Chapitre 13 : Tenir le loup par les oreilles

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Sia, Diplo, Labrith, LSD – Mountain | Rea Garvey, Kool Savas – Is it love ? | Marcelo Zarvos – I know you can hear me

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Inspire, expire.

Tout va bien se passer. Il n'y a aucune raison pour que ça se passe mal, après tout, n'est-ce pas ? Haha. Très drôle.

Je frissonne, du haut du crâne jusqu'au bout de mes orteils. Moi, stressée ? Non, jamais. Impossible, ridicule. Inenvisageable. Complètement surréaliste. Moi, tenter de gagner du temps en essayant de trouver tous les adjectifs qui pourraient qualifier la situation ? Je ne vois pas de quoi vous parlez.

Ça fait cinq minutes que je suis immobile sur le pas de la porte à l'accroche rouillée. Mon cœur bat tellement fort qu'il est obligé de l'entendre de l'intérieur de la maison. J'ai les mains moites, je me sens à deux doigts de tomber dans les pommes et j'essaie de me distraire en laissant mon cerveau survolté jouer de sa débilité. Après tout, tout vaut mieux que de passer cette porte.

Je réajuste mon sac sur mon épaule en soufflant une expiration saccadée. Ouais, c'est à ce point-là. Moi, la nana au cœur naturellement lent, idéal pour le sport, je me sens plus proche de l'attaque cardiaque que du marathon, clairement.

OK, soyons réaliste.

Il n'y a vraisemblablement absolument aucune raison de stresser, si ? C'est pas comme si Zéèv avait une peur énorme de l'abandon et que je n'arrêtais pas de la lui faire subir, après tout.

Je laisse sortir un rire nerveux. Ouais, clairement, il n'y a pas moyen qu'il soit fâché. Ou pire, qu'il se fatigue de moi malgré son histoire d'imprégnation. Pourquoi je suis aussi stressée, déjà ? Je ne sais plus.

L'air me manque, je suis à ça de la crise de panique. La tête commence à me tourner. C'est mauvais signe, de tomber dans les vapes sans même s'être pris une belle pêche avant ? Oh, nom d'un chien, je commence à voir des points noirs. Je me sens malade, il faut que je m'allonge.

Je suis sur le point de me baisser pour m'asseoir à même le sol, quand la porte s'ouvre brusquement, me laissant devant un Paul au visage clairement ennuyé.

- Bon, c'est quand tu veux que tu entres, gamine. Ça fait trois siècles qu'on attend que tu te bouges, on passe à table, nous.

Et puis soudain, il semble se rendre compte de ma tête. Il est lent, lui. Merde, non, je ne peux pas dire ça, c'est mon beau-père ! Enfin, il le sera quand on se mariera, Zéèv et moi. Attends, non, n'importe quoi. J'ai dit quoi, là ? Je divague encore plus que ce que je pensais.

Je crois que j'ai manqué à l'instant ce que vient de dire Paul. Oups. D'un coup, il se retrouve juste devant moi, sans que je ne capte l'entre-deux, son bras autour de ma taille, m'empêchant de m'effondrer. Il m'entraîne à l'intérieur de la maison en bois et j'entends la porte claquer derrière nous. Il me guide jusqu'au canapé où je me laisse tomber avec l'élégance d'un crocodile obèse. D'un coup, je vois le plafond tourner devant mes yeux, les formes des planches de bois se mélangent et deviennent floues, des taches d'encre devant mes rétines m'empêchent de faire le point. Je ferme les paupières en sentant un bourdonnement résonner dans mes tympans.

OK, soyons forte. Ça va bientôt passer. Inspire, expire ; inspire, expire. Je dois rester là quelques minutes avant d'enfin ouvrir les yeux. Mon malaise s'est effacé, je vois presque correctement.

Au-dessus de moi, des yeux brûlant d'inquiétude, les iris dorés aux stries plus foncées et les longs cils les mettant en valeur, m'observent. Avec ses pommettes hautes et ses cheveux mi-longs qui encadrent son visage penché sur moi, Zéèv est beau à couper le souffle. Il n'y a pas de soleil dehors, pourtant il semble entouré d'un halo de lumière qui lui donne un air intouchable.

Entre Louve et loup - Twilight (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant