1 janvier 2019

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chapitre 8

Leigh Smith

Les portes automatiques du commissariat s’ouvrent, la climatisation de l’entrée me souffle dessus comme pour m’accueillir joyeusement. Or, ce lieu n’a rien de chaleureux, au contraire. J’avance lentement vers le comptoir d’accueil, tête baissée pour éviter d’être éblouie par les néons de la pièce trop performants à mon goût mais, avec ma chance habituelle, je manque de bousculer quelqu’un par mégarde.

« Oh, excusez-moi ! » m’empressé-je de dire, désolée.

Le policier me fait un simple signe de la main gauche histoire de me rassurer, la droite tenant une tasse remplie d’un liquide noir fumante. Provoquer une catastrophe au lever d’une nouvelle année, c’est totalement mon genre.

« Bonjour… Dites-moi, on s’est déjà croisés quelque part non ? »

Mes yeux meurtris par la nuit épouvantable que je viens de passer se lèvent un peu plus haut, vers le visage de cette fameuse personne. En effet c’est l’officier Luther, rencontré quelques heures auparavant lors de cette catastrophique soirée.

« Oui, j’étais là lorsque vous êtes venu arrêter quelqu’un hier, peu avant minuit. » expliqué-je pour lui remémorer les faits.

Il hoche la tête, réchauffant ses mains autour de sa tasse. « C’est ça ! Vous êtes la jeune femme qui saignait du nez. J’espère que vous allez mieux. »

J’hausse simplement les épaules. Mon nez est parfaitement rétabli, mais le reste…

« Bon, je pense que vous n’êtes pas ici par hasard… » reprend-il poliment. « Vous avez besoin de renseignement ?
- Justement, j’aimerais en savoir plus sur le cas du jeune homme en question. Cameron Dallas. »

Après m’avoir longuement regardée, sourcils froncés, l’officier me fait signe de le suivre. Nous avançons à travers les locaux du commissariat, slalomant entre les postes de travail ouverts, puis il ouvre la porte d’un bureau et me laisse y pénétrer en première. Je m’assois seulement lorsque l’homme m’y autorise, déposant mes affaires sur la deuxième chaise à côté.

« Vous tombez à pic, j’ai cru avoir entendu par mes collègues que le premier interrogatoire de l’année venait de se terminer. » m’informe-t-il en consultant son ordinateur, amusé.

« Cela veut dire qu’il pourra bientôt sortir ? » demandé-je, concernée.

« C’est ça… » confirme-t-il. « Mais il faudra payer une caution en contrepartie. »

Même si un apport financier est requis, je suis soulagée de le savoir bientôt libre. L’injustice de cette affaire me ronge sérieusement et, sauf si je change encore une fois d’avis entre temps, je ne vais pas laisser le blond s’en tirer aussi facilement. Il n’a pas le droit de remettre la faute sur Cameron qui m’a défendu légitimement. Où serais-je actuellement, sans son aide ?

« Est-ce qu’en tant que témoin de la scène, je peux compléter ce que l’accusé a pu dire durant son témoignage ? »

L’officier quitte son écran des yeux pour me regarder, étonné. « Comment vous savez ce qu’il a dit ?
- Eh bien, je sais pourquoi une plainte a été déposée contre lui, mais il est très probable que cette même personne ait seulement raconté ce qui l’arrange. » expliqué-je posément. « Ma version des faits est plus complète… et permettrait d’établir la vérité. »

À son expression faciale, je comprends vite que je viens de perdre l’officier face à moi avec mes explications tout sauf claires. Normal, lui ne sait pas ce qu’il s’est réellement passé.

lifestyle II | cameron dallasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant