Entre Louve et loup - Twilight (Terminé)

Chapitre 4 - Tomber de Charybde en Scylla

Chained to the rythm, Katy Perry – Dusk Till Dawn, Sia ft. Zayn

Je suis totalement hébétée quand je réalise que le loup brun foncé m'a effectivement amenée à l'orée de la forêt, juste en face de la maison de Zéèv. Durant tout le chemin, il n'a pas arrêté de sautiller partout, de courir devant moi pour revenir me lécher la joue, de me pousser gentiment du bout du museau. J'ai eu la sensation d'être accompagnée d'un animal de compagnie - très joueur. N'en ayant jamais eu, je ne connais pas trop l'idée, mais ce moment dans la forêt était étonnamment agréable. Tellement improbable que je suis certaine que demain je n'y croirai plus. Ça ne peut pas réellement s'être passé, une rencontre avec une meute entière de loups sauvages – mais étrangement civilisés – et surtout, gros comme des ours.

Alors que je m'éloigne du bois en me retournant tous les deux mètres pour voir le loup me fixer, caché dans les ombres, je me dis que cet interlude de conte de fée doit me servir à mes compos. Même si je l'ai rêvé, c'était un songe d'une telle beauté et d'une telle puissance... cependant, je sais bien qu'aussi créative que je puisse être, je n'aurais pas pu imaginer quelque chose qui m'a paru si réel. Mais je n'ai pas envie de salir ce rêve avec de sombres pensées ou des doutes, alors je le garde bien au chaud au fond de mon cerveau, pour le ressortir une fois que j'aurai mon ordi sur les genoux, mon casque sur les oreilles.

Je pousse la porte de la maison et m'apprête à faire face aux réprimandes de Zéèv. Mon cœur se serre un peu, je n'ai pas envie de revoir son visage triste.

Haut les cœurs ! Depuis quand j'ai peur de faire du mal à un gars, moi ?

Je soupire. Je ferme la porte derrière moi et relève les yeux. Je m'immobilise immédiatement, gênée comme jamais. Devant moi, sur la table géante de la salle à manger, se trouve une jeune femme allongée, une Indienne au vu de sa peau brune et de ses longs cheveux lisses. Entre ses jambes, un homme très grand, aussi musclé que tous les autres que j'ai pu apercevoir hier, l'embrasse dans le cou.

Mais qu'est-ce que je fous là encore, moi ? Quel karma de merde.

Je grogne en pensée pour oublier ma gêne, mais elle atteint sa limite. Si les deux protagonistes étaient habillés, ça irait encore mais là, ils leur manque à tous les deux un T-shirt. Et ils n'ont pas l'air de vouloir s'arrêter à ce stade.

Au moment où le verrou de la porte claque derrière moi, le jeune homme se redresse brusquement et pose son regard enfiévré sur moi. Punaise, la température monte étonnamment, d'un coup. Pourquoi ils sont tous obligés d'être aussi gâtés par la nature ?

- Je... désolée, je ne vous dérange pas plus.

Je rebrousse chemin aussitôt et m'appuie au dos de la porte en soupirant fort. Je n'en loupe pas une depuis que je suis arrivée. Clairement, je devrais être nommée championne dans la catégorie « se foutre dans les pires situations possibles dans un minimum de temps donné ».

Du coup, je ne sais pas si Zéèv est chez lui, et il est hors de question que j'y retourne. Je me tourne et vérifie l'applique lumineuse au-dessus de la porte : elle est bien en fer forgé travaillé, oxydée par le temps. C'est bien la bonne maison. J'en déduis que le type était son frère, et la femme sa belle-sœur. Je me prends à espérer qu'il n'y ait pas d'histoire de tromperie dans l'air, parce que ça me mettrait dans une de ces situations... je n'ai pas besoin de ça en plus.

Bon, OK, cocotte, maintenant il va falloir trouver un truc à faire en attendant... qu'ils aient fini. Nom d'un chien, c'est vraiment gênant. S'ils sont tout le temps comme ça, tu m'étonnes que Zéèv se sente en trop.