Intuitive

Chapitre 64

- Oh mon dieu ! Oh mon dieu ! Oh mon dieu ! Oh mon dieu... Judiiii !! Me mis-je à hurler.

Je cours droit devant moi en tentant d'effacer les torrents de larmes qui s'échappent de mes yeux.

- Irina !! Me crie Liam, qui s'est mis à courir après moi.

- Irina qu'est-ce ce qui se passe putain ?! Dis-nous !! S'époumone Matt, également à mes trousses.

Mais je ne leur réponds pas. Je continue tout simplement à courir. Il ne me reste plus qu'une centaine de mètres avant d'atteindre ma maison.

Et si Judi était... mon dieu non je ne veux même pas y penser.

Mais j'y pense quand même. Je ne peux m'en empêcher.

Tout ça est de ma faute.

Lorsque j'arrive enfin sur le palier, je tourne vigoureusement la poignée de la porte en espérant qu'elle soit ouverte, et heureusement, elle l'est. Je me précipite à l'intérieur en essayant d'y voir net du mieux que je peux.

Non...

- Nooon ! Non, non, non, non !

Judi est là, allongée par terre, sans bouger.

Je me rue vers elle et m'agenouille à ses côtés.

- Irina putain mais qu'est-ce qu'il t'arr...

Mais Matt s'arrête net dans sa phrase en me voyant... en nous voyant.

- Allez Jud' ! Je t'en prie réveille toi !

Je la secoue et lui crie tout ce qui me passe par la tête, sans succès.

Un cri de désespoir s'échappe de ma gorge tandis que je serre sa tête contre ma poitrine en me balançant d'avant en arrière.

- C'est de... de ma faute... C'est... C'est entièrement de ma... ma faute. Me lamentai-je en enfouissant ma tête dans ses cheveux.

Liam se rapproche de moi lentement.

- Irina...

Il me serre l'épaule et essaie de me dégager.

- Laisse moi ! C'est de ma faute tout ça tu comprends pas ?! C'est moi qui lui ai demandé de venir à la maison, c'est moi qui suis responsable de... de ça... Hurlai-je.

J'enlève une mèche de devant son visage, ses yeux sont fermés, son visage est détendu. Elle a presque l'air heureuse.

Je l'ai perdue... J'ai perdu une des personnes qui comptait le plus pour moi.

Judi était comme une sœur, elle était mon rayon de soleil, celui qui rayonne même quand tout va mal. Le rayon de soleil capable de s'immiscer dans un vaste et sombre ciel d'hiver, aussi infime soit-il. Je l'aime, je l'aimais.

Mais j'ai toujours été égoïste avec elle. Comme je suis égoïste avec tout le monde. J'ai toujours fait passer mes intérêts avant les siens, ne lui accordant pas l'immense attention qu'elle aurait dû avoir, qu'elle méritait.

Elle m'a toujours écoutée parler de tous mes problèmes, mes cauchemars, mes histoires à dormir debout, mes querelles de famille, mes disputes avec Liam, avec Matt, avec tout le monde... Elle m'a toujours épaulée et soutenue dans les moments difficiles, sans jamais se plaindre ni juger ce que je faisais, ce que j'étais, ce que je suis.

Je n'ai jamais eu l'occasion de lui montrer à quel point cette fille, aussi folle dingue qu'elle soit, était une perle, une perle rare. Je ne lui ai jamais vraiment prouvé à quel point j'avais de la chance de l'avoir à mes côtés, ce diamant brut si scintillant...