49. Brisé

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Le temps de descendre de l'ascenseur, je me dis que suite aux messages de samedi, il faut que j'arrive et l'embrasse directement, il faut que cela devienne instinctive, que je n'ai plus de gêne à le faire. Après tous on s'est déjà embrasser et si elle ne veut pas elle m'arrêtera.

Elle me retrouve en bas de mon travail pour aller chercher notre repas. Je la vois de loin, elle porte un masque, je m'approche d'elle et elle ne l'enlève pas. Est-ce que c'est parce qu'elle ne veut pas que je l'embrasse ou peut-être qu'elle n'y pense même pas.

Au vu, du COVID les restaurants sont toujours fermés, et vu la froideur de l'hiver, une fois que l'on à récupérer notre repas, nous allons nous installer dans son appartement.

A cause du message de la veille, je ne me sens pas à l'aise, et je parle beaucoup pour combler l'espace.

J'essaye de la distraire, et je parle de tous en mangeant. Elle ne parle pas autant que d'habitude, mais est-ce que c'est dû à son mal-être ou est-ce moi qui monopolise la parole, je ne sais pas, mais je ne m'arrête pas, je ne laisse pas de silence s'installer.

Le repas finit, assise l'une en face de l'autre, je continue de discuter presque seule, elle me regarde mais ne répond presque pas.

Et comme je suis nerveuse, je ne m'arrête pas, rien ne me canalise.

Nos corps ne ce touche pas, ni ne s'effleure, je n'ose pas poser mes mains sur ses jambes, ni entrelacer mes doigts au sien, et j'ose encore moins l'embrasser.

J'y pense énormément quand mes yeux se pose sur son visage, ses lèvres, ses mains. Et même si elle sourit, je n'ai pas l'impression que c'est naturel.

Le fait de savoir que cela ne va pas, me bloque, je n'ai pas envie de lui faire plus de mal, ni de la brusquer. Et je me dis, que si elle en a envie, elle le fera. Et je veux respecter, le fait qu'elle en n'as peut-être pas envie.

J'aimerais comprendre ce qui se passe dans sa tête, qu'elle m'explique ce qui la rend comme ça. Si distante, si mal, qu'elle me raconte ce qui ne va pas.

J'ai envie d'être là pour elle, et je voudrais être capable de la prendre dans mes bras, de lui dire que je suis là. Mais je suis complètement tétanisé.

Je sais que je vais finir par tous faire merder, et je ne supporte pas l'idée que je puisse le faire. Mais je ne suis pas faite pour les relations humaines. J'ai longtemps douté du fait même d'avoir un cœur.

Et rencontrer quelqu'un de briser comme moi, n'est peut -être pas la meilleure chose à faire. Car on va finir par s'auto-détruire.

L'heure approche, Ariana doit prendre son bus pour retourner en cours, et moi reprendre mon poste. En sortant de l'immeuble Ariana remets
instinctivement son masque.

Et en attendant le bus, ma main et la sienne finisse par se trouver. Et quand le transport se stationne, je l'embrasse sur le front, je lâche sa main et la laisse monter.

Je vais en direction pour partir, puis je me retourne pour voir démarrer le bus qui l'éloigne de moi, alors que je n'ai pas réussi à lui faire comprendre qu'elle pourrait toujours compter sur moi.

...

Je me sens tellement conne de l'avoir laissé partir comme ça, j'étais là tous près d'elle, et même si j'en mourrais d'envie, je n'ai même pas réussi à l'embrasser, je n'ai pas osé.

Putain !!! Je ne sais pas pourquoi, je suis incapable de l'expliquer, j'étais tétanisé. Du coup, je me déteste littéralement.

J'aimerais pouvoir la réconforter, être là pour elle, mais j'en suis incapable, je n'ai pas appris à être avec quelqu'un, et j'angoisse beaucoup. Pour autant, je veux le faire, j'essaye, car personne ne m'a jamais autant rendu heureuse, mais je ne suis pas capable de prendre le risque de la perdre.

Je sais qu'elle a des fêlures, mais il faut qu'elle sache que moi aussi j'ai été blessée, et parfois je n'y arrive pas non plus. Comme elle, parfois rester enfermé seule est la meilleure solution.

Un jour j'aimerais lui promettre que l'on arrivera à se raconter ce qui nous a brisé.

Obsession, dépression, fascinationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant