Chapitre 2

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Inspire. Une, deux. Expire sur quatre temps.

Inspire. Un, deux. Expire sur quatre temps.

  Sky court à côté de moi et se cale sur mon rythme de course. J'ai décidé de me lever tôt et de faire un jogging. Trop de pression, trop de souvenir, trop de cauchemar... La course a une place toute particulière dans ma vie, mon petit rituel, mon exutoire tout comme la boxe. C'est mon plaisir, mon exutoire. Cela doit bientôt faire une petite heure que je suis partie, écouteurs dans les oreilles.

  Je ralentis le rythme à l'approche de la salle de sport. J'en profite pour jeter un coup d'œil à Sky, afin de voir si tout va bien. J'ouvre la porte, pars en direction du bureau. La pièce est très simple, une table, une chaise, des murs blancs... Les seules choses qui lui donnent un peu de chaleur se sont les photos encadrées. Il y en a une ou je suis en tenue de combat avec une médaille autour du cou. C'était il y a environ un an lors d'un évènement à San Francisco, il était tellement fier de moi, je revois encore toute la fierté dans ces yeux et se sourire éclatant. Le combat a été très dur, mon adversaire avait un très bon niveau mais lors du dernier round elle a baissé sa garde j'ai eu le temps de placer un uppercut et victoire sur KO. Il garde aussi précieusement un cliché d'une photo de famille. Mon père se trouve au milieu et dans chacun de ses bras il tient chaleureusement ses enfants. Il était si heureux, si rayonnant. Il nous répétait souvent qu'il nous aimait et qu'il était chanceux de nous avoir.

  Je détourne rapidement la tête pour éviter de trop penser à sa mort. Je pense avoir déjà assez pleuré. Je déverrouille la porte de mon casier et en sors une serviette et une gamelle. Je la remplis et la pose devant Sky. Le pauvre, après l'effort qu'il a fait, il doit avoir soif. J'essuie la transpiration qui coule de mon corps, je prendrai une douce après l'entrainement de boxe des ados. C'est Karan qui les emmène, pendant que j'installe le matériel. Aujourd'hui j'entraine quatorze/dix-huit ans. Un groupe que j'aime entrainer, ils ne sont ni trop petit ni trop grand. Je me dépêche de mettre en place les sacs de frappe, apporte les tapis de sol ainsi que des élastiques. Avant de pratiquer, on fait du renforcement musculaire. Sans ça, vous n'irez pas très loin.

  J'entends qu'on frappe à la porte.

- Entrez ! crie-je pour qu'ils puissent m'entendre.

  Après quelques secondes, tout le monde entre. Le silence qui régnait se transforme en vacarme. Un concerto de « Salut Ari » résonne dans la salle. Je vois qu'ils sont motivés et de bonne humeur, ça promet d'être une bonne séance. Ils partent tous au vestiaire pour se changer, ce qui me laisse le temps de discuter avec Karan :

- Ça va ? Ça a été sur la route ? demande-je.

- Oui et toi ? T'inquiète, ils se sont bien tenus, sinon ils savaient que tu allais les sermonner, plaisante-il.

  Je rigole doucement. Une fois, ils ont fait les pitres et pour leur faire comprendre que se n'était pas un comportement acceptable je leur ai fait faire de sessions de gainage et de pompe qui sont restées gravées dans leur mémoire. Karan se moquait d'eux pendant qu'ils souffraient, en même temps une troupe d'ados en train de se plaindre toutes les deux minutes, c'est risible.

- Maxime arrive quand ?

- Je ne sais pas sûrement dans trente minute, il a un rendez-vous chez un fournisseur. Donc je vais devoir jongler malheureusement.

- Je m'occuperai de les surveiller, dit-il avec un petit sourire en coin qui n'annonce rien de bon.

Avant même que je puisse sortir une réplique, une voix familière me coupe :

Burning HeartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant