Chapitre 14

170 13 0
                                    

Les sorties au parc sont celles que je préfère. Elles m'apaisent. Les gens sont heureux, les enfants jouent, les chiens se défoulent. Elles me permettent de méditer, de me recentrer. C'est un moment de calme, de sérénité.

Arrivés au petit court d'eau, je m'assois sur le pont qui l'enjambe. Il n'y a généralement personne. Sky se dépêche de rejoindre l'eau pour barboter. Le soleil tape plutôt fort, faire trempette ne lui fera pas de mal, bien au contraire.

Après ce qu'il s'est passé, il y a un an, je ne suis plus la même. Avant tout allait mieux, enfin... je pense. Je pouvais vêtir une robe courte ou une jupe moulante, et faire la fête en boite. Maintenant c'est impossible. Je n'aime plus les gens, j'ai même peur d'eux... de ce qu'ils pourraient faire, le faire.

Mais depuis que Raphaël est entré dans nos vies, je sens que je vais mieux. Chaque jour, j'avance un peu plus. Chaque jour, j'ose un peu plus. Chaque jour, j'apprends un peu plus à faire confiance.

Je l'ai invité à sortir, de moi-même, comme je l'aurais fait avant. Je suis contente de l'avoir fait. Je vais passer une bonne soirée, sans stress. Quand je l'ai proposé, Raphaël a eu un air surpris, c'en était presque drôle. En même temps, il ne devait pas s'attendre à ce que je le fasse.

Je n'ai pas eu peur de lui quand il m'a touché les côtes. Ses mains n'étaient plus froides, elles étaient devenues chaudes. Elles ne m'ont pas brulées de froid.

Je me souviens encore de cette brûlure glaciale. Elle était tellement atroce. J'ai eu peur. J'ai eu mal, très mal. Cette froideur, partout sur moi...

Quand sa peau est entrée en contact avec la mienne, une douce chaleur s'est propagée en moi. J'ai bien aimé. Je me suis tout de suite sentie protégée, en sécurité. Rien ne pouvait m'atteindre. J'ai confiance en lui.

Je reviens vite à la réalité quand je sens ma boule de poils se frotter contre moi. Je suis trempée. Je râle un peu avant que je lui remette sa laisse. Nous allons faire un saut au foyer. Depuis l'incendie, je n'y suis pas retournée et cet endroit me manque. Aider les enfants et les adolescents me manque. Mon travail me manque cruellement. Je ne pourrais y retourner que dans trois jours. Heureusement rien ne m'empêche de passer et de discuter.

***

A peine la porte du foyer passer, je les entends crier mon prénom, ce qui me fais extrêmement plaisir. Je les salue tous un par un, et lâche Sky avant de rejoindre Karan qui est accoudé au comptoir de la cuisine, tout sourire :

- Comment va la grande blessée ? Qui d'ailleurs n'est pas censée travaillée.

- Très bien, et sache, pour ta gouverne que je ne travail pas, je fais mon petit tour. Une promenade de santé.

- D'accord, d'accord, je vous crois chère madame, dit-il en levant les main en l'air. Alors, peut-être voudrait-elle un jus de fruit ?

- Avec grand plaisir, répond-je hilare.

Tandis qu'il prépare les boissons, je scrute le salon. Comme d'habitude certain joue sur le tapis, d'autre s'amusent dehors, les ados discutent des dernières tendances. Seulement, je remarque une nouvelle tête, assise seule dans le sofa. Une petite brunette, surement âgée de dix-sept ou dix-huit ans pas plus. Alors que Sky cherche de la compagnie, il la remarque et se dépêche de la rejoindre, afin de se coller à elle.

Alors que Karan revient vers moi avec un verre, je le questionne :

- C'est qui cette gamine ?

- Et voilà qu'elle m'assure qu'elle ne travaille pas, souffle-t-il exaspéré.

- Non, sérieusement.

- Elle est venue pour la première fois le jour de l'incendie. Elle s'appelle Ava, elle est portoricaine. Le même âge qu'Hugo. Elle est muette comme une tombe. J'ai essayé de lui parler mais, rien du tout. Elle s'obstine à être seule.

- Regarde, l'intime-je, Sky est avec elle, et ça, c'est pas anodin. Ce chien à un sixième sens pour faire parler les gens. Il rassure tout ceux qu'il croise.

- Alors l'histoire sens pas bon, c'est ça ? demande-t-il.

- Exactement, il a du lui arrivé des choses pas jolies et je vais m'en occuper, si tu veux tout savoir.

- Ça m'aurait étonné !

Je saute de ma chaise et me dirige vers le canapé où est assise la demoiselle. Doucement je m'approche et m'assois pas très loin d'elle. Il ne faut pas la brusquée, sinon il sera impossible de lui décrocher une parole. Sky me remarque, et vient quémander des caresses, se qui attire l'attention d'Ava. Je passe la main dans son poil. Des petits bruits de satisfaction se font entendre, se qui fait rire la jeune fille à côté de moi. Elle a l'air assez à l'aise pour débuter une conversation :

- Il s'appelle Sky, il adore qu'on s'occupe de lui. Ce qu'il préfère par-dessus tout ce sont les papouilles sur le ventre.

- Vous êtes qui ? demande-t-elle doucement.

- Moi, c'est Arizona. Je travail ici avec Karan, mais là je suis censé être chez moi. Je suis en arrêt. Je reprends bientôt, explique-je d'une voix rassurante. Et toi tu es nouvelle, j'ai raison ?

Elle hoche la tête et chuchote :

- Ava... Je m'appelle Ava.

- Enchantée Ava. Si tu as des questions ou besoin d'aide n'hésite pas, on est là pour ça Karan et moi.

- D'accord... Sky, il va revenir ici ? m'interroge-t-elle.

- Normalement, il ne vient quasiment jamais ici mais, si tu veux, je pourrai le faire venir plus souvent. Tu aimerais ?

- Oui... Je l'aime bien, murmure-t-elle en lui caressant la tête.

- Alors, il viendra avec moi dans trois jours, lui souris-je.

- Ça marche !

Je la salue une dernière fois avant de rejoindre mon collègue. Nous discutons de futurs projets, comme peindre des fresques à la bombe sur le mur de la cours. Cela fera une animation et, donnera un peu de couleur et de vie à l'endroit. Les cours de boxe reprendront quand je serai apte à repratiquer. Il est hors de question que je ne pratique pas avec eux. Il faut qu'ils soient encadrés un maximum.

Il commence à se faire tard, alors je dis au revoir à tout le monde et rentre à la maison. Mais une chose est sûre, c'est que pour connaitre l'histoire d'Ava, je vais avoir besoin de mon fidèle compagnon. 

Burning HeartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant