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    Il y avait du sang dans mes mains.

Beaucoup. Plus que je n'en ai jamais vu de toute ma vie. Et tout ce sang s'était amassé sur mes mains.

La lame argentée brillait d'une lueur rougeâtre. Elle arrivait à éparpiller sa lumière dans cet endroit si sombre.

Je recule de deux pas.

Mes mains tremblent. Le couteau s'échappe de mes mains et tombe au sol.

Mon dos heurte une surface chaude et dure. Je me retourne.

Sangwoo.

Il souriait de façon chaleureuse, remarquant mes mains ensanglantées avec une joie non dissimulée.

Je recule de nouveau.

Je devais mettre le plus de distance possible entre lui et moi.

Cette voix désagréable dans ma tête ne cessait de me rappeler de ce que je venais de faire.

J'avais tué quelqu'un










































   Trois ans avant d'aboutir ici, le jour de mon entrée à l'université, j'étudiais la psychologie.

   J'étais une bonne étudiante. Curieuse, concentrée, ouverte d'esprit, plus persévérante et intelligente que n'importe qui ayant un jour décidé de faire de ma personne un sujet de compétition. Je gagnais.
   J'étais première sans nécessairement avoir comme intention de battre quiconque. Je les battais par la notion du travail, une notion qu'ils ignoraient tous. Sur le plan social, le plan économique ou amoureux, j'étais lamentable pourtant.
   Je perdais toujours sur ces sujets.

   Au lycée, confrontée à un choix de carrière, j'avais pris la psychologie. J'avais cru qu'autant misérables qu'ils étaient, apprendre sur les êtres humains m'aiderait à repousser et à comprendre une peur sociale qui m'assaillait de tous côtés depuis ma jeunesse. Peut-être pourrais-je ensuite me trouver quelqu'un, me marier, avoir un enfant ou deux et terminer mes années d'adulte en tant que quelqu'un de normal qui aurait obtenu le titre de personne basique aux yeux de la société. Je croyais de façon fragile à cette possibilité mais j'avais décidé d'au moins essayer.

   Je rejetais les problèmes et les conséquences de mes choix à plus tard. Quand ce fameux "plus tard" arrivait, que faisais-je? Je me débrouillais.

   Deux mois après le début de ma première année, je rencontra Sangwoo. Pas officiellement. De loin seulement. Je ne fus guère intéressée. Des gens comme lui étaient fréquents. Ou rares, je ne pouvais plus savoir. Je croyais qu'il n'était qu'un simple magnétisme humain attirant femelle ou mâle grâce à une aura chaleureuse. La bibliothèque était un de nos espaces communs. On l'utilisait souvent pour étudier. Je finis par commencer à le regarder au bout de quelques semaines, malgré mon dédain des gens et de la vie en général. Son aura était douce.

Mais cette aura m'effrayait autant qu'elle m'intriguait. Lorsque personne ne regardait, lorsque tout le monde était distrait par l'harmonie de la bibliothèque, qu'il visitait si souvent avec ses amis, je pouvais voir dans ses yeux une certaine cruauté, une haine, une nonchalance, un détachement et un désintérêt énormes envers son entourage. Comment quelqu'un pouvait être si gentil en possédant des yeux aussi froids? Il avait constamment l'air de s'ennuyer. Il semblait abhorrer sa situation et je commença à me demander s'il n'était pas un menteur, un simulateur qui charmait et qui manipulait pour son bien-être égoïste provenant d'un instinct animal et humain qu'il n'avait jamais annihilé lors de son enfance ou de son adolescence.

𝐊𝐒 | sangwoo ohOù les histoires vivent. Découvrez maintenant