0.1

1.7K 47 8
                                    



   Je soupire.

   Pourquoi ma vie devait être aussi merdique que ça? D'un regard vide, quelques fois aveuglés par mes larmes, je regarde le pavé, mes deux compagnes parlant et jacassant à grande voix. Jamais je ne les avais considérées comme mes amies. Je ne sais même pas si elles connaissaient la définition de ce mot, mais j'étais au courant que si je ne traînais pas avec ces filles, on ne me prêterait pas d'attention.

   Celle qu'on me donnait en ce moment était déjà minime. Je me retourne vers Cho et Min.
Elle parlait en ce moment même d'un des garçons de notre classe. À mes yeux, les garçons étaient un sujet plutôt ennuyeux, voire inintéressant.

   Pourtant, seulement un a capté mon attention, au point où une obsession radicale me frappa.
   Il s'appelait Oh Sangwoo.
Il réussissait à réunir les gens autour de lui si facilement que j'en devons rapidement intriguée.
  
   On n'avait peu de contact pourtant.

   Il y avait seulement une fois, où nos regards s'étaient croisés, peu avant que je ne détourne le mien. Je savais que ce devait être mon imagination, mais je me rappelle avoir vu le coin de ses lèvres frissonner, comme s'il souriait.
Mon regard toujours centré sur le sol, je souris.

   « Hana, tu voudrais bien nous écouter? » me demande d'une voix blasée Cho, s'attirant le soupir de Min. Je rougis légèrement.
   « Sert à quoi? Cette fille n'écoute jamais rien » renchérit Min en haussant les épaules et Cho ricane, visiblement amusée par la remarque.

   Des fois, on aurait que je n'étais là que pour leur permettre d'alimenter leurs réseaux d'insultes. On ne se considérait pas comme amies et nous le savons toutes au fond de nous.
   L'une servait à l'autre.
Pour ma part, si je ne les accompagnerais pas, je serais seule. Et j'avais développé une sorte de frayeur face à la solitude.

   « Désolé » murmurai-je à voix basse, n'osant pas croiser leur regard. Elles soupirent.
Min me lance un regard pénétrant, ayant l'air de se moquer ouvertement de moi.

   « Justement, on est devant sa maison à lui » me dit-elle et je sus qu'elle faisait allusion à Sangwoo. Min pointe du doigt une maison, entourée par une grille rouge.

   J'ouvre grand les yeux.
   La demeure de Sangwoo?

   Cho remarque mon expression de surprise et sourit de façon narquoise.

   « Tu crois qu'on a pas remarqué que tu le fixais à la bibliothèque » me dit-elle avant de pousser un rire, portant ses mains à son ventre, comme si le simple fait que je puisse m'intéresser à quelqu'un soit hilarant.
   Je fronce des sourcils.

   « Pourquoi elle rit? » demandai-je et Min hausse les épaules. Cho finit par arrêter de rire et me lança alors un regard franc qui me fait reculer d'un pas. Elle croise ses mains sur sa poitrine.

     « Hana? » Je relève la tête. « T'as déjà fait quelque chose d'illégal? » La vraie réponse était oui, mais je leur dis que non.
   Elles s'esclaffèrent.
   Chaeyoung sortit une cigarette de sa poche et l'alluma.

   Je réalise à cet instant que j'avais attiré le même genre de femme qu'était ma mère, sauf que ces femmes-là avaient réussi d'une quelconque manière à entrer à l'université. Chaeyoung et Eunbi avaient un an de plus que moi. Elles se moquaient ouvertement de l'intérêt que je portais envers Sangwoo. C'était juste quelque chose d'autre à moquer et à critiquer pour elles.

   « T'es jamais entrée dans une maison par effraction? » me demande Eunbi et je finis par me demander si elles se connaissaient avant qu'elles n'entrent à l'université. Elles avaient un caractère identique et une complicité impénétrable.
   D'un mouvement du menton, Eunbi montre la maison. Elle me demandait de monter par dessus cette clôture, elle me demandait de faire quelque chose d'illégale. Je me retourne vers la clôture rouge.

   Si j'avais eu l'esprit enclin au stoïcisme, peut-être aurais-je refusé de faire une telle chose. Malheureusement, je n'appréciais point cette branche de la philosophie.

  J'enjambe la barrière rouge.
Je retombe sur mes pieds de l'autre côté de la maison. Je me poste devant la porte. Elle demandait un code à 4 chiffres? Je savais que je n'avais aucune chance de savoir quel sorte de code Sangwoo utiliserait.
   Tournant la tête, je sus par le bruit sonore de leurs rires lointains que Chaeyoung et Eunbi  étaient déjà parties. Aucune amitié ne nous liait, je l'avais bien dit.

   Je me précipite vers la fenêtre la plus proche et d'un coup de poing, je la brise. La douleur se propage rapidement dans mon bras, le sang coulant à flot. Je secoue ma main, pétrifiée par la douleur.

   Malgré ma main tremblante, je réussis tant bien que mal à me faufiler à l'intérieur de sa maison. Je regarde d'en haut en bas, notant tous les détails de sa maison.

   Je grimace sous l'effet de la douleur qui lançait ma main gauche.
   Je m'attarde dans la cuisine, étant quelque peu gênée de toucher à ce qui ne m'appartenait pas. Je monte timidement à l'étage.
   Lorsque j'entre dans une chambre, je finis par me relâcher et m'étendre entièrement sur son lit, ne cessant de répéter que Sangwoo avait touché lui aussi ses objets.

   Sous le confort de son lit, je m'assoupis un peu, avant de me rappeler que j'étais entrée à l'intérieur par effraction et non par une gentille visite de bienvenue.
 
   Je renifle pleinement et sans scrupules ses vêtements dans le placard et je me réjouis de cette odeur qui envahissait ses habits.
   Je remarque une plaque sur le sol.

   Sangwoo ne devait pas venir avant longtemps. J'hésite un peu, avant d'abattre ma main sur la poignée, enlevant le cadenas qui le protégeait. Je me demande vaguement pourquoi un cadenas était nécessaire, mais je ne me pose pas trop de questions, les jugeant toutes inutiles. J'ouvre la porte et un escalier reliant jusqu'à une cave s'ouvre à moi.

   Je sourcille. Une cave?

   Ça m'intriguait. Quel genre d'objet Sangwoo pourrait entreposer dans sa cave?
   M'assurant de ne pas tomber, je descends le long de l'escalier, me tenant fermement contre la rampe. J'ouvre la lumière et je plisse les yeux lorsque je vois au fond de la pièce une silhouette.

   Je me demande avec peur si ce serait un animal, mais le temps que mes yeux s'habituent à l'obscurité, je sus que ce n'était pas un animal.
Tout simplement parce que cette caricature était celle d'un être humain.

   Une être humain enchaînée, nue, qui semblait me supplier de la sauver, les larmes sortant de ses yeux. Ces derniers étaient écarquillés et empreints d'une peur qui m'atteint.

   Je reste pendant de longues secondes sur place, figée devant ce spectacle.
   C'était quoi cette merde?

   La victime, une femme aux cheveux blonds, continue de gémir, sa voix coupée par le morceau noir de ruban adhésif qui entourait sa bouche.
   Je sens un éclair me parcourir.
   J'oublie en un instant que je me trouvais chez Sangwoo et que la situation était extrêmement déroutante.

   Je m'approche d'un pas nerveux vers la femme, ses cheveux blonds étalés sur le sol froid.

Je ne cesse de murmurer des « Tout va bien », mais cela ne semble point la rassurer, car elle gémit de plus en plus fort. Je me retrouve rapidement impuissante.

   Agenouillée sur le sol froid de cette cave, je commence à détacher les liens qui la retenaient otage, mais je sus que j'avais besoin d'un objet coupant.
   Je lance un regard nerveux autour de moi mais mon attention se recentre sur la femme, qui essayait désespérément d'attirer mon attention sur elle.

   « J'essaye de te sauver! » hurlais-je, mais elle regarda quelque chose en arrière de moi, une expression de peur la prenant de court. Je tente de comprendre. Qu'est-ce qu'elle voulait donc me dire?

   Je n'ai pas le temps d'y penser proprement, car je reçois un violent coup de batte sur l'épaule, me la disloquant immédiatement. Je crie.
   Mais que se passait-il ici?

𝐊𝐒 | sangwoo ohOù les histoires vivent. Découvrez maintenant