Je fume ma première cigarette de la journée en grattant nerveusement le sol à l'aide de la semelle de mes Vans sales. Bien sûr, mon bus n'est même pas foutu de venir à l'heure. On est plusieurs à l'attendre, à mon arrêt. Ce dernier est particulièrement rempli de lycéens, des têtes que je reconnais et que je vois chaque matin maintenant. Je scrute rapidement l'heure qui s'affiche sur mon iPhone tout en soupirant, lassé, la fumée de ma Winston. C'est au moment où je lève les yeux que j'aperçois enfin mon car. Il était temps. J'écrase mon addiction au sol et marche sans pitié dessus, soufflant sur mes doigts pour venir les réchauffer face cet air frais d'hiver qui nous enveloppe.
Une fois dans le transport en commun, mes yeux se mettent à chercher une place de libre ce qui est, comme à chaque fois, un pur calvaire. Puis bizarrement, aujourd'hui c'est assez peuplé. Je m'avance vers les sièges du fond et mon cœur est le seul organe qui semble se réchauffer dans mon corps complètement gelé par les faibles degrés de dehors. Car je le vois, assit à moitié endormi et une large capuche rouge tirée sur ses cheveux marrons et bouclés. Ses yeux se perdent dans le vide, se perdent sur la vitre du bus où de la buée est présente. Mes doigts accrochent les poignées mises sur les dossiers des places avant de me laisser tomber près de lui sans même lui demander une nécessaire permission. De toute façon, je sais que je l'ai, quoi qu'il puisse me sortir comme excuse. Je pose mon sac à mes pieds et c'est juste maintenant qu'il se décide à tourner son visage vers moi, dégageant un écouteur de ses oreilles. Un sourire se dessine sur mes lèvres et les siennes recopient les miennes. Peut-être un peu plus timidement.
— Salut, je lance seulement et sans attendre particulièrement une réponse.
Yanis m'indique juste un signe de tête. Je soupire doucement en serrant légèrement mes épaules, j'suis content, mais la chaleur du bus ne me donnera pas envie d'y descendre une fois qu'on sera arrivé au lycée. Je fouille rapidement dans la poche de ma veste et je jure dans un chuchotement, ne trouvant pas ma paire d'écouteurs. J'essaye de me rappeler où est-ce que j'ai pu diable les oublier mais j'crois qu'ils sont tout simplement sur mon bureau, à la maison... Ah, ça m'énerve. Cette journée commençait si bien, j'ai l'impression. Enfin, mit à part la petite scène que j'ai fait au petit-déjeuner avec mes parents. Ils ont vraiment rien capté à ce que j'ai raconté et j'avoue que c'est mon réveil qui partait du bon pied qui a parlé à ma place. Non mais, vraiment. Je deviens vraiment dingue à cause du mec à côté de moi. D'un point de vue extérieur, on dirait pas. Mais d'un point de vue intérieur... C'est vraiment autre chose. Son regard croise à nouveau le mien, Yanis n'arrive même pas à le soutenir car il fait genre de regarder quelqu'un ou quelque chose de lambda derrière moi. Moi, ça m'amuse. Qu'il réagisse ainsi. Il peut poser ses yeux sur ma personne autant de fois, autant de temps qu'il le veut. Ça me dérange absolument pas. C'est chelou si j'dis que j'apprécie le contraire ?
Comme chaque matin, le car est plutôt calme. Enfin, on est concentré sur nos musiques ou nos vidéos, nos podcasts, nos jeux débiles installés sur nos téléphones portables. Pour ma part, je n'ai pas le droit à tout ça. Alors, de nouveau sans rien demander, je vole un écouteur de son oreille. Le bronzé qui était légèrement accoudé contre cette vitre froide se redresse légèrement suite à mon geste. Je sens l'odeur de son parfum, l'odeur de ses vêtements, celle qui l'accompagne tous les jours. Yanis sent bon, c'est un fait. C'est un peu gênant si j'devais lui avouer ça à haute voix alors je me permets de le penser. Un son que je ne connais pas percute dans le creux de mon oreille et j'apprécie ce que j'entends. L'instru me plaît, j'aime quand une musique réussit en si peu de secondes à me transporter et à me faire penser à des choses, à me faire imaginer des choses. J'sais pas mais j'apprécie énormément. Je lui demanderai le titre mais pour l'instant, j'ai juste envie de rester ainsi. Mon dos se cale un peu mieux contre ce siège vieilli par ces années de service et mes yeux se ferment sans que je puisse les contrôler. La playlist de Yanis continue de défiler sans que je ne remarque une quelconque pause entre les musiques, elles continuent de défiler jusqu'à qu'on arrive à l'arrêt final. Celui que je n'avais pas envie d'atteindre, aujourd'hui. J'ai vraiment la flemme de descendre et c'est le bouclé qui arrive à me faire sortir, comment résister à lui de toute façon...
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ROMAIN y YANIS
RomanceTOME II. Il est beau, Yanis. Vraiment beau. Personne se le dit mais secrètement, tout le monde le pense. Et puis, surtout moi. Une peau hâlée, des cheveux bouclés, des yeux en amandes dorés. Yanis. C'est... Comment le décrire ? Yanis c'est ce mec l...