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Je me roule sur le sol, criant de douleur, tenant mon épaule. Je suis certaine que jamais je n'avais eu aussi mal.
J'arrive pourtant à penser à la situation, alors que je suis étalée sur le sol, sans souffle. De la cave, il y avait peu de chances que Min et Cho puisse entendre mes hurlements. Je ne pouvais m'enfuir, étant contre quelqu'un comme Sangwoo. J'étais tout simplement coincée.
Je finis par comprendre que c'était impossible qu'on vienne me sauver. J'ouvre mes yeux et croise le regard de Sangwoo. Il tenait dans ces mains une batte de baseball, la même qui devait m'avoir donné un coup sur l'épaule. Il arborait une veste à capuche grise.
   Son visage était sans expression et beaucoup moins énergétique que celui du garçon qui était toujours entouré de ces amis. Je tourne lentement ma tête vers la femme, qui me lançait un regard de pitié. Je remet mon regard vers Sangwoo. Qu'est-ce que ça voulait dire?
Je reste pendant un moment hypnotisée par ces prunelles mais je finis par me rappeler qu'il était l'ennemi.
- Qui es-tu, toi, dit Sangwoo se rapprochant de moi. Par réflexe, je hurle, reculant de quelques pas mais je m'arrête, mon épaule me faisant mal. Il sourit. Malgré la situation, je ne peux m'empêcher de penser au fait qu'il ne reconnaît même pas mon visage. J'avais beau ne pas lui parler, nous étions dans la même classe, je ne cessais de l'épier.
Mon dos heurte le corps de l'autre femme, qui semble, elle, tout aussi apeurée que je ne le suis maintenant.
Sangwoo s'agenouille sur moi, ses jambes passant des deux côtés de mon corps et en me tenant par mon col, il m'oblige à le regarder dans les yeux. Il est si proche de moi que je n'ose pas dire un mot, ouvrant ma bouche avant de la refermer.
Dans quelle merde je m'étais mise?
- Je vois, donc tu ne veux pas parler, c'est ça, me dit-il et je sens des frissons monter le long de ma colonne vertébrale. Et merde!
« Il va me tuer » ne cessais-je de me répéter, comblée par la peur de cette idée.
- Ce-ce n'est pas ça, bégayais-je et je vois un petit sourire se former sur ses lèvres.
Il porte sa main à ma joue et me regarde de haut en comble comme s'il vérifiait quelque chose. Je n'arrive même pas à réagir.
Dire que j'étais dans le monde extérieur il y a peu, me voilà emprisonné dans la maison d'un psychopathe... Psychopathe que j'ai aimé...
Je me calme un peu face à cette pensée.
Je le regarde dans les yeux et ces yeux tournent à la démence, comme s'il aimait mon regard.
Il s'approche un peu de moi, jusqu'à ce que nos lèvres soient à une distance de quelques centimètres.
- Je t'aime bien, toi, me dit-il et je reste stupéfaite. Je n'arrive pas à dire un mot.
Je rougis et il rit. Je détourne le regard.
Il m'aimait bien? Peut importe combien il pouvait être dérangé, ces mots me faisaient de l'effet. Son regard retourne à son état sérieux.
Dans un geste violent qui m'apporte un cri, il me prend brutalement par la main, m'obligeant à me mettre sur mes pieds et à avancer vers les escaliers. J'essaye de le repousser mais sa poigne se referme un peu plus, me laissant pantoise et faible face à lui.
Il sort un petit « Tch! », comme pour que je témoigne de ma lâcheté. Des personnes comme lui devaient détester les faibles comme moi.
La loi du plus fort est toujours celle qui gagne.
Sangwoo s'arrête sur la marche la plus haute.
Je lève la tête vers lui.
Pourquoi s'était-il arrêté?
Il ouvre la porte de la cave et j'ouvre grand les yeux au moment où mes yeux croisent la lumière du Soleil que j'aime tant.
- Tu vas me libérer, murmurai-je pleine d'espoir mais je sus au fond de moi que rien de cela n'allait arriver.
Sangwoo esquisse un petit sourire.
Je reconnais en ce sourire celui que j'aimais autrefois et ce détail m'apporte du confort et un peu de chaleur en moi.
- Non, on va faire quelque chose d'un peu plus différent que ça, me dit-il avant de reprendre le rictus que me faisait tant peur.
Les questions se bousculent dans ma tête alors qu'il s'avance vers moi. Je réalise ce qu'il avait l'intention de me faire une seconde trop tard.
Seconde que Sangwoo profite pour me pousser du haut de l'escalier de cette cave.
Je pousse un hurlement déchirant.
Ma tête ne cesse de heurter les marches, malgré mes mains qui l'entourait, essayant tant bien que mal à la protéger. Je ressens une vive douleur aux jambes et je réalise qu'il les a brisé, choisissant la parfaite trajectoire pour faire le maximum de dégâts.
Je grimace de douleur.
Je tombe à la fin de l'escalier, ma tête touche lourdement le marbre froid de la cave.
Je sens mes paupières se fermer peu à peu, cédant à la douleur.
Si seulement je n'étais pas entrée dans cette maison. Pourquoi avais-je choisi d'y entrer?
« C'est vraiment ironique » me dis-je en esquissant un petit sourire, qui s'évanouit, tout autant que moi.
Lorsque je me réveille, je ne sais pas pendant combien de temps je suis restée dans les vapes.

• • •
PVD Sangwoo

Du haut des escaliers, la batte encore à la main, je soupire. Non seulement il y avait un corps à terre mais maintenant, ça fait deux.
Une sale pute qui a essayé de m'aborder et une idiote. Je crois qu'elle appartient à la même classe que moi. Je ne sais pas comment cette fille s'est retrouvée ici mais je n'y peux rien si elle a vu ce qu'elle a vu. La maison est silencieuse, comme d'habitude.
Un silence parfois rompu par mon otage, qui gémit, des gémissements assez agaçants si vous voulez mon avis. Je me retourne vers ma nouvelle victime. Je pourrais peut-être m'amuser un petit peu avec elle.
Tandis que l'autre, je vais m'en débarrasser, elle commence à m'énerver.
Jouant avec ma batte, je repense à la chanson que j'écoute si souvent.
C'est quelque chose que je fais toujours, avant de commettre un meurtre. Je m'étire la nuque.

Strumming my pain with his fingers
Singing my life with his words
Killing me softly with his song
Telling my whole life with his words
Killing me softly with his song

Ma victime sent que quelque chose va se passer, car elle commence a s'agiter.
Essai plutôt futile.
Je m'agenouille à côté d'elle.
Ma main s'approche de son visage et elle ferme les yeux, la peur se lisant sur ses yeux.
D'un coup sec, je lui arrive le scotch, qui l'empêchait de communiquer.
Elle semble un peu surprise mais peu à peu, elle commence à pleurer, de plus en plus fort.
- Je t'en supplie, laisse moi vivre, je ne dirais rien si tu me laisses m'en aller, me dit-elle les larmes se chevauchant, l'une après l'autre.
Je pose ma paume sur ma joue.
C'est les mêmes mots que j'entends toujours, les dernières paroles des personnes.
On se ment toutes à soi-même.
Tout le monde a peur de mourir et ferait tout pour échapper à la mort.
C'est un fait irrévocable et cette femme ne fait que me confirmer ça. Je soupire.
- Dis, as-tu une mère, lui demandai-je et je vis dans son regard combien elle trouvait la question mal placé par rapport à la situation.
Elle ravale pourtant ses émotions.
- Elle est morte à ma naissance, me dit-elle avec des trémolos dans sa voix.
J'hausse les sourcils, me demandant vaguement si c'était un mensonge.
- Ohh! La mienne a essayé de me tuer, dis-je et je vois qu'elle ne s'y attendait pas du tout, elle me sortait toujours la même excuse. La tuer n'était pas facile.
Elle pousse un cri avant de relever la tête et sortir le contenue de son ventre sur le sol froid de la cave. Je soupire.
- Au moins, l'odeur va camoufler celle de ton sang, chuchotai-je pour moi.
Déchaînée, elle commence à hurler.
Lui dire qu'elle allait mourir a sûrement du lui faire réaliser qu'elle n'avait plus rien à perdre.
- Tu vas mourir! D'une mort horrible, hurla-t-elle se rebellant contre les chaînes qui la maintenaient au poteau.
Je reste surpris.
Ma mère m'avait dit les mêmes mots avant de mourir. Quelle ironie.
- Tu n'es pas la première à me le dire...

𝐊𝐒 | sangwoo ohOù les histoires vivent. Découvrez maintenant