Chapitre 23

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PDV Raphaël 

Plus j'émerge de mon sommeil, plus ce bruit répétitif et bruyant ce fait entendre. Je me redresse et attrape mon téléphone, il est tout juste huit heures. Ma grasse matinée au lit et compromise. La personne qui tambourine à ma porte n'est visiblement pas gênée de faire autant de raffut. Ne voulant pas réveiller le petit bout de femme à côté de moi, je ferme la pièce derrière moi.

En ouvrant, je suis surpris de découvrir Maxime. Il a l'air extrêmement fatigué, les cernes qu'il porte me le confirment :

- Qu'est-ce que tu fais ici, Maxime ?

- Il faut que je voie Arizona, c'est très important. Ash m'a dit qu'elle est avec toi.

- Après ce qui s'est produit hier, je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée. Elle a eu peur, Maxime. Pour la première fois de sa vie, quelqu'un qui a l'habitude de la protéger et qui prend soin d'elle lui hurle dessus, non seulement sa colère, mais aussi sa jalousie et sa peine. Je comprends que tu aies eu mal et que tu sois énervé, mais à en croire l'état dans lequel je l'ai trouvé, tu n'as pas su te contrôler. Et ça, c'est dangereux, autant pour toi que pour elle, explique-je.

- Je sais mais, j'ai pas réussi. J'étais dévasté, et je me suis senti trahi. Elle vous l'a dit à vous et pas à moi. Mais je suis son frère, je suis rentré depuis plus de deux ans et ce n'est que maintenant qu'elle m'en parle. Ça me blesse...

- Si elle ne te l'a pas dit, c'est parce qu'elle ne voulait pas que ton regard change sur elle. Elle ne voulait pas non plus que tu te sentes coupable d'être parti. Si elle avait pu cacher son agression, elle l'aurait aussi fait. Elle a décidé de sacrifier son bonheur au profit du tien, sans t'en tenir informé. C'était son choix et elle l'a fait pour toi, même si tu ne le voulais pas. Et aujourd'hui tu ne peux que l'accepter.

- Je devais la protéger, Raphaël... Je l'avais promis à mon père, dit-il avant de craquer et laissé de minces filets d'eau couler le long de ses joues.

Je le prends dans mes bras, quelques secondes, pour le réconforter. La situation est complexe. Et Maxime s'en veut de ne pas avoir réussi à honorer la promesse qu'il a fait à leur paternel.

Je l'invite à entrer et à prendre le petit déjeuner à la maison. Ainsi, il pourra parler avec Arizona, et arranger les choses. J'espère que tout rentrera dans l'ordre très rapidement, je ne voudrais pas que mon trésor déprime et se sente mal à cause de leur dispute.

Nous préparons ensemble les pancakes et une salade de fruits. Je presse des oranges et prépare le café. Max me regarde avec insistance, je hausse les épaules, lui signalant que je ne comprends pas ce regard. Il finit par déclarer :

- Tu dors torse nu, dans le même lit que ma sœur et avec ma sœur.

- Exactement, il y a un problème ?

- Aucun, grogne-t-il.

- Je sens que tu commences à regretter de m'avoir incité à la courtiser. Tu commences à te rendre compte que c'est une grande fille. Une femme qui se reconstruit, et qui va avoir une vie de couple et tout ce que ça implique.

- Tu l'as déjà embrassé ? demande-t-il brusquement.

- Oui.

- Vous avez couché ensemble ?

- Non. Sache que je compte prendre mon temps avec elle, ça se fera quand elle sera prête. Je peux attendre je suis pas un animal non plus. Je veux quelque chose de sérieux avec elle, ça te rassure ?

- Non. Absolument pas, mais je préfère que ce soit avec toi qu'un autre.

- C'est déjà une bonne chose. Maintenant, si t'as fini de faire le dragon avec moi, genre si tu lui fais un truc, je te casse la gueule, je vais pouvoir réveiller la marmotte.

- J'ai pas fait le dragon, râle-t-il.

- Je vous jure monsieur le dragon, que mes intentions envers votre sœur sont pures, dis-je avec une toute petite voix en me marrant de la tête qu'il tire.

J'ouvre la porte de la chambre, je m'abaisse de son côté, et caresse avec délicatesse ses cheveux. Une sorte de ronronnement se fait entendre, on aurait dit un petit chaton. Je passe ensuite ma main sur sa joue et lui chuchote :

- Le petit déjeuner est prêt.

- Hum... Je... Dormir, dit-elle encore endormie.

- Un petit effort trésor, en plus quelqu'un veut te parler. Je te promets qu'après on pourra retourner au lit. Tous les deux.

- Je veux pas le voir, ronchonne-t-elle.

- De qui tu parles ?

- De Maxime.

- Vous allez devoir vous expliquer un jour ou l'autre. Tu le sais, hein ?

- Peut-être, mais pas aujourd'hui.

- Agis en adulte Arizona, lève-toi, prends une douche et viens manger avec nous. Profite qu'ici sois un terrain neutre et du fait que quelqu'un puisse vous stopper si ça dérape. Tu vas l'affronter et défendre tes opinions, expliquer pourquoi tu fais ces choix. Tu n'es plus une adolescente qui fuit le conflit, maintenant tu es une femme, et tu vas combattre. Compris ?

Sans mots, elle hoche la tête. Et entre dans la salle de bain attenante à la chambre.

***

C'est avec des mèches brunes encore humides qu'elle vient s'asseoir en face de son frère, aucun ne décroche un mot. Je sers les boissons et la nourriture à tout le monde et m'installe entre les deux. Nous commençons à manger dans un silence glacial. L'atmosphère est tellement pesante. Je me lève débarrasse en vitesse mon assiette et repars vers la table :

- Je vais aller prendre une douche, pendant ce temps là vous aller régler vos problèmes. Si quand je reviens et que la situation n'a pas avancé, je vous jure que je vous vire de chez moi. Et pas la peine de venir me parler ou de m'envoyer des messages, j'y répondrai pas. C'est clair ? les menace-je, en espérant que ma tactique fonctionne.

Je les regarde une dernière fois avant de partir me rafraichir.

L'eau chaude décontracte mes muscles. Je vais bientôt devoir rappeler ma mère pour l'organisation d'un diner ou autre. Dans tous les cas, je suis presque convaincu qu'elle va exiger de voir Arizona. Pour le coup, je ne suis pas sûr que mon trésor accepte. A mon avis, quand je vais lui en parler, ce sera la panique à bord. Et je la comprends, ça ne fait pas longtemps que nous sommes ensemble et elle est très réservée. Si ma mère la bombarde de question, elle sera sûrement très mal à l'aise. Comment je vais faire ? 

Burning HeartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant