Le soleil californien se lève quand nous sommes en marche, mon frère et moi, pour faire l'ouverture de la salle de sport. Je le suis paresseusement, j'aurai vraiment voulu rester au chaud dans mon lit, sans voir personne. Ce qui est sûr, c'est que Sky est bien réveillé, très heureux de profiter d'une balade matinale.
Maxime a décrété qu'il fallait me sortir de ma zone de confort, et quand il a une idée en tête rien ne peut l'en détourner, une vrai tête de mule obstinée. Mais bon, c'est de famille, c'est inscrit dans nos gènes. Mon père était un militaire rigoureux, persévérant, tenace et entêté.
Mon frère ouvre la porte et la cale pour aérer. Nous ouvrons les logiciels informatiques, vérifions que toutes les machines sont en états de marche, qu'il n'y ait aucun problème mécanique qui pourrait être dangereux. Les vestiaires doivent être propres ainsi que les casiers. Une fois notre petit tour fait nous nous rejoignons dans notre bureau, mon frère est déjà présent et s'occupe de nous servir une tasse de café.
Je m'assois somnolente sur l'une des chaises, Sky frottant son museau contre mes genoux signe qu'il veut à tout prix être chouchouté. Je glisse une main sous la table pour plus prodiguer des petites papouilles qu'il aime tant. En jetant un coup d'œil vers lui, je ne peux m'empêcher de sourire. Ce chien a le don de faire oublier tout mes problèmes, il est une vrai source de bonheur, de joie et d'apaisement.
Maxime fait glisser ma tasse jusqu'à moi et m'annonce :
- Raphaël passera dans la matinée pour s'occuper de toi.
- De toute façon je n'ai pas le choix que de rester ici alors... dis-je boudeuse.
- Tu as raison, tu n'as pas le choix. Tu vas de voir rester ici avec ton grand frère chéri que tu aimes à la folie pour toujours, hein ? se moque-t-il.
- Ah, Ah c'est vraiment très drôle, rigole-je faussement.
- Arrête de râler, je suis sûr qu'en sortant ce soir d'ici, tu seras très heureuse.
- On verra ça ce soir mon petit, le taquine-je.
Je le vois tiquer sur le surnom que j'ai employé, il se retourne et me regarde avec une lueur de défi dans les yeux qui veulent très clairement dire « Tu n'oserai pas, j'ai dû mal entendre ». Alors je décide de répéter ma phrase une deuxième fois juste pour l'embêter.
- Tu vas le regretter Arizona Tyler. M ais pas maintenant.... J'attendrai le bon moment, réplique-t-il d'un ton malicieux qui n'augure rien de bon.
Je ricane et finissons par nous mettre au travail. Installée sur une chaise derrière le comptoir de l'accueil, j'observe mon frère faire les inscriptions et parler avec les gens. Il a toujours eu un espèce de don, il parle aux gens comme s'il les connaissait déjà depuis longtemps, il arrive à mettre à l'aise tout le monde, il arrive à aller vers les gens naturellement. Moi, j'en suis incapable, j'ai toujours été une espèce de louve solitaire qui ne s'entoure que d'un ou deux amis, celle qui ne parle à personne mais qui observe attentivement tout ce qui se passe. Le fait de parler aux gens que je ne connais pas me gêne, du moins avec les adultes. En revanche, avec les enfants et les adolescents c'est tout autre chose. Je me plait à leur donner des conseils, à les aider dans leur vie, je suis une sorte de confidente et j'adore ce rôle. Et ça mon frère le sait très bien. Il est très heureux que je m'épanouisse dans mon travail.
***
Aux alentours de dix heures mon ventre commence à crier famine, et pour cause, ce matin je n'ai pas déjeuné. Je me lève de mon siège et fait signe à Maxime que je pars en direction d'une petite boulangerie pas très loin pour nous ravitailler. J'attache une laisse au collier de Sky et nous partons.
Arrivée à la boulangerie, j'achète des petits pains au chocolat ainsi que deux tartelettes à la framboise, l'une des mes pâtisseries favorites. C'est au moment de sortir que j'entends une voix interpeller, je me retourne vivement avec une léger peur au ventre et reste sur mes gardes. Sky aussi réagit, mais en voyant le médecin qui m'a soigné, il trottine vers lui et se frotte contre lui. Ce chien est un traître. Je relève la tête vers lui sans rien dire, je suis tellement surprise que plus rien ne sort de ma bouche. Le seul mot qui me vient en tête est :
- Bonjour.
- Vous allez bien depuis hier ? me demande-t-il en souriant.
- Oui, ça va, dis-je doucement ne sachant pas comment réagir.
- Je suis désolé de vous avoir fait peur en vous interpellant comme ça mais je me suis dit qu'on pourrait faire la route ensemble jusqu'à la salle, m'explique-t-il en voyant mon trouble.
- Ce n'est pas grave, j'ai juste été très surprise. Oui, on peut faire la route ensemble.
Nous nous mettons en route en silence, Sky se place entre nos deux corps, ce qui me rassure. La distance est quelque chose qui me rassure. Plus je suis loin, moins il y a de risques. Plongée dans mes pensées, il m'interpelle :
- Alors comme ça, aujourd'hui vous passez la journée avec votre frère.
- Oui, j'ai été en quelque sorte obligée, souffle-je d'une part pour évacuer la tension et d'autre part car ce n'est pas vraiment mon endroit de prédilection sauf quand je donne mes cours avec les enfants du foyer.
- Vous n'avez pas l'air d'être très réjouie à l'idée de cette journée, constate-t-il.
- Non pas trop effectivement.
- Et pourquoi ? demande-t-il.
- Je n'ai pas besoin d'un psychologue, réplique-je plus sèchement que je ne le croyais.
Soudain, le peur qu'il soit énervé ou en colère et que par la suite il n'essaye de me faire du mal me fait réagir. Je lève la tête vers lui avec précaution pour regarder ces expressions faciales, une manière de savoir s'il faut que je m'écarte. Et ce que j'y trouve se révèle être de l'amusement. Je détourne alors la tête.
- Vous avez raison, vous n'en avez pas besoin.
Enfin nous arrivons vers la salle, dès que je franchis la pas de la porte, mon frère vient nous accueillir.
- Comment tu vas Raphaël ?
- Bien et toi ?
Je profite de ces salutations pour m'éclipser dans le bureau fermé, là je serai tranquille. J'enlève la laisse de Sky et la laisse se balader, j'ai enfin un moment à moi pour pouvoir déguster ma pâtisserie. L'arôme de la framboise se dépose sur mes papilles est un vrai délice. La fraîcheur est accueillie par mon palet. Ça a vraiment quelque chose de très réconfortant.
Une fois fini, je me lève pour rejoindre mon frère mais mon corps se heurte à mur... Un mur de chair et surtout de muscle... à Raphaël. Je me recule vivement et m'excuse en m'empressant de passer à côté de lui. Manque de chance il me retient délicatement par le bras et me rassure :
- Ce n'est pas grave, ne t'enfuie pas je vais régler ton problème de cheville.
- Pour ça on peut aller à l'accueil, non ? demande-je.
- Je pense que c'est plus confortable de le faire ici, et puis c'est plus calme. Assieds-toi, et enlève ta chaussure le temps que je déballe mon matériel.
Sans trop savoir pourquoi, je m'exécute et m'autorise à le détailler. A coup sur il ne faisait pas loin des un mètre quatre-vingt-dix. Un corps très musclé, il doit avoir une hygiène de vie quasi-irréprochable. Ces cheveux bruns sont coiffés de tel sorte que le dessus soit un peu plus long que sur les côtés. Sa barbe de trois jours le vieillis un peu mais le rends très charmant, sans oublier sa mâchoire carré qui lui donne un côté très viril. Je n'avais jamais vu des yeux expriment autant de bienveillance. Ces yeux gris sont hypnotisant et expriment le meilleur de l'âtre humain. Je ne saurai comment l'expliquer mais en lisant dans ces yeux on peut y déceler l'altruisme dont il fait preuve.
C'est à ce moment-là que j'ai su qu'il ne représentait aucun danger pour moi.
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Burning Heart
RomanceArizona est une jeune femme passionnée de sport. Elle partage son temps entre la salle de sport qui appartient à son frère et le foyer pour jeune dans lequel elle travaille. Ce sont les seules choses qui lui permettent de garder les pieds sur Terre...