La bibliothèque (Drarry)

02:00

Voilà. Je l'ai dit. Je vais le regretter toute ma vie. Potter va se moquer de moi et je n'aurais plus qu'à mourir de honte à chaque fois que je le verrai. Je déteste cette situation. Il me regarde comme si j'avais dit un truc à la fois fascinant et aberrant. Selon moi, c'est plutôt aberrant. Je déteste tellement être enfermé dans cette bibliothèque. Potter a un petit sourire. Oh mon dieu. Mais à quoi pense-t-il ? Et pourquoi suis-je tombé amoureux de lui ? (C'est la question la plus importante.) Il répète avec hésitation :

-Tu... m'aimes ?

Je hoche la tête avant de détourner les yeux. Il s'excuse encore une fois et ça m'embête un peu. Je ne veux qu'il s'excuse pour rien. Il n'a rien fait de mal, pas vraiment... tout cela est de ma faute. Et de la faute de cette maudite porte qui est restée fermée malgré tous nos efforts. Je ne crois pas avoir essayé grand-chose. Je n'avais peut-être pas particulièrement envie de sortir de la bibliothèque à ce moment. Je ne m'en souviens pas bien.

-Je ne sais pas quoi te dire, marmonne Potter.

Je me souviens que je l'ai appelé par son prénom il y a une minute, c'était une erreur. Je ne recommencerai pas. Mieux vaut rester aussi distant qu'avant. Même plus. Je ne réponds pas à Potter, quel intérêt ?

-Dis quelque chose, s'il te plaît... je sais que ça a dû vraiment t'énerver, la façon dont je me comporte depuis qu'on est ici, mais est-ce que tu peux au moins arrêter de m'ignorer ?

Ok. Il faudrait peut-être que je me remette à parler. Rien ne peut être pire que ma dernière phrase. Enfin...

-Tu es un crétin, Potter. Je te déteste.

Il ouvre de grands yeux. C'est vrai que ça peut être perturbant après un baiser absolument merveilleux et la déclaration la plus pourrie qu'on puisse imaginer.

-Tu viens de me sortir que tu m'aimais.

-Non, absolument pas. Tu as rêvé.

Bon. Finalement je suis peut-être capable de dire des trucs encore pires.

-Malfoy... si jamais tu te moques de moi...

-Quoi ? Qu'est-ce que ça peut faire que je me moque de toi ?Ça ne change pas vraiment de mes habitudes...

Il soupire.

-Donc c'était faux ?

-Non.

Ila l'air complètement perdu. Moi aussi. Ce que je dis n'a plus de logique.

-Mais tu viens de me dire que...

-Je suis fatigué. Il ne faut pas chercher à comprendre ce que je dis.

-D'accord. Donc c'était faux.

-Non.

C'est encore pire que tout à l'heure. Il faut que je trouve une excuse pour m'éloigner. Je me lève et marmonne :

-Je vais réessayer d'ouvrir la porte.

Il s'exclame soudainement :

-Non ! Attends, c'est à ton tour, action ou vérité ?

Mon cerveau met quelques secondes à saisir les sens de ses paroles. C'est tout ce qui lui vient à l'esprit après une discussion pareille ? Je suis content de savoir que ma déclaration inattendue ne l'a pas trop perturbé mais quand même... Je décide de faire comme si tout cela était tout à fait normal :

-Vérité... ?

-Expliques-moi qu'est-ce que tu voulais dire par « je t'aime »tout à l'heure.

Non non non non non.

-Je voulais dire ce que j'ai dit, ça me semble logique, il n'y a pas d'autre façon de le comprendre, je crois.

Il est surpris par mon ton sec. Comment pourrais-je parler autrement ?Je suis le plus grand crétin de l'univers. (Enfin, non. Il y a quand même des personnes pires, comme Crabbe et Goyle mais c'est une façon de parler...)

-Je ne sais pas. On peut le comprendre de différentes façon, même si globalement c'est toujours la même chose.

-Et bien, comprends-le comme tu veux, et fiche moi la paix. Potter.

C'est tellement plus normal de lui parler de cette façon. Habituel, normal et... fade. Je crois que j'en ai assez de toujours mentir et faire semblant de le détester. C'est vrai qu'il est agaçant mais ce n'est pas une raison suffisante pour oublier que je ne le déteste pas du tout. Au contraire.

-Je ne sais pas... je préfèrerais savoir exactement ce que tu voulais dire.

Et moi, je préfèrerais que ce maudit sourire arrogant disparaisse de son visage.

-Je voulais dire que je suis amoureux de toi. Mais que ce n'est pas important parce que ça finira par passer, ce n'est qu'une phase étrange, maintenant laisse-moi tranquille.

J'ai encore parlé sèchement. Mais j'ai d'autres préoccupations que la façon dont je parle. Je tourne les talons pour retourner essayer d'ouvrir cette maudite porte. Je ne sais pas si ce sont mes pas ou ceux de Potter que j'entends sur le sol de pierre mais je décide d'ignorer ce bruit. Arrivé devant la porte en bois, j'essaie quelques sorts plus ou moins interdits que j'ai appris pour des raisons qui me semblent désormais floues et stupides. Au bout de quelques essais je finis par donner un coup de pied contre la porte, qui tremble légèrement. Puis je me souviens que Potter a eu exactement la même réaction il y a quelques heures alors je m'éloigne. Et vois qu'il m'a bien suivi. Je ne lui dis rien. Je le fusille du regard. (Il doit se demander si j'ai un quelconque trouble de la personnalité à force de me voir réagir de façon aussi désordonnée et incohérente, mais je suis trop fatigué pour en avoir quelque chose à faire.) Il semble un peu mal à l'aise, ce qui est logique. Je serai dans le même état que lui dans une telle situation. Mais je dirais peut-être quelque chose. Ou peut-être pas.

Je m'assois sur une chaise. Il en fait de même. Il regarde le sol. Moi aussi.

-Sérieusement, tu étais sérieux ?

Je tourne la tête vers lui. Il ajoute :

-Tu es vraiment... amoureux de moi ?

Je n'ai pas envie de répondre. Mais je pense que de toute façon ce sera pire si je me tais. Alors, je réponds sans le regarder :

-Oui.

Je n'ai pas envie de voir son visage. Même s'il est beau ou que je veux que tout soit plus clair, je ne veux pas savoir ce qu'il en pense.

-Désolé, pour tout à l'heure.

Pourquoi est-ce qu'il s'excuse ?

-Je ne pouvais pas prévoir que tu me dirais cela mais quand même. Excuse-moi.

Mais pourquoi... ?

-Pourquoi est-ce que tu t'excuse ?

-Désolé de t'avoir embrassé.

-Ça ne m'a pas dérangé.

-Vraiment ?

-Ne m'oblige pas à confirmer ce que je viens dire, il n'y a rien à ajouter. C'est une situation suffisamment bizarre.

Mais j'aimerais bien qu'il recommence.

-Et si je recommençais ?

Je sens mes joues chauffer. Ce n'est pas possible. Je vais finir par vraiment devenir dingue. Il faut qu'il arrête. Ou qu'il recommence.