Entre Louve et loup - Twilight (Terminé)

Chapitre 7 - Tourner les talons

Biiip...

Biiip...

Biiip...

Je soupire de frustration quand le répondeur s'enclenche une énième fois.

- Vous êtes bien sur le répondeur SFR de Caroline Emera. Veuillez laisser un message après le bip. Biiip.

Je raccroche, les nerfs à fleur de peau. Je suis à deux doigts d'envoyer valser mon téléphone contre le mur. Ça fait un quart d'heure que je tourne en rond dans le petit salon de Zéèv à essayer d'appeler ma mère, en vain. Je vérifie l'heure sur mon portable, encore une fois. Il est 1h16. Autrement dit, il est 10h16 à Dijon et il n'y a aucune raison pour qu'elle ne réponde pas. Elle ne travaille pas, elle n'a plus la garde des enfants, et elle est surveillée vingt-quatre heures sur vingt-quatre par une infirmière. Alors c'est quoi le problème ? Elle ne sort quasiment plus de son appart, ses soignantes font toujours en sorte qu'elle ait son mobile avec elle – ce qui est en général superflu vu que son état parano l'oblige à vouloir nous appeler en permanence pour vérifier qu'on soit en vie.

Elle répond toujours quand on l'appelle et ça fait trois jours que je n'ai pas eu de nouvelles. Merde. Merde, merde, merde. Par pitié, faites qu'il ne lui soit rien arrivé. Non, elle va bien, c'est obligé. Si quoi que ce soit s'était passé, on m'aurait appelée, je suis le contact d'urgence à la fois des infirmières et de l'hôpital. Donc elle va bien. Dans ce cas, pourquoi elle ne répond pas ?

Je n'arrive pas à ne pas m'inquiéter ; dès qu'il s'agit de ma mère je ne suis plus du tout raisonnable.

Je jure entre mes dents en passant mes mains dans mes cheveux, tête baissée. OK, respire. Tout va bien. Elle va bien. Je prends une grande inspiration en me redressant. Bon, plan B. je n'aime pas ça mais je n'ai plus le choix.

Je fais défiler les contacts de mon téléphone jusqu'à tomber sur celui de mon oncle.

Biiip...

Biiip...

- Allô ?

Je manque de sauter de joie en entendant la voix rauque du frère de ma mère.

- Tonton ! Comment tu vas ?

- Mais impec, ma belle, impec. Et toi alors ? Tu es arrivée où maintenant ? Tu sais que tes frères et sœurs demandent sans arrêt de tes nouvelles ? Tu devrais les appeler plus souvent.

Le reproche masqué me fait sourire. Il m'aime comme un père et était complètement contre mon départ pour les States, mais que puis-je dire ? Ce n'est pas parce que je l'aime autant que je vais lui obéir.

- Je sais Tonton, je suis désolée. Les choses ont été assez intenses ici, j'ai fait des rencontres plutôt... intéressantes. J'ai un peu oublié de vous mettre au jus.

On ajoute un petit rire gêné, et hop ! Un tonton dans la poche.

- Hum. Des rencontres intéressantes, hein ? N'oublie pas que tu reviens dans quelques mois en France. Tu n'as pas le temps pour les histoires de cœur.

Ah bah... non, loupé. Je jette un œil à Zéèv, assis sur le sofa de l'entrée, les yeux fixés sur ma silhouette depuis qu'on est rentrés. Il n'a pas renfilé son T-shirt et j'ai toutes les peines du monde à ne pas le regarder plus longtemps que ne l'autorise la politesse. Il hausse les sourcils, l'air concentré. Je fronce les miens. Dites-moi que je rêve. Je m'approche de lui et en plaquant une main sur le combiné lui demande :

- Tu entends ?

Il hoche la tête, sans une once d'hésitation. Ah... d'accord. Au calme. Tout va bien.