Scared To Live

Chapitre 2

Sianna

Nous nous étions arrêtées sur un banc non loin de l'entrée du campus pour poursuivre notre conversation. Grace était une fille simple et joyeuse. Pour l'instant, je m'entendais assez bien avec Grace. Et je pensais que c'était réciproque.
J'avais toujours été apprécié par les gens qui m'entourai, j'en faisais un peu mon objectif en même temps.

J'avais toujours voulu être aimé, et je faisais tout pour l'être, quitte à me perdre moi-même. Je ne pourrais vous dire pourquoi je me donnais tant de mal, certains diront que c'est pour compenser l'amour que je n'ai pas eu, ou que je me soucie bien trop du regard des gens. Ils ont peut-être raison, qui suis-je pour les contredire après tout, mais j'étais certainement trop lâche pour l'admettre.

- T'as pas faim ? me questionna Grace, parce que moi oui.

- Si, j'suis affamée, lui répondis-je.

- Mais pourquoi tu ne me l'as pas dit, ricana-t-elle.

- Je n'osais pas, soufflais-je dans un rire.

- La timidité, supposa la blonde.

Je dirais plutôt l'anxiété mais la timidité fonctionne aussi, me souffla ma conscience. Je souris à cette pensée.

Nous nous levâmes du banc sur lequel nous étions assise depuis quelques temps maintenant. Grace s'élança vers le parking du campus tout en pianotant quelque chose sur son téléphone. Je la suivis sans vraiment chercher à comprendre ce que l'on va faire ou même où l'on va. Voyant que je ne posais pas vraiment de questions, lorsque nous aperçûmes sa décapotable, Grace m'expliqua où nous allions.

-On va aller dans un restaurant dans le centre-ville, une amie à moi y travaille, elle nous rejoindra après son service.

Mon ventre se noua à l'entente de sa phrase. Nous ne saurions pas seule. Je fus paralysée par la monté d'angoisse qui venait de me saisir. Mes mains qui étaient déjà moites commencèrent à trembler. Je les cachai dans les poches de mon sweat pour ne pas montrer mon mal être à la blonde se tenant face à moi. Je m'efforçais de ne rien laisser paraitre mais cela commençait à se faire de plus en plus compliqué.
J'hochai la tête pour répondre à ma colocataire qui attendait ma réponse depuis tout à l'heure. Je montais dans la voiture, posai ma tête sur la vitre et simula un sommeil soudain pour pouvoir redevenir maitre de mes émotions.

Tout va bien se passer, elle ne doit pas être méchante si elle est amie avec Grace. Et puis elle ne restera pas longtemps si elle travaille, essayais-je de me rassurer.
Puis, je réouvris les yeux et observais le paysage défilé sous mes yeux pour me changer les idées et me calmer.
Je fus soudain coupé dans ma contemplation par la voix de Grace brisant le silence gênant que j'avais instauré.

- Ça va ? me demanda-t-elle inquiète.

Je me retournai pour plonger mon regard dans celui de Grace, cet échange ne dura pas très longtemps étant donné que le feu de signalisation passa au vert.

-Ah oui ne t'inquiète pas, j'ai juste eu un coup de fatigue, mais ça va, mentis-je.

Je ponctuais ma phrase par un sourire se voulant rassurant. Qu'elle me rendit tout en continuant de regarder la route.
Le voyage se termina dans un silence comme il avait commencé, mais celui-ci n'était pas gênant, bien au contraire.

***

Grace coupa le moteur dix minutes plus tard. Nous nous étions garées sur le parking d'un dinner dans le centre-ville de Sydney. Nous sortîmes de la voiture et marchâmes en direction de l'entrée.

Je remis mes mains tremblantes dans les poches de mon sweat et pour que personne ne remarque mon mal-être intérieur, je levais un peu mon menton et arborai un sourire narquois sur mes lèvres pulpeuses.
Je ne voulais pas que les gens remarquent mes faiblesses, alors cette expression, c'est devenu un peu un bouclier entre moi et le monde.
Je ne voulais pas que l'on me prenne en pitié, je préferais que l'on m'admire ou que l'on me convoite.
A force, j'étais même devenue une experte dans l'art de feindre l'indifférence, excepté lorsque je fais une crise d'angoisse, mais ça c'était une autre histoire.

Lorsque nous entrâmes dans le dinner, je fus étonnée par la sensation de familiarité qui me frappais à cet instant précis. Il était exactement comme dans les films et séries que nous pouvions voir : banquette rouge, table blanche, carrelages en damier noir et blanc, les serveuses habillés d'une robe, et j'en passe.

Ma colocataire alla s'installer à une table au fond du restaurant et fit signe à une serveuse une table devant celle où elle s'était installée. Ça devait être son amie. Je m'avançai à mon tour vers cette table et m'assis sur la banquette en face de celle qu'occupait la blonde.