ROMAIN y YANIS

Mallory et ses screens.

J'ai froid.

Une Winston bloquée entre les lèvres, je m'empresse de venir l'enflammer. Machinalement, j'inhale la fumée qui s'échappe de cette dernière et mes yeux viennent faire le tour du parc dans lequel je me trouve. Assis sur un banc qui perd tristement de sa couleur, j'attends Vanessa qui ne devrait pas tarder. Plus tôt dans la journée, je lui ai dit qu'il fallait qu'on parle. Parce que déjà, je n'en peux plus. En fait, je commence à arriver à saturation. Notre couple ne rime plus à rien, je le sens, on s'éloigne naturellement et à chaque fois, on essaye de le sauver en tentant le tout pour le tout. J'ai envie d'en parler avec elle, qu'on soit clair, j'ai besoin de savoir si elle le ressent pareillement.

Je promène mon regard sur un groupe d'enfant qui s'amuse sur des toboggans, leurs parents discutant entre adultes tout en leur jetant parfois quelques coups d'œil. Le soleil est presque en train de se coucher, je me suis pressé de venir ici après les cours. J'espère quand même que je ne vais pas devoir patienter après la blonde, j'ai vraiment envie de rentrer chez moi.

Mais heureusement, la voilà qui débarque. Au loin, vers l'entrée du parc, je la vois marcher tout en regardant en ma direction. Je coince ma cigarette entre mon index et mon majeur tout en laissant un léger brouillard s'échapper de ma bouche, ne pouvant m'empêcher de la regarder. Elle porte le vêtement que je lui ai acheté pour son anniversaire, elle le porte à la perfection même. De petites bottines noires à ses pieds et un sac à main de la même couleur, elle s'avance d'une démarche presque digne d'un mannequin. Sa queue-de-cheval bouge de gauche à droite, ayant laissé seulement deux mèches détachées qui s'échappent le long de son fin visage, légèrement maquillé.

— Désolé... commence-t-elle tout en passant sa main sur la surface du banc pour voir s'il n'est pas sale avant de s'asseoir. J'ai un peu tardé. Ça va, c'est quoi cette tête ?

Je lui souris rapidement avant de la regarder sortir son téléphone dernier cri de son sac, Vanessa fixant son reflet à travers l'écran noir. Lorsqu'elle finit, elle se penche vers moi et ses lèvres veulent venir m'embrasser. Mais non. Je la retiens, je dois le faire. La paume de ma main se pose sur son épaule, ça la surprend. Ses sourcils se froncent un peu, ne comprenant pas vraiment ma réaction.

— Oh... ? Qu'est-ce qu'il se passe, t'es fâché ? Je t'ai dit que j'étais désolé.
— Non mais... C'est pas ça, je souffle et elle a encore plus de mal à comprendre.
— Romain. Pourquoi m'as-tu demandé de venir ? Puis d'ailleurs, tu ne voudrais pas qu'on aille s'installer dans un café, parce que j'ai froid ici...

Elle grelotte, venant frotter ses bras pour tenter de les réchauffer. Je finis par jeter ma clope derrière nous après avoir tiré une dernière fois, passant mes doigts sur mon front par la suite. Ah, si seulement elle pouvait me laisser commencer sans qu'elle se plaigne, ce serait beaucoup plus simple pour moi.

— Je préfère qu'on parle ici, je finis par répondre, lui faisant hocher la tête.

Vanessa remonte un peu plus sa veste contre son menton, cachant ce dernier. Je la sens plutôt pensive.

— Pourquoi j'ai l'impression que tu vas me quitter...

Je mords la peau autour de mon pouce avant de lui jeter un regard. Celui de la blonde se perd au loin, fixant sûrement les fontaines dont les jets d'eau accompagnent les bruits ambiants du parc. Au fond, elle n'a pas vraiment tort. Enfin... Je sais même plus, voilà. Mon mutisme suite à sa phrase semble l'effrayer un peu plus, elle s'attend à coup sûr à ce que je la contredise. Je m'allume nerveusement une nouvelle clope avant de répondre, faisant soupirer la fille à mes côtés.

— Romain...
— Si je t'ai demandé si on pouvait parler c'est parce que c'est bien par rapport à nous Vanessa, je lâche après qu'elle ait chuchoté mon prénom.