Ciel noir

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« - Vous croyez à la vie après la mort ? »

Alors que nous sommes tous assis dans le salon d'Alpha, Mohamed nous sort ça, de but en blanc.

Je soulève les épaules, triturant mes mains vernis de noir. On entend un grondement, la pluie n'a pas cessé de tomber aujourd'hui, un temps parfaitement en accord avec notre humeur. Puis je finis par répondre, en chuchotant :

« - Le corps est la prison de l'âme. »

Je sens ensuite le regard de Ken sur moi, un sourire triste sur les lèvres. Je lui rend son sourire, tandis qu'une énième larme s'échappe de mon œil.

Après plusieurs minutes dans le silence je décide de me lever, j'attrape mon sac posé sur une des chaises et je décide de partir discrètement, en saluant de la main tous les visages tournés vers moi. Tandis que j'enfile mon manteau, je vois Ken se lever et attraper lui aussi sa veste. Je le regarde d'un air interrogateur et il me fait signe d'avancer, me tenant la porte de l'appartement d'Alpha. Une fois sur le seuil de l'appartement il prend la parole :

« - Je te ramènes ?

- Tu as pris ta voiture ? Je demande.

- Nan, mais y'a toujours le métro.

- Dans ce cas là tu ne me ramènes pas, tu me raccompagnes, je répond en souriant légèrement. »

Il me sourit en retour, puis enlève sa veste en cuir pour la mettre au dessus de sa tête.

« - Vous jouez sur les mots Mademoiselle Arpin.

- J'ai un bon professeur pour ça, je rétorque avant de sortir de l'immeuble et de courir vers la bouche de métro à quelques centaines de mètres. »

Arrivée en bas je suis trempée et lui aussi, la technique de la veste était inutile, et son teeshirt noir lui colle désormais à la peau, mettant en valeur ses pectoraux.

« - Je te dérange pas ? Il demande, un sourire au coin des lèvres. »

Je relève la tête aussi vite que je peux avant de croiser son regard, et de mourir de honte. Je suis essoufflée par la course que je viens d'accomplir mais aussi par son regard. Il me dévisage longuement puis tend la main vers moi, pour enlever une mèche de cheveux collée à mon visage par la pluie.

« - Clément adorait la pluie, je dis, alors que sa main effleure ma joue. »

Il ne répond rien, passe sa main derrière ma nuque pour me rapprocher de lui et passer ses bras dans mon cou pour m'étreindre.

Je n'ai jamais été aussi proche de lui, alors j'en profite pour respirer son parfum, tout en passant à mon tour mes bras dans son dos. Je le sens se détendre, puis sans prévenir il étouffe un sanglot dans mes cheveux, puis un autre. Je caresse doucement son dos musclé avec mes mains froides et on reste ainsi plusieurs minutes avant de finalement se séparer.

Ses yeux sont rougis par les larmes, il attrape ma main puis monte dans la rame du métro, revissant sa casquette sur le haut de son crâne afin de cacher son visage.

Le trajet se passe en silence, mes pensées se bousculent, je ressens à la fois une peine immense suite à la perte de notre ami commun, une certaine culpabilité d'être aussi proche d'un autre homme que mon petit-ami actuel, et une certaine joie d'être proche de Ken dans ce moment difficile pour nous deux. Nous arrivons enfin face à mon immeuble, la pluie n'a pas cessé mais nous n'y prêtons pas attention, j'avance vers l'entrée de mon immeuble lorsqu'il m'arrête :

« - Je vais rentrer, il me dit alors, posté à plusieurs mètres de moi les mains dans les poches. »

Je fronce les sourcils.

𝐂𝐈𝐄𝐋 𝐍𝐎𝐈𝐑 | 𝐍𝐞𝐤𝐟𝐞𝐮 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant