29 avril 2019

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chapitre 9
Leigh Smith

« Non. »

Jack pose ses poings sur sa taille. « Comment ça, non ? Tu peux bien me donner un peu de cannelle... je t'en rachèterai, si tu veux. »

Par précaution, je dépose le couteau me servant à découper les fraises avant de me mettre face à mon meilleur ami, les bras croisés pour me donner un air un peu plus sérieux.

« On a dit qu'on achetait tous nos produits au marché et qu'on ne prenait rien dans mes placards. » lui rappelé-je alors. « Tu as eu l'idée de cette règle toi-même, en plus.
- Donc je dois faire un smoothie pomme-banane-cannelle sans cannelle ? »

Désolée, j'hoche la tête. Le blond se met à fausser des pleurs. Matthew ouvre ses bras en grand pour inviter son ami à venir y trouver du réconfort, proposition qu'il accepte sans hésiter.

« Mon pauvre chouchou... Elle est méchante, hein. » dit Espinosa en l'enlaçant tendrement.

Jack me lance un regard noir et, mitigée entre la pitié et l'envie qu'il arrête de faire sa mine de chien battu, j'ouvre le tiroir où sont rangées mes épices et sors le petit récipient de cannelle moulue. Ses yeux pétillent instantanément, mais il semble réticent lorsque je cède enfin à son caprice et n'attrape pas le pot que je lui tends.

« Je n'ai pas envie que tu te plaignes de concurrence déloyale quand tu perdras, c'est tout. » me justifié-je aussitôt.

Gilinsky, pas très bavard depuis son arrivée, pouffe de rire à l'entente de ma petite pique contre son acolyte. Lui comme moi savons très bien que c'est tout à fait son style, alors vaut mieux prévenir que guérir.

« Quelle mauvaise foi, mademoiselle Smith... » peste mon adversaire. « Vous ne tiendrez plus le même discours lorsque messieurs-dames les jurés voteront tous pour moi.
- Sans vouloir briser tes rêves, Jack, vos abonnés sur Twitter pensent que Leigh fait des meilleurs smoothies que toi. » déclare Albane, le regard rivé sur son écran.

J'aime cette femme. Ses interventions sont la plupart du temps spontanées mais cette fois-ci, son clin d'œil me prouve que tout était calculé. Ravie par ces statistiques, je tape dans la main de ma plus grande supportrice, puis elle me montre son portable où est affiché le Tweet en question.

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« Aïe, coup dur pour la team Johnson. » déclare Matthew en regardant l'écran à son tour.

Le principal concerné lui tape l'épaule. « Ne te laisse pas influencer par un post truqué ! Je savais dès le début qu'on aurait dû régler cette affaire en terrain neutre. On me met des bâtons dans les roues ! »

Un silence poursuit ses dernières plaintes. Nous nous sommes tous les quatre tus pour laisser monsieur faire son grand speech de grande victime. Vu que c'est la troisième fois qu'il s'apitoie ainsi sur son sort en une demi-heure, nous savons désormais comment faire pour le faire taire : lui accorder notre pitié. Albane le regarde d'un air outré, les yeux de Matt sont ronds comme deux soucoupes, Gilinsky a la bouche bée. Il sourit d'un air fier, heureux de récolter de telles réactions.

lifestyle II | cameron dallasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant