Chapitre 3

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Sianna

Je me réveillai en sursaut et en sueur. Je pris mon téléphone afin de voir quelle heure était-il. Mon téléphone affichait cinq heures cinquante-huit du matin, et je soupirai d'exaspération en me rendant compte que je n'avais dormis que cinq heures.

Mon estomac était noué et je tendis le bras pour attraper ma bouteille d'eau qui était sur ma table de nuit.
Lorsque je la saisis je constatai, à mon plus grand bonheur, quelle était vide. Un énième soupir quitta la barrière de mes lèvres et je me levai afin de remplir cette dernière.

Je parcourus l'espace qui séparait ma chambre de la cuisine au pas de loup pour ne pas réveiller ma colocataire et remplis ma bouteille avant d'en boire le contenu. Je retournai dans ma chambre pour prendre mes vêtements et mes affaires de toilettes puis allais dans la salle de bain.

Lorsque mes yeux se posèrent sur ce que reflétait le miroir j'écarquillai les yeux. Mes cernes étaient extrêmement creusés, mais ma peau ébène permettait de les atténuer un petit peu.

Enfin un avantage me souffla ma conscience.

Mes cheveux bouclés étaient rassemblés en un semblant de chignon. En bref je faisais peine à voir et le manque de sommeil n'arrangeait rien à mon état.

Je partis sous la douche pour être un minimum présentable.
Aujourd'hui je devais aller à l'université pour finaliser mon inscription. Et Grace avait gentiment proposé de m'accompagner, pour mon plus grand plaisir. Je n'avais pas la force de le faire seule. Malgré le fait que je faisais comme si rien ne m'atteignait, j'étais extrêmement anxieuse.

Un rien m'angoissait et parler en public m'était, pour la plupart du temps, impossible. Cependant, je m'efforçai de camoufler mes faiblesses, et de rester la fille que les gens croyaient que j'étais : forte et arrogante et non pas celle que j'étais réellement : brisée et angoissée.

Apres m'être coiffée, enfin avoir décidé de lâcher mes cheveux et de ne rien faire d'autre, je mis mes lentilles, appliquai un peu de mascara, et beaucoup d'anticernes pour enlever les traces de ma courte nuit.

Quand je sortis de la salle de bain il devait-être sept-heures moins le quart. Grace et moi avions prévus de nous rendre au bâtiment administratif dans les alentours de huit-heure, j'espérais donc intérieurement quelle se réveillerait bientôt ne voulant pas être confronté à mes pensées maintenant.

Par automatisme je passais mes doigts fins sur la cicatrice que j'avais au poignet. Ma peau était traversée d'une longue cicatrice, cachée par un tatouage, remontant presque la totalité de mon avant-bras. Passer mes doigts sur cette peau meurtri me calmait autant qu'elle m'angoissait.

A cet instant précis, elle me calmait. J'aimais être seule mais je n'aimais pas me sentir seule. En l'occurrence je me sentais affreusement seule. Je n'avais aucun repère en Australie, personne sur qui me reposée. C'est ce que je recherchais dans un sens mais je ne pensais pas que la solitude allait autant se faire ressentir. Surtout après la nuit que je venais de passer.

Dans ces moments-là je détestais m'endormir, je redoutais le moment où mon corps tomberait de fatigue et ne pourrait plus lutter contre celle-ci. Parce que c'est pendant cette période-ci que tous mes souvenirs ressurgissent, que mes démons m'envahissent et que je sombre dans le gouffre sans fond qu'est devenu ma vie.

Alors j'attendais que Grace se réveille, parce que depuis cinq jours, elle me manifestait un minimum d'intérêt et maintenant je m'accrochai à elle comme à une bouée de sauvetage, quitte à la tacher de ma noirceur, elle qui était pourtant si pure. J'étais égoïste et je le savais mais pour une fois je pensais à moi avant les autres.

Scared To LiveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant