SCÈNE III : Sylvain

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Sylvain entre. Ses cheveux sont décoiffés, il semble perdu.

PIERRE : Heu Monsieur ? Excusez-moi, mais j'ai la sensation que vous avez un truc bizarre sur la tête...

Sylvain se touche les cheveux, il ne comprend pas. Il parle avec un accent espagnol.

PIERRE : Ah... Pardon, en fait ce sont vos cheveux.

SYLVAIN (en bégayant) : Je... Je... Je...

PIERRE : Oui, bon bah accouchez, quoi ! C'est pas parce que vous avez une mouette morte sur la tête que vous avez perdu votre langue !

SYLVAIN : Où suis-je ?

PIERRE : Allons bon... Toujours les mêmes questions... « Où suis-je », « Qui êtes-vous », « Que me voulez-vous »... Pourquoi personne ne me demande jamais comment s'est passée ma journée ?

SYLVAIN : Heu... Comment était votre journée ?

PIERRE : Nulle.

Un temps. Pierre ne bouge pas, il fixe Sylvain qui ne sait pas comment réagir.

SYLVAIN (toujours hésitant) : OK... J'ai le droit de poser d'autres questions... Hem... Qui me concernent ?

PIERRE : Oui, après tout, vous venez de mourir, vous pouviez bien faire ce que vous voulez.

SYLVAIN : Je vous demande pardon ?

PIERRE : Bah quoi ?

SYLVAIN : Avez-vous la moindre idée de qui je suis, jeune homme ?

PIERRE : Ah beh pour ça, attendez au moins deux minutes que je prenne votre dossier...

SYLVAIN : Je suis le Grand El Adivino ! Je suis le plus grand médium que le monde il ait jamais vécu !

PIERRE : Vous vouliez pas plutôt dire « vu » ?

SYLVAIN : Et je ne laisserai pas un petit fonctionnaire m'insulter en me reprenant sur ma prononciation !

PIERRE : C'était plus une erreur de syntaxe, là, mais bon...

SYLVAIN : J'ai mis du temps avant de reprendre mes esprits, mais j'aurais du vous remettre à votre place dès le début de cette discussion stérile, maudit vaut-rien !

PIERRE : Oh, il va se calmer, Akinator, là ? C'est pas non plus moi qui vous ai tué, un peu de respect, quand même !

SYLVAIN : Jamais je ne respecterai un petit scélérat qui ose me diffamer et me dire que je suis mort alors que je sais très bien que c'est faux !

Pierre soupire et croise les bras dans son fauteuil. Un temps.

SYLVAIN : Pourquoi vous ne dites plus rien ?

PIERRE : J'attends que vous vous calmiez pour qu'on puisse passer à la suite.

SYLVAIN : Pardon ?

PIERRE : Bon, écoutez, j'ai déjà eu une longue journée. Moi, tout ce que je veux, c'est finir mon travail et rentrer chez moi. Sauf que mon travail, c'est vous. Et on avancera à rien si vous continuez de vous exciter comme un caniche alors je préfère largement vous laisser vous calmer tout seul comme un bébé quand il apprend à faire ses nuits.

SYLVAIN : Comment osez-vous...

PIERRE : Oui, excusez-moi, la comparaison était pas terrible... Le bébé, au moins, on a pas envie de le jeter par la fenêtre.

Le truc avec LilyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant