Chapitre 5 - Une voix de stentor

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Lighthouse, Patrick Watson |

Lorsque j'ouvre les yeux, je souris. C'est nul et tellement niais, vu la situation, mais comme personne ne me voit, je m'en fiche.

Je suis allongée dans une chambre qui n'est pas la mienne, plus petite, et dont le lit immense prend toute la place. Les murs sont peints d'une teinte claire, beige ou sable, et des voilages colorés sont étirés sur le plafond et les fenêtres, teintant la pièce de multiples couleurs sourdes.

À mes côtés, Zéèv a la tête posée sur un bras replié au bord du lit et semble dormir. Son autre main tient la mienne fermement, comme s'il avait peur que je ne m'enfuis. Clairement, vu sa poigne, il n'y a aucune chance. Pas que j'en aie envie de toute façon, je me sens trop bien ici. J'ai l'impression que ça fait des années que je me suis pas sentie aussi bien, dans un tel état de calme, de sérénité. Alors que pourtant, ça ne remonte qu'à ce matin, seule sur la falaise, à observer le lever du soleil.

J'observe le jeune homme. Il a tellement de secrets, me cache tellement de choses, mais je n'arrive pas à lui en vouloir, ou même à le rendre responsable. Je me suis promis de lui laisser une dernière chance, ce soir, pour avoir des explications, mais je ne suis même plus sûre de vouloir partir si jamais je ne trouve pas mes réponses. Quelque chose me tire vers cet homme, sans que je sache quoi, et c'est aussi intense et excitant qu'étrange et effrayant.

J'ai tendance à toujours suivre mon instinct dans les situations difficiles que j'ai à affronter, mais ici, il me crie de faire confiance à l'indien, ce que je ne comprends pas. Ma petite voix intérieure ne m'a jamais fait défaut et tout a toujours bien fini lorsque je l'écoutais, mais là... c'est autrement différent. Ça n'a pas grand-chose à voir avec ce que j'ai pu avoir affaire par le passé ; là, je ne saisis rien du tout. Je suis dans le doute le plus profond, j'ai l'impression de nager en vain, de ne jamais pouvoir remonter à la surface.

Mais d'un autre côté, quand je suis avec Zéèv, comme maintenant, je me sens mieux, moins effrayée, plus sereine. Je lui fais confiance. Je ne sais pas s'il le mérite vraiment, mais comme il a toujours eu mon bien-être à cœur jusque-là, malgré ses discours douteux, j'essaie de me convaincre que tout se passera bien, cette fois encore.

Toute à mes réflexions, il me faut quelques secondes avant de m'apercevoir que le jeune Indien papillonne des paupières. Je serre sa main et il ouvre les yeux brusquement. Il relève la tête tout aussi vite et son regard se pose sur le mien. Je retiens un rire : il a la tête typique du gars qui vient de se réveiller d'un lourd sommeil. Les cheveux en bataille, les yeux grands ouverts et larmoyants, la joue contre laquelle il était appuyé toute rouge. C'est à la fois adorable et hilarant.

- Louve ! s'exclame-t-il.

- C'est moi.

OK, me retenir de rire est plus dur que prévu.

- Tu es réveillée !

- Il semblerait, oui. Mais toi, pas encore totalement.

Il penche la tête de côté, sans comprendre. Je vois presque une oreille se dresser sur sa tête, tellement son comportement est canin. Cette fois-ci, je ne peux pas m'en empêcher, j'explose de rire. Et c'est tellement bon ! Ça faisait une éternité que ça ne m'était pas arrivé, j'avais même oublié que rire rallonge notre espérance de vie. Il faudrait peut-être que je m'y mette plus souvent, histoire d'avoir le temps de faire un road trip autour du monde, et pas seulement dans les États-Unis.

- Ah , Zéèv, tu es tellement... je glisse entre deux hoquets, tellement adorable !

- C'est vrai ?

Son ton est si sérieux que je m'arrête de rire illico pour le regarder un peu mieux. Il me contemple comme s'il voyait le soleil pour la première fois, ses yeux brillent de... tendresse ? Non, c'est plus que ça, c'est de l'adoration. De l'amour.

Entre Louve et loup - Twilight (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant