Chapitre 8

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Maman nous cuisine du risotto ce soir ! Mon plat préféré ! J'en bave déjà !
Étrange d'ailleurs... surtout qu'on s'est pris la tête il y a à peine dix minutes.

Mais bon, moi ça me va !
Le seul problème, c'est que j'ai encore mes devoirs à terminer et qu'il faut que je lave la grosse tignasse qui me sert de cheveux... pas la joie quoi !

Nila et Ayna doivent aller aider maman.
- Les filles !! Allez aider maman à faire le dîner et mettre la table !

- Pourquoi ? Demande Ayna.

- Parce que je te l'ai demandé ! Je m'écrie.

- T'as qu'à aller le faire toi même Irina ! Me répond Nila.

- J'ai encore un milliard de choses à faire et toi tu es allongée sur ton lit ! Alors lève tes fesses et fais le !

- Gnagnagna... lève tes fesses et fais le ! Se moque-t-elle.

Heureusement, elle sort de sa chambre pour aller le faire. J'ai pas le temps de m'énerver là.

Une fois le bon dîner terminé et savouré, je débarrasse, fais la vaisselle et descends dans ma chambre. Je prépare toutes mes affaires pour le lendemain et vais dans mon lit. Je suis exténuée. Je lis un peu, histoire de me fatiguer les yeux, et ne tarde à sombrer dans le sommeil.

•••

Je suis seule.

La lune, pleine, scintille dans le ciel noir.
La nuit est froide, et je me frictionne les bras pour essayer de me réchauffer un peu.

Je me promène dans un parc, enfin c'est ce qui s'en approche le plus.

D'imposants immeubles abandonnés font face à de petites maisons en brique qui ont l'air tout droit sorties de contes pour enfants.
Une longue allée gravillonnée s'étend devant moi.
Une maison s'y tient tout au bout. Une petite lumière m'attire là-bas, malgré la distance interminable qui semble nous séparer.

Je finis pourtant par y arriver et regarde à l'intérieur.

Personne.

Je fais le tour de la maison.
L'accès est sans issue sur le côté gauche. D'énormes poubelles se dressent contre une haute palissade en bois.
Cependant, le toit est assez bas et si l'on monte sur ces poubelles, on doit sûrement pouvoir y accéder.

Je décide de m'y risquer.
Ça ne sent pas la rose, mais l'idée de prendre de la hauteur me parait une bonne contrepartie.

Une fois sur le toit, je me redresse et regarde les alentours : une masse d'arbres se profile à perte de vue, et leur feuillage est presque aussi sombre que le plumage d'un corbeau.
On n'y aperçoit pas un seul sentier.
Si jamais quelqu'un s'y aventurait, je me demande s'il arriverait à en sortir un jour.

De l'autre côté, un grand huit qui, de loin, semble être de couleur rouge sang, contraste avec la forêt sinueuse à l'opposé.
D'autres attractions plus petites se trouvent à proximité.
Le goudron au sol luit sous la lumière de la lune et lui donne une teinte grise visqueuse, comme si un seul pas nous aurait précipité dans ce marécage synthétique.
Je m'approche du bord du toit et regarde en bas.
Le sol me semble soudainement très éloigné, et pourtant je n'ai pas le vertige.

Cette autre vision effrayante me convainc que j'ai assez passé de temps en altitude.
Après avoir enregistré une dernière fois ce paysage contrasté et plutôt lugubre, je redescends prudemment.

Je commence à m'éloigner de la maison, quand je trébuche sur quelque chose de dur et m'étale de tout mon long par terre.

Heureusement qu'il n'y avait personne pour voir ça !

Je me relève doucement. Mon genou me fait mal. Génial Irina, tu es très douée dis donc !...

Je cherche la cause de ma chute... c'est alors que je ramasse une poupée.
Une poupée ? Sérieux ? C'est une poupée qui m'a fait tomber ?

Je l'examine un peu mieux... et réalise tout à coup qu'elle ressemble étrangement à la poupée préférée que j'avais quand j'étais petite !

Mais qu'est-ce qu'elle fait ici elle ??

Elle est un peu abîmée et toute sale.
Elle a toujours sa robe rose bonbon et la frange moche que je lui avais taillée.
Maman m'avait d'ailleurs grondée quand je lui avais montré mon chef-d'œuvre. Je comprends un peu mieux pourquoi maintenant... à l'époque, je trouvais que ça allait plutôt bien à la poupée, mais maintenant... je constate que c'est en réalité extrêmement moche.
Elle l'avait dit à mon père, qui l'avait jetée à la poubelle.
J'avais beaucoup pleuré ce jour-là.
Mais bon, au moins je n'en veux plus à mes parents de m'avoir grondée et de s'en être débarrassé maintenant !

Je la garde avec moi et reprends ma marche nocturne, quand soudain, un bruit de craquement se fait entendre.

Je me tourne subitement du côté de la forêt.
Un sentiment d'insécurité m'envahit et je serre ma poupée dans mes bras aussi fort que possible, essayant de me rassurer.

J'ai la mauvaise impression d'être observée et cela me terrifie.

Soudain, deux grands yeux jaunes luisants se détachent de l'obscurité.
Une grande gueule s'ouvre lentement, révélant de longues dents pointues.
Une haleine si putride s'en dégage qu'elle me parvient malgré les quelques mètres qui m'en séparent et me retourne l'estomac.
Un épais pelage gris-noir s'avance et j'ai un mouvement de recul, trop brusque pour ma situation.

Cet ensemble est vraiment terrifiant mais un petit quelque chose dans ses yeux me semble si familier pourtant... je ne comprends pas.
De toute façon, je n'en ai pas le temps.

La créature bondit d'un coup sur moi, si rapidement que je n'ai pas le temps de me retirer de sa trajectoire...

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