Chute libre

Chapitre 48 : Dessert

Une fois que tous les convives furent installés autour de la grande table de la cuisine, Neville fit un geste de sa baguette et les plats apparurent. Cela rappela Poudlard à Hermione qui se sentit tout à coup très nostalgique de ce temps si paisible. Ce repas avait des airs surréalistes, elle avait encore du mal à se faire à l'idée qu'elle avait rejoint la résistance, qu'elle les avait retrouvés. Elle se servit de la salade tout en observant ses anciens camarades.

Dean et Padma étaient en train de se chamailler pour savoir qui aurait le quignon de pain. Hermione voyait déjà la catastrophe arriver, mais elle s'en amusa, cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas connu tant d'agitation à table. Avant que les choses ne dégénèrent, Blaise leur prit le pain des mains et cassa les deux extrémités de celui-ci. Il leur tendit à chacun un morceau et les deux sorciers l'acceptèrent quelque peu honteux de leur comportement, mais Hermione pouvait voir l'étincelle malicieuse dans les yeux du jeune couple.

Ernie de son côté chuchota quelque chose à l'oreille de Hannah, se leva et partit de la cuisine sans dire un mot. Il revint quelques minutes plus tard avec une bouteille de vin de sureau à la main.

"Je pense qu'on a tous bien mérité un petit verre avec ce ragoût de bœuf." Dit-il en posant la bouteille. D'un coup de baguette, il la déboucha et servit tout le monde.

Une fois le ragoût terminé ainsi qu'une deuxième bouteille de vin, l'ambiance fut plus détendue. Cho Chang regardait la dernière trouvaille de Fred, c'était un nouveau prototype pour le magasin. Une sorte de bonbon violet qui vous rendait très pâle si vous vouliez sécher les cours, mais il nécessitait quelques ajustements étant donné que celui-ci provoquait de violents saignements de nez.

Hermione se demandait comment Fred pouvait encore travailler sur ses créations malgré la guerre, la mort et le désespoir. Elle finit par se dire que c'était certainement sa manière à lui de rendre hommage à Georges. De continuer à faire rire les gens quoi qu'il arrive, de penser à demain en se disant qu'un retour à la normale était encore envisageable et possible. Un sourire attendri se dessina sur les lèvres de la lionne.

"Hermione ?" Appela Ernie.

La sorcière sortit de sa contemplation pour regarder son interlocuteur.

"Est ce que ça te dérange si je te pose quelques questions ?" Demanda-t-il.

"Je t'en prie." Répondit-elle.

Ses muscles se crispèrent malgré elle, mais la main de Drago se posa sur sa cuisse et cela l'apaisa.

"Pourquoi Voldemort a décidé de tuer Bellatrix Lestrange ?" Il fit une pause, buvant une gorgée de vin au passage. "Il n'a pas donné d'informations à la Gazette du Sorcier en ce qui concerne ce point." Posa Ernie.

Les discussions qui battaient jusque-là leur plein se stoppèrent. Les sorciers attendaient patiemment qu'Hermione leur donne une explication, si elle en avait une à fournir.

"Il a décidé de l'abattre, car il estimait que Bellatrix avait trop d'emprise sur moi. C'est arrivé la nuit où j'ai reçu la marque des ténèbres." Confessa-t-elle en baissant les yeux sur son assiette, devenue tout à coup très intéressante.

Hermione était soulagée que le sujet soit enfin abordé, il fallait crever l'abcès au plus vite s'ils voulaient que les choses redeviennent normales entre eux. Mais une partie d'elle était terrifiée par les réactions qu'ils pourraient avoir. Quoi qu'il arrive, elle s'était promis de leur dire toute la vérité, aussi dure que celle-ci soit à entendre.

La pièce était plongée dans un silence pesant depuis quelques minutes, alors Hermione se risqua à lever les yeux pour observer l'assemblée. Elle faillit lâcher un hoquet de surprise quand elle croisa les traits de chacun, rongés par la culpabilité. Ils n'avaient pas l'air de lui en vouloir, au contraire, ils avaient l'air de se torturer l'esprit devant leur incapacité à venir la secourir.

"Je voulais savoir." Perça une petite voix au bout de la table. "Comment se fait-il que tu te déplaces avec tant d'aisance étant donné ta jambe en moins ?" Demanda le plus naturellement possible Luna.

Alors que les doigts de Drago serrèrent la cuisse de la lionne sous le coup de l'énervement, Hermione posa une main sur son épaule pour qu'il se calme. La sorcière ne releva pas l'effet de surprise que son geste envers Drago avait provoqué chez les autres. Elle lui expliquera plus tard qu'avec Luna, il ne faut pas se formaliser. Elle ne se faisait pas appeler Loufoca pour rien.

Hermione prit la décision de décrocher sa prothèse pour la faire léviter jusqu'à Luna. La serdaigle la réceptionna comme si c'était un précieux trésor.

"Elle est magnifique, j'imagine que réapprendre à marcher avec ça n'a pas dû être facile. Je trouve que tu es une personne très courageuse Hermione." Dit Luna en analysant la prothèse sous toutes ses coutures.