne voulais même pas savoir ce qui avait causé cette horrible confusion. À chaque fois que je revoyais le couteau argenté que j'avais manié avec tant de confiance et d'amusement, la migraine s'attaquait à mon cerveau, telle une moustique qui s'acharnait sur un morceau de peau.

J'en avais tellement marre. De tout ça. De cette maison. De cette cave. De Sangwoo. De tout. J'étais pourtant un peu reconnaissante à Sangwoo. C'est lui qui m'a fait réaliser ma réelle valeur. De quoi parlais-je? Je n'avais aucune valeur. Je ne valais rien aux yeux des autres. Je n'étais qu'une vulgaire personne, qui se faisait recaler par tous les individus qui l'entouraient, traitée comme une moins que rien, ignorée de tous. Je l'avais réalisé dans cette cave, après avoir passé l'entièreté de ma vie à rejeter cette réalité indéniable.

Je n'avais aucune raison d'exister et j'étais contente que Sangwoo ait été là pour me le faire réaliser. J'étais tout simplement inutile.

   Un soupir que je voulais serein s'échappe de ma bouche. J'étais enfin arrivée à une conclusion, je m'étais enfin décidée sur ce qu'il fallait vraiment que je fasse pour mon bien.

   Et cela ne consistait en rien à me sauver de cette maison ou même me rebeller.

   Non.

   J'ai tenté beaucoup trop de fois de me rebeller et je n'étais fini qu'à m'avancer sur le chemin de la réalisation d'une réalité incontournable, qui m'a, aujourd'hui, fait ouvert les yeux, alors que je l'ai enfin admis ouvertement, sans essayer de repousser ce fait.

   Je ne méritais aucunement à vivre.

   Le couteau.

Le couteau avec lequel j'avais tant fantasmé, imaginant ce que ça ferait de tuer Sangwoo ou autre personne détestable avec cette lame acérée. J'avais enfin trouvé sa réelle utilisation, celle qui conviendrait le plus à cette arme. Je me demande pourquoi je n'y avais pas pensé avant. C'est pourtant une brillante idée, qui me débarrassera de tous mes problèmes, tout en soulageant la conscience des personnes qui me côtoyaient.

   Ceux-ci allaient sûrement le dire à voix haute, sans se réprimer: "Enfin... elle est partie celle-là!" Car oui, en effet, j'allais bien partir.

J'allais commettre un suicide.

Dit de cette façon, ça faisait un peu dramatique, comme si cette scène était tout droit sortie d'un film quétaine des années 1900. Je ne pouvais contredire cet argument quand on voyait dans quelle situation je me trouvais maintenant.

Prise en otage, dans une maison à laquelle je ne savais rien, les mollets encore bleus par la maltraitance horrible de Sangwoo.

Tout ça était beaucoup trop théâtral pour sembler être vrai mais ça l'était. Étrangement.

Un sourire esquisse mes lèvres alors que je me demande quelle sera la réaction de Sangwoo s'il me découvre en rentrant, couchée sur le sol, le corps ensanglanté, une marre de sang s'étirant autour de moi. Serait-il surpris? Paniquerait-il? À moins qu'il se débarrassera de mon corps facilement, ni vu ni connu, comme il l'avait sûrement déjà fait avec cette femme que j'avais croisé le jour de mon internement ici.

   Mon maigre sourire emprunte une tournure sordide, voire amère alors que je me dis en fronçant les sourcils que je ne ressentais aucune hésitation. Si je le voulais, je pourrais m'écorcher les veines maintenant, sans même avoir la moindre incertitude. Je ne savais pas pourquoi.

𝐊𝐒 | sangwoo ohOù les histoires vivent. Découvrez maintenant