The Rain

5.

Il s'était remis à pleuvoir. « Juste une petite douche. »
C'est le genre d'expression que ma mère utilisait souvent, car les averses sont fréquentes là où j'habite.
À Londres, la où j'habitais avant et où mon père vit encore, on dirait il ne pleut jamais. Quand je refusais d'aller quelque part ou si je demandais qu'on m'y conduise ne voiture au prétexte qu'il pleuvait, maman me répondait tout le temps : « Ce n'est rien, c'est juste une petite douche ! » En gros ça voulait dire « Débrouille toi ! »
Amir, bien sûr, se sentait obligé de mettre son grain de sel :

Exemple numéro 1 :
Amir : Si c'était pour aller à un festival, je ne crois pas que la pluie te dérangerait.
Moi : Comment veux-tu que je le sache ? Je n'ai pas le droit d'aller a des festivals !

Exemple numéro 2 :
Amir : C'est bizarre, Anna : ça ne te gêne pas de passer des heures sous la douche, mais tu es incommodée pour trois gouttes d'eau.
Moi : Ne suis obligée de passer des heures sous la douche parce qu'elle est fichue ! (Amir refuse de la faire réparer.)

Exemple numéro 3 :
Amir : Imagine que sir Edmund Hillary ait sorti la tête de sa tente et soupiré : « Oh zut ! Il pleut. Je ne vais pas conquérir l'Everest, tout compte fait. »
Moi : Il ne pleut jamais sur l'Everest. Et de toute manière, Tenzing Norway est arrive là-haut en premier.

Pour la pluie, c'était une simple supposition. Quant à l'histoire du sherpa Tenzing Norgay, je la tenais de Ron, qui disait parfois des trucs vraemis.

Exemple numéro 4 :
Amir : Imagine que Winston Churchill ai dit : " Vous savez quoi ? Il pleut sur l'Europe, laissons Hitler faire ce qu'il lui chante. »
Moi : La Grande-Bretagne fait partie de l'Europe, je te signale. Et en plus, je ne vais pas à la guerre. C'est juste un cours de guitare à la noix.
Amir : Un cours de guitare où tu as voulu aller, et qui nous coûte de l'argent...

Suite à cette discussion, j'avais été privée de sortie pendant 1 semaine. Après avoir dû aller à mon cours de guitare à pied, sous la pluie.
Allez, une dernière pour la route :

Exemple numéro 5 :
Amir : Imagine que les Américains, les Chinois et les Russes aient dit : « Oh non, il pleut ! Attendons que le soleil revienne pour lancer la fusée qui va pulvériser l'astéroïde et sauver la planète. »
Moi : Génial ! Comme ça on sera tous morts et je ne serais pas obligée de vivre avec toi !

J'avais vraiment dit ça. Ma mère m'a entendue et ça la contrariée. « Amir a des sentiments. » ma t'elle répété pour la énième fois. J'ai haussé les épaules. Je le haïssais.
Sur le moment, j'étais convaincue d'être sincère. Mais en fait, j'avais parlé sous le coup de la colère. Je m'en rend compte, maintenant.
Cette nuit là, enfermée à clé dans le petit bureau, j'ai cru devenir dingue. Au point d'en oublier la « règle de Louis »
Bon, ça va être douloureux mais il faut que je vous dises qui est Louis. Mon adorable petit frère. Un an à peine...
Quand maman m'a confié qu'elle allait avoir un bébé à un moment où on étais dans la cuisine. J'ai d'abord cru qu'elle était enceinte de mon père. Mes parents avaient divorcé depuis des siècles. Entre temps, papa avait eu Sacha avec Diane, et ils s'étaient séparés aussi. Pourtant, j'ai eu un espoir que mes parents puissent se remettre ensemble.
Quand j'ai compris que maman était enceinte de Amir, j'ai foncé dans ma chambre et j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps.
Si j'avais su, à ce moment là, quels changements extraordinaires ce bébé allait apporter dans ma vie, j'aurais sauté de joie, au contraire. Même avant sa naissance, Amir et ma mère étaient tellement obsédés par sa venue qu'ils m'ont laissé une liberté incroyable. Ils m'ont confié un trousseau de clés de la maison et mieux encore : j'ai eu mon propre téléphone portable !

Quant à la fameuse « règle de Louis », c'était l'interdiction absolue de faire le moindre bruit susceptible de le réveiller. C'est la règle et franchement, jusqu'à ce fameux soir, il ne me serait venu à l'idée d'y déroger. Mon petit frère adoré était un monstre hurlant. Une fois qu'il était lancé, il était capable de brailler à nous rendre fous !