La bibliothèque (Drarry)

21:00

Il ne me regarde donc pas. Ce qui est tout à fait normal. Pourquoi est-ce qu'il ferait cela ? Il me déteste. C'est absolument logique et compréhensible et... cette situation m'énerve vraiment. Je m'ennuie. Il est en train de lire. L'atmosphère semble être figée et l'air être composé de purée ou de n'importe quoi qui risquerait de nous étouffer. Pour briser ce silence insoutenable, je finis par lui dire.

-Range ce livre.

Il lève la tête, confus.

-Quoi ?

-C'est ça ton action.

-Il t'a fallu une demi-heure pour trouver cela ? Ouah, quelle intelligence.

-Tais-toi, Potter. Je ne réfléchissais même pas à ça. Je dormais.

-Cette information n'a aucun intérêt pour moi, répond-il en rangeant son livre sur la mauvaise étagère. Du coup, on continue ?

-On continue quoi ?

-Ce action ou vérité.

-Ça dépend.

-Comment ça ?

-Cela dépend de ce que tu vas me demander.

Il fronce les sourcils.

-Tu es en train de me dire que cela ne dépend que de ton avis ? C'est lâche.

-Toi non plus tu n'es pas obligé de répondre aux questions ou de faire les actions que je te demande.

-Si, apparemment.

-Bien sûr que non. Techniquement, personne n'est jamais obligé de rien. A par sous l'effet d'un sort, mais bon... Il y a toujours un moyen d'échapper à ce qui nous déplaît.

-Ce sont bien des paroles de lâche, dit-il d'un ton moqueur.

-Ce sont bien des paroles de crétin, je réponds sur le même ton que lui.

Il lève les yeux au ciel puis demande :

-Tu suis des cours de divination ?

Sa question me perturbe un peu, par sa banalité. Comme si cela pouvait l'intéresser...

-Oui, pourquoi ?

-Rien, rien... Et vous en êtes arrivés où ?

-A la lecture des lignes de la main. Tu as des questions vraiment étranges, Potter...

-Hm... Action ou vérité ?

-Action... ?

Ilse rapproche et me tend sa main, la paume vers moi.

-Lis mon avenir.

Je laisse échapper un ricanement, c'est la situation la plus bizarre que j'ai jamais vécu. Harry Potter me demande de... Bref, je suis peut-être en train de rêver. Vu que rien de ce qui se passe dans cette bibliothèque n'a vraiment de sens, je prends sa main et fait mine de l'observer attentivement.

-Tu mourras jeune, seul, pauvre, et personne ne le saura.

-N'importe quoi...

-« N'importe quoi » ? Est-ce que tu connais une seule personne qui apprenne ses cours de divination à part les filles qui veulent savoir avec qui elles vont se marier ?

-Non, c'est vrai. Et venant de toi, je ne pouvais pas m'attendre à une réponse sérieuse...

-On se déteste mais tu me connais quand même suffisamment pour savoir ça...

Il ne répond rien et regarde sa main, toujours dans la mienne. Il l'éloigne brusquement alors que j'ai également un mouvement de recul. Cette situation devient peut-être un peu trop surréaliste. Nous nous regardons. Un peu gênés. Le silence devient pesant au bout de quelques secondes. Je finis par demander calmement et avec une sorte d'hésitation :

-Action ou vérité ?

-Vérité.

Je ne suis pas sûr de réellement poser la question qui suit tant elle est banale et improbable :

-Est-ce que tu me déteste vraiment ?

Il ouvre de grands yeux. Puis affiche une expression perplexe, puis semble réfléchir. Puis me jette un regard furtif et mal à l'aise. Puis questionne :

-Pourquoi est-ce que tu veux savoir cela ?

-Je n'en sais rien, c'est le premier truc qui m'est venu à l'esprit. Mais répond quand même à ma question.

-Non.

- "Non" ?

- Non, je ne te déteste pas.

-Vraiment ?

Cette fois, c'est moi qui suis déconcerté. Il me déteste. Il me déteste depuis trois ans et demi. Aucun de nous deux n'est dupe alors... pourquoi mentir à une question aussi évidente ?

-Tu es un crétin, explique-t-il alors que je fronce les sourcils. Et tu es insupportable. Et tu es égoïste et lâche mais... pas au point de te détester.

-Même si ce que tu as dit sur moi est totalement faux, cette situation est plutôt improbable qu'énervante. Tu me déteste, non ? C'est une question banale e a réponse est censée être évidente. Pourquoi tu dis que... ?

-Tu m'énerve juste. Je ne te déteste pas.

-Je m'en souviendrai.

Il lève les yeux au ciel. Puis se tourne vers moi pour me demander avec un petit sourire :

-Action ou vérité ?

Je ne réfléchis même pas :

-Vérité.

Puis je réfléchis et, voyant son air satisfait, constate que ce n'était pas une réponse intelligente.

-Alors... Que vais-je te demander ?

Je le fusille du regard. Il se penche un peu et demande avec un air suffisant :

-Est-ce que tu me déteste ?

L'une des pires questions possibles.