ROMAIN y YANIS

Viens Yanis.

Un autre soir des vacances. Les jours passent à une vitesse folle et j'dois avouer que ça me fait particulièrement chier. Cette nuit, il fait froid. L'hiver commence doucement par arriver et quand j'y pense, je n'ai toujours pas de veste adaptée. Mes yeux se promènent sur les vitrines de cette allée de magasins, fronçant parfois les sourcils en remarquant les prix exorbitants pour des pauvres morceaux de tissus assemblés au Bangladesh. Je ne suis pas fan de lèche-vitrine, loin de là. Je dirai qu'entre ma copine et moi, c'est plutôt Vanessa qui l'est mais bon, elle est mon principal sujet de ce soir. Je dois lui trouver un cadeau d'anniversaire et... Ouais, j'ai vraiment aucune idée.

Malgré mes recherches sur le net, ce sont toujours les mêmes idées qui viennent. Des bijoux, des vêtements mais tout ça elle en a. Puis c'est pas avec mes maigres économies que j'vais réussir à lui acheter un truc de sa hauteur. Ah, c'est fatiguant d'être en couple.

Mon téléphone vibre dans la poche de ma veste, ce qui attire de suite mon attention. À l'écran, le prénom de Léo s'affiche. Je décroche, continuant à m'avancer dans la rue.

— Yes ?
— Salut. Je t'appelle pour savoir si tu vas à la soirée Halloween mes couilles demain.

C'est vrai qu'on en a parlé, j'avais totalement zappé qu'on était le 30 octobre. Je rapproche le microphone de mes écouteurs contre le rebord de mes lèvres, m'apprêtant à renter dans un tabac.

— Ouais, j'y vais. Et toi ? Bonsoir, je lance en direction du vendeur qui me rend un signe de tête.
— Aussi. Du coup on fait comment ? J'passe vous chercher avec Kev ?
— Ouais on fait comme ça. Ça marche, mec. Une Marlboro Red, s'il vous plaît.

Je sors mon billet ainsi que quelques pièces que je dépose contre la surface en verre, par dessus les jeux de grattages. Le vendeur se retourne vers moi et me jauge rapidement du regard, faisant un signe de main vers l'arrière, comme s'il s'en foutait.

— Ah la jeunesse, dit-il en encaissant l'argent.
— Je ressemble tant que ça à un enfant, Monsieur ? je me permets, rangeant rapidement mes cigarettes dans ma poche.
— Allez, file va.
— J'te laisse, à demain.

Je salue Léo avant de raccrocher, ouvrant la porte du tabac afin de partir vers les arrêts de bus. Les écouteurs toujours dans les l'oreille, j'allume Spotify et m'ambiance intérieurement sur ma nouvelle playlist. Je m'échoue contre le petit banc de mon arrêt, laissant un espace entre le mec à ma gauche et moi. Ma tête se balance doucement, mes lèvres légèrement gercées se frottant entre elles. J'ai froid, Seigneur. Instagram devient mon pote de la soirée, je défile les interminables publications de mes abonnements tout en prenant mon mal en patience. Je ne capte pas de suite que quelqu'un est en train de tapoter mon épaule, je tire un écouteur de mon oreille pour faire face à... Bah je l'avais pas reconnu.

— Romain...? Ça va ? Je t'avais pas vu.

Le monde est vraiment petit. Je lance un sourire à Yanis, baissant le son ma musique à fond.

— Bah... Ouais, ça va. Tu fous quoi ici ? je lui réponds, mes mains glacées se frottant entre elles.

Le bronzé me montre un sac en plastique blanc et je hoche la tête sans vraiment prendre le temps de demander ce que c'est. Après ça, un léger blanc s'installe entre nous. Nous sommes seulement deux à attendre le dernier bus de la soirée. Je ne peux m'empêcher de repenser à la dernière fois. Ça doit faire quatre jours que l'on ne s'est pas parlé depuis la fois chez lui. Même pas en message mais bon, je suppose qu'il avait des choses à faire. Il n'a pas son skate avec lui ce soir. Yanis doit être sorti seulement pour ces petites courses.

— Putain, il fiche quoi ce con.

Je me plains dans un chuchotement, le visage de mon ami se retournant vers moi. Je peste en touchant les poches de ma veste, cherchant en vain mon briquet. Une clope entre mes lèvres, je ferme les yeux prêt à m'insulter intérieurement. Ce genre de moment m'énerve.