ROMAIN y YANIS

On peut essayer.

— Oh putain... Putain, putain, putain les mecs !!

La réaction de mon ami Kévin m'arrache un sourire. La fameuse soirée déguisée d'Halloween. Celle qui est attendue depuis le début du mois d'octobre par tous les élèves de notre lycée. Je ne peux m'empêcher de jeter un coup d'oeil à mes potes, Léo s'extasiant intérieurement devant la demeure luxueuse que se présente face à nous. Kévin nous y entraîne presque, ses bras s'étant déposé sur nos épaules. Je sens les regards sur nous, je crois que mon costume du Joker fait fureur quand même. J'ai plutôt géré pour ma fausse coloration verte, la bombe spray que j'me suis acheté pour deux balles aujourd'hui semble faire son boulot. J'ignore les remarques relou de Léo sur ma coiffure, je sais bien que dans le fond il est jaloux de moi.

— Bon... Elle est où ma meuf ? se plaint Kévin qui est déguisé en clown, les yeux rivés sur son portable.
— Tu cherches Camille ? Mais elle vient au moins ? je réponds, haussant le ton pour me faire entendre malgré la musique.

Mon ami avoue de la tête et vient se ronger les ongles, son regard tournant dans tous les sens. Je pense que sa copine ne doit pas être bien loin puis en parlant de copine... La mienne ne m'a toujours pas envoyé de texto pour me demander comment ça allait, c'est vraiment bizarre de sa part. Et puis de toute façon je m'en fiche, ce soir je suis ici pour mes amis et pour m'amuser. Je vais l'oublier le temps d'une nuit, ce n'est pas si grave.

On finit par prendre place à la table du bar. Un sourire aux lèvres et légèrement ambiancé par la bonne musique, mes yeux essayent de reconnaitre quelques personnes du lycée et j'en vois pas mal même si c'est vachement complexe de les distinguer avec tous ces différents déguisements. Certains se sont vachement gavés, c'est cool de voir qu'il y a encore des gens créatifs de nos jours.

— Bébé !

Les garçons et moi nous nous retournons à l'entente de sa voix, mon sourire ne quitte pas mes lèvres lorsque je m'aperçois que c'est Camille, la petite amie de Kévin. Ce dernier s'empresse de l'attraper pour l'embrasser ce qui nous fait détourner le regard avec Léo. Bon...

— T'es... affreusement belle, chuchote mon ami en direction de sa copine.
— Et toi... T'es horrible, tu me fais peur.

Je ressens la gêne de Léo jusqu'ici alors je décide de le faire sortir un peu. Je secoue légèrement son épaule puis il me regarde, comme s'il s'attendait à voir quelqu'un d'autre. Une fois à l'extérieur de la maison, on s'allume une cigarette et nous prenons une grande bouffée d'air frais. Je brise ce léger silence qui plane entre nous, tournant légèrement mon visage vers lui.

— Alors... Quoi de neuf ?

Mon ami a le regard rivé au loin, il m'a l'air un peu rêveur. Comme d'habitude, j'dirais. J'ai dû mal à savoir s'il a vraiment envie de se trouver à cette soirée au final. Je ne sais pas si je suis le seul à le remarquer mais il a commencé à vachement changer depuis sa rupture avec Clarisse. Et d'un côté, je pense savoir pourquoi. Je sais très bien que c'est à cause d'une personne en particulier car sans cette personne, je doute qu'il serait comme il est là actuellement.

— Bah rien... J'm'emmerde un peu pendant ces vacances, soupire-t-il après avoir tiré sur sa clope.
— Ouais, t'as vu ? L'année dernière y'avait des soirées et tout mais j'sais pas quoi ils ont quoi les gens en ce moment...

Cette année de terminale craint vraiment. Pour moi ça va, c'est juste que d'un côté tu as les personnes qui bossent encore plus qu'avant et d'un autre, tu as ceux qui ne font rien, comme si ça allait passer. Et dire que l'année prochaine nous serons à la fac, pour certain... Ça passe beaucoup trop vite le temps. Clope aux lèvres, mon regard se lève. Quelques personnes sont posées en groupe autour de nous, des verres d'alcool et des cigarettes aux mains. J'arrive à sentir même l'odeur de la weed. Malgré la nuit tombée, je réussis à reconnaitre un petit groupe d'amis. Ils ne semblent pas nous avoir vu, continuant de tracer vers le jardin de la demeure. Alors je siffle et fait de grands gestes de main pour attirer leur attention, m'en foutant royalement du regard des autres personnes à côté de nous.