SCÈNE I - Karen et Manuel

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Lumière sur le plateau. Pierre est assis devant une borne d'accueil. Karen et Manuel entrent. Manuel a un volant de voiture dans les mains.

KAREN : Je t'avais dit de tourner à gauche !

MANUEL : Je peux très bien me débrouiller tout seul.

KAREN : Ah ça ! Monsieur n'a besoin de personne ! C'est vrai que monsieur est tellement fort qu'il ne risque pas de se perdre avec sa femme en Égypte pour leur nuit de noces !

MANUEL : Je t'ai déjà dit que j'étais désolé.

KAREN : J'ai failli me faire acheter contre trois chameaux par ta faute !

MANUEL : Au moins, un chameau n'aurait pas pris le volant pendant que je conduisais pour nous envoyer nous crasher dans un arbre !

KAREN : Roh je t'en prie ! Si tu m'avais écouté, je n'aurais jamais eu besoin de prendre les choses en main.

PIERRE : Bonjour ?

KAREN : Ah tiens ! Le monsieur là il va peut-être bien vouloir nous indiquer le chemin de la nationale.

PIERRE : Heu... Le truc, c'est que...

MANUEL : Parce que tu penses vraiment qu'on a besoin de ce type en jupette pour nous indiquer notre route ?

PIERRE : En fait, c'est une toge...

KAREN : Bien sûr, puisque monsieur est incapable de trouver ses chaussettes dans le tiroir à chaussettes ! Il faut bien qu'on lui montre comment faire, au monsieur !

PIERRE : Alors, en fait...

KAREN & MANUEL : Quoi ?!

Pierre sursaute.

PIERRE : Heu... Vous êtes morts.

Karen et Manuel se regardent. Ils ne comprennent pas.

KAREN : On est morts ?!

PIERRE : Oh oui, vous auriez du voir ça ! Vous, monsieur, vous conduisiez au-delà de la limite autorisée dans la commune de Tiffauges en pleine foire de la mogette ; vous, madame, vous insistiez pour tourner à gauche mais monsieur ne vous écoutait pas alors vous avez pris le volant et vous avez foncé dans un arbre ! Mais le plus drôle, c'est qu'avant de toucher l'arbre, vous avez fait péter un stand de mogettes qui a éclaboussé tout le monde à trente mètres ! Heureusement, il n'y a eu aucun blessé. Enfin... Excepté vous, bien sûr.

Karen et Manuel sont choqués. Karen s'énerve d'un coup.

KAREN : Je veux parler à votre manager ! C'est inadmissible ! Je ne peux pas être morte ! J'ai un rendez-vous chez le coiffeur mardi matin ! Vous n'allez quand même pas me laisser pourrir pour l'éternité avec des racines de plus d'un centimètre !

PIERRE : Madame, calmez-vous, je vous prie...

KAREN : Et puis c'est qui, votre boss, d'abord ? C'est Dieu, peut-être ?

MANUEL : Ouais, c'est vrai, ça, au final c'est qui qu'avait raison sur l'au-delà ? Parce que moi je veux pas aller me réincarner en bambou ou je ne sais quoi, là.

PIERRE : Laissez-moi vous expliquer.

Pierre prend une paire de lunettes qu'il met.

PIERRE : Alors, voyez-vous, c'est très simple : tout le monde a raison.

Karen et Manuel se regardent.

MANUEL : Tout le monde a raison ?

PIERRE : C'est ça. En fait, tout dépend de vos croyances. Vous êtes chrétien, venez donc dans le paradis chrétien. Vous êtes bouddhiste ? Vous vous réincarnez sur terre.

Le truc avec LilyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant