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Je me réveille sous la lumière du Soleil, qui me brûlait la rétine. Je n'arrive pas à bouger mes jambes et même si la douleur que j'éprouvais auparavant s'était un peu enlevée, elle restait présente. J'ouvre mes yeux.
Selon le plafond que je pouvais voir, je pouvais en dire que j'avais quitté la cave. Je voyais en ce moment un plafond jaune, accueillant, ce qui me poussait à croire que j'étais dans une chambre. Oui, j'ai sans doute raison.
J'étais maintenant dans une chambre.
Mon ventre était couvert par une couverture et je demeura sur un petit lit.
Je me réveille en sursaut, j'essaye stupidement de me mettre sur mes pieds. Ce geste était si naturel pour moi que je ne comprends pas pourquoi je n'y arrive pas.
Une douleur se propage rapidement, m'obligeant à m'asseoir. Les événements précédents me reviennent, me provoquant des maux de tête intenses. Je remarque que je suis en culotte, mon pantalon étant enlevé et plié à mes côtés.
Je me cambre en boule, passant mes bras nus autours de mes tibias. Mes yeux s'attardent sur chaque recoin de la pièce, regardant de l'armoire jusqu'à une fenêtre qui couvrait la façade vers l'extérieur.
Une fenêtre? Je me tourne vers la porte.
Je n'entendais pas de bruit dans la maison, je savais pourtant que Sangwoo devait être proche, rôdant dans la maison.
Cette pensée me donne des frissons. Allais-je finir par me faire tuer?
Ironique. C'était le seul mot qui me venait à l'esprit.
Tellement ironique que je pourrais en rire.
J'ai l'impression que quelqu'un me tord le ventre alors que les nausées me montent à la tête. J'agrippe ma tête à deux mains et je pousse un petit gémissement.
En attendant que mon mal de ventre s'éclipse, je pense à mes options. Je pouvais casser la fenêtre mais la suite me laissait perplexe.
Mes aptitudes à courir étaient déjà mauvaises, avec ses jambes cassées, elles devaient être pires. Je soupire. Non, la fenêtre n'est pas la solution. S'il y en a une, évidemment.
Mon regard s'échappe vers le placard.
Peut-être que je pourrais m'y cacher.
Je fronce les sourcils.
Si Sangwoo me trouve, je suis sure de finir morte. Je grince des dents.
Mes pensées s'orientent pendant quelques secondes vers Min et Cho.
Keuf! Les connaissant, elles ont du partir juste après que je sois entrée.
Mon regard tombe sur la porte.
Si je m'enfuis par la porte, est-ce que j'arriverais dehors sans problème.
Sangwoo ne semble pas être à la maison.
Maintenant est ma chance.
« Qui sais quand ce malade mental va revenir » me dis-je en hésitant sur insulter sur Sangwoo.
Je prend une grande inspiration.
Je n'avais rien à perdre, j'allais finir par mourir si je restais ici, dans cette maison.
Je déglutis face à cette pensée.
Si je meurs dans les semaines qui viennent, je serais morte sans avoir tenté quelque chose.
Sans même avoir défié mes limites.
J'aurais été un petit chien savant toute ma vie.
Sans même que je perde ma virginité.
Je regarde le sol face à cette pensée, honteuse qu'elle m'ait traversé l'esprit.
Je me mets sur à quatre pattes et commence à ramper. Lentement, car la friction de mes jambes sur le sol me faisait mal. Je me trémousse sur le sol, m'accrochant fortement à la moquette, que j'utilisais pour me pousser un peu plus loin. Je dévisse ma tête pour pouvoir avoir un petit aperçu de la porte.
Elle était en bois.
C'était une porte coulissante.
J'étends mon bras et tente de l'ouvrir.
Elle cède à mes efforts, s'ouvrant brusquement, n'arrachant un petit cri d'effroi. Je soupire.
D'où j'étais, j'avais un petit aperçu des escaliers, m'indiquant que la sortie ne devrait plus être loin. Je pense pendant quelques secondes à ce que je ferrais lorsque je serais hors de cet enfer. Cette pensée m'apporte des frissons donc je repousse ces arrières-pensées.
Mieux vaut y mettre une vraie opinion plus tard. Ce serait mieux.
Atteinte d'un nouvel espoir, je rampe rapidement vers les escaliers, mes dents grinçant à chaque effort.
Mon corps n'était point athlétique et l'absence de coopération de la part de mes jambes rendaient la tâche encore plus dure qu'elle ne l'est déjà. J'arrive au sommet de l'escalier et je pousse un grand soupir.
Moi qui restais toujours en arrière lors des cours de gym, me voilà en train de faire du sport. Faire de l'effort physique n'était pas quelque chose auquel j'étais douée.
Suffisait de voir mes prestations en éducation physique. Je commence à glisser dans l'escalier, mon corps ondulant sous les marches qui débouchait vers ma liberté.
Malgré une légère gêne aux jambes, je me sentais beaucoup mieux, mais je savais que rien ne serait meilleur que de voir l'extérieur. J'atteins en quelques minutes le bas de l'escalier et je m'autorise un sourire.
La porte qui reliait à la sortie de cette maison se tenait devant moi, si bien que je dus me dévisser le cou afin de la contempler au complet. Je me met dans une genre de position de yoga, qui, à mon souvenir, s'appelait le chat.
J'étire ma main vers la poignée de la porte et en poussant un petit gémissement, j'arrive à la tenir dans mes mains.
Avec précaution, je tourne légèrement la poignée vers la gauche, afin d'ouvrir la porte.
Heureusement, elle collabore facilement.
L'ouverture de la porte me montre de nouveau le Soleil, comme il était avant que je n'entre dans la maison, il semblait d'ailleurs être à son zénith mais la pluie semble s'être arrêtée et une odeur agréable de fraîcheur flottait dans les airs. Attirée par l'odeur, je la hume délicatement. Le ciel est affublé d'une couleur orange virant au jaune.
Le seul détail qui me fit virer à l'effroi était la présence d'un homme, assis sur les marches du parquet de la maison. Une partie de l'arrière de sa tête était brune, le haut étant teintée d'un jaune adorable. Ses deux avants-bras résidaient sur ses cuisses. Des écouteurs enfoncés dans ses oreilles, les paroles de sa musique me venaient jusqu'à moi. Je reconnus tout de suite la chanson. Du moins, les paroles.
Strumming my pain with his fingers
Singing my life with his words
Killing me softly with his song
Killing me softly... with his song
Je recule de quelques pas, tous mes membres tremblants sous mes habits.
C'était lui. Sangwoo.
Ma bouche se contracte, pour empêcher le moindre son de partir de ma bouche.
Cette prévention est bien entendue inutile, car l'intéressé se retourne vers moi et me jauge du regard avant d'esquisser un sourire plein de malice. On aurait dit un sourire de retrouvaille entre amis qui partageaient une belle complicité et non les retrouvailles entre de simple camarade de classe, l'un ayant brisé les jambes de l'autre.
- Tu t'es enfin réveillé, me dit-il avec une nonchalance qui me pétrifie sur place.
En soupirant, il retire un de ses écouteurs.
Je recule d'un autre pas et je réalise que la moitié de mon corps était à l'intérieur de cette maison. En quoi retourner dans cette maison m'aiderait à m'enfuir? Ma vie est là-bas, de l'autre côté de cette barrière en métal rouge.
Pourtant, même si je leur incitais de bouger, mes muscles ne voulaient point.
J'étais plus que terrorisée.
Sangwoo se retourne un peu plus vers moi et en reculant encore plus, je pousse un petit cri aigu, qui le fait sourciller.
D'un geste las, il tapote une marche à ses côtés.
- Viens t'asseoir à côté de moi, me demande-t-il en voyant que je ne comprenais pas.
Le ton de sa voix laissait paraître son agacement évident et c'est en évitant de croiser son regard que je me dirige vers lui, avant de m'établir sur la même marche que lui.
Je prends un certain temps à tenter de trouver la position parfaite pour m'assurer que la douleur dans mes jambes ne revient pas.
Malgré tout, mes jambes continuent de me lancer à chaque fois qu'elles sont en contact avec une surface dure, comme le béton.
Sous le regard moqueur de Sangwoo, je décide de les laisser en pente vers le bas, de sorte que le contact soit minime.
Je toise Sangwoo et je tente de ne pas lui cracher à la figure que tout ça est de sa faute, qu'à cette heure-ci, je serais quelque part d'autre qu'ici, les jambes en état encore sain.
Sangwoo semble le remarquer car son sourire semble s'agrandir encore plus. Je baisse les yeux et pense nerveusement à combien de mois ces jambes vont prendre pour se guérir si je suis encore vivante d'ici là.
4 mois? Non, plus. Je n'avais aucune expérience en médecine mais 8 mois semble être le strict minimum.
8 mois... Me reste-t-il même 8 mois à vivre.
- Oy, me donne pas cette attitude, c'est bien toi qui est entrée par infraction par ma fenêtre, non, me demande Sangwoo et je garde résolument la tête orientée vers le sol, n'ayant pas envie d'admettre qu'il avait raison.
Bizarrement, je me sentais étonnamment à l'aise, entourée d'une compagnie pareille.
- Regarde-moi, m'ordonne Sangwoo
Je redresse la tête et la noirceur de ses prunelles me figent sur place et je ressens de nouveau cette peur de mourir, ce goût de sang dans la bouche. Cette sensation est plutôt fréquente ses dernières heures mais je sais que jamais je ne m'y ferais.
- Que vas-tu faire de moi?
Ses mots sortirent de ma bouche sans que je m'en donne l'autorisation. Devant ses paroles, Sangwoo arbore un visage quelque peu amusé.
Je regrette immédiatement ma spontanéité.
Sangwoo se contente de sourire, n'intriguant encore plus avant de murmurer un petit:
« Rentrons à l'intérieur »
Sans attendre la moindre réaction de ma part, il se lève et marche vers le cadre de la porte, où il s'arrête, me regardant.
Je lance un dernier regard vers le Soleil orange en soupirant et je me retourne à mon tour, rampant pour atteindre l'intérieur de la maison.

𝐊𝐒 | sangwoo ohOù les histoires vivent. Découvrez maintenant