J'ai vraiment passé une nuit bizarre. Ce qui fait que le lendemain, en cours de français, j'me retrouve à rêvasser, la paume de ma main tenant ma mâchoire. Je me fais chier... J'écoute d'une oreille les paroles de notre professeure, essayant d'assimiler ce qu'elle essaye d'expliquer à une trentaine d'élèves. Sans succès, je pense. Tout le monde s'en fiche, mais à un tel point... Quelques coups de coudes me font réagir cependant. Mon voisin de table, Kévin, a les yeux rivés sur ma feuille de cours. Il me demande doucement ce que j'ai marqué depuis tout à l'heure mais... À vrai dire, pas vraiment grand chose. Faudrait peut-être que je me rattrape. Mais c'est compliqué. Je suis totalement à l'ouest ce matin, ça me saoule... Mes pensées se perdent sur Yanis que j'ai croisé d'ailleurs, aujourd'hui. C'était dans le bus. Depuis ce matin j'y pense. Il était avec Mathis alors je n'ai pas osé le déranger, je sais pas pourquoi. Je crois qu'il ne m'a pas vu, en plus. Trop triste. Alors, j'ai pas voulu forcer et taper l'incruste, même si je sais qu'au fond, ça ne l'aurait pas vraiment dérangé. Enfin, je l'espère. De toute façon maintenant tant pis, c'est passé.
— Oh... Oh ! Romain... Wesh !
Ah sérieusement... Je tourne mon visage vers mon ami et l'interroge du regard. Lui, me fixe d'un air chelou en se demandant sûrement pourquoi j'ai l'air aussi perdu.
— Mec, tu m'écoutes quand j'te parle ? dit-il en essayant de baisser d'un ton.
— Oui. Je t'écoute. Tiens, c'est le cours que tu veux ?
— Gros, t'as rien écrit. Laisse tomber. Non, j'voulais—
— Kévin et Romain ! Une fois. La prochaine fois que je vous entends, carnet.Je grimace légèrement suite à la remarque de l'institutrice, elle est vraiment énervante. Genre, on est les seuls dans cette classe à parler ? Même pas. Elle est tellement obligé de se trouver des victimes, c'est abusé. Enfin bon. Kévin me fait un signe de main, il me racontera après. Les deux heures de français passent sans plus, j'ai essayé tant bien que mal de faire les exercices donnés.
À la pause du matin, je me retrouve devant le lycée à fumer avec les gars. Léo se partage un joint avec Kévin, ce dernier l'enflammant sans arrêt à l'aide de son briquet bousillé. Finalement, le châtain me propose de tirer une taffe et, sans réfléchir, j'attrape le roulé. Rapidement, je l'amène à mes lèvres et les yeux au loin, j'inhale la fumée. Je fronce légèrement les sourcils suite à ça, donnant la drogue à Léo qui a les yeux rivés sur l'écran de son portable.
Moi, c'est autre chose que je regarde. Je ne sais pas pourquoi mais je ne me pose pas plus de question, faut-il vraiment expliquer pourquoi j'en ai envie ? Je ne pense pas.
Un léger son provenant d'une enceinte se diffuse à faible son de leur groupe. Je ne les connais pas tous, ce sont sûrement des mecs de sa classe. En tout cas, il semble y avoir une bonne ambiance. Je reluque rapidement les autres puis après, ce n'est que lui qui retient mon attention. Toute. Mon attention. J'ai l'air bizarre à le fixer ainsi. Il bouge légèrement sa tête au rythme de la « musique » souriant parfois à la personne qui est en train de raconter un truc, sûrement sans intérêt puisque Yanis reprend une expression blasée à la seconde d'après. Il roule une cigarette, posé contre un petit muret tagué. Aujourd'hui, il porte un simple hoodie rouge foncé, entouré d'une grosse veste noire. Ses jambes sont habillées d'un cargo noir légèrement ample et des converses blanches délavées qu'il a depuis le collège, j'ai l'impression. Ses cheveux partent — comme d'habitude — dans tous les sens, surtout après qu'il s'amuse à les secouer sans trop savoir pourquoi. Ça me fume. Il ne s'en rend même pas compte quand il le fait. Mais moi, si. Je continue de balader mes yeux sur lui, priant intérieurement pour qu'il le sente. Ce qui lui a fallu de longues secondes afin de tourner son visage en ma direction. Il coince sa cigarette contre le haut de son oreille tout en me faisant un léger signe de la main. Mon ventre se tord un peu à ce moment là. Enfin, tu me remarques. Je lui lance un fin sourire qu'il me rend et tout le long de la pause, on joue à se lancer des coups d'oeil, faisant semblant de s'intéresser aux personnes autour de nous.
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ROMAIN y YANIS
RomanceTOME II. Il est beau, Yanis. Vraiment beau. Personne se le dit mais secrètement, tout le monde le pense. Et puis, surtout moi. Une peau hâlée, des cheveux bouclés, des yeux en amandes dorés. Yanis. C'est... Comment le décrire ? Yanis c'est ce mec l...