Chapitre 37 : Au clair de lune

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Hermione sortit de la douche, la buée avait envahit la pièce, floutant son reflet dans les grands miroirs de la salle de bain, ce qui n'était pas pour lui déplaire, elle n'avait aucune envie de se confronter à celui-ci. Elle entra dans sa chambre en se séchant d'un coup de baguette, la mangemort s'avança vers son armoire et découvrit qu'elle était pleine de vêtements, un elfe devait s'être chargé de la remplir à sa place. Elle était presque rassurée de voir qu'elle ne contenait pas exclusivement de longues robes noires, elle examina son contenu quelques minutes et se décida pour un pantalon ample, afin qu'elle soit plus à son aise et un pull blanc.

Elle s'assit sur son lit, enleva sa prothèse, posa sa baguette et se coucha sur le dos. Tout en regardant le plafond, Hermione repensa à l'homme avec qui Drago discutait lorsqu'elle était rentrée. Elle était tellement agitée qu'elle n'avait pas pris le temps de bien l'observer, son visage lui disait pourtant vaguement quelque chose, mais sa tête était déjà si chargée qu'elle décida de ne pas plus y réfléchir ce soir.

Dans le silence pesant de la pièce, Hermione percevait un son, celui-ci était accroché à elle comme un acouphène. Elle se concentra sur le bourdonnement dans ses oreilles et se rendit compte que ce bruit était celui du corps de l'homme qu'elle avait projeté contre l'arbre au début de la bataille. Elle entendait maintenant clairement sa colonne vertébrale se briser, ce craquement repassant inlassablement dans sa tête. Elle commença à respirer plus fort, elle avait la sensation de manquer d'oxygène, quand on frappa à sa porte. Elle articula avec difficulté un "Entré", sa voix était restée coincée au fond de sa gorge. Drago passa la porte, il l'observa un instant, attendant une réaction de sa part, mais Hermione ne décrocha pas ses yeux du plafond.

Il se racla la gorge pour être sûr de bien marquer sa présence. "Je suis venu voir si tout allait bien, même si j'en doute." Dit-il de sa voix douce.

Hermione essayait de mettre de l'ordre dans ses idées, elle respirait toujours par grandes inspirations. La jeune femme n'avait pas la force de lui répondre, elle aurait aimé pourtant, cela lui aurait permis de vider un peu son sac.

"Est ce que tu veux que je parte ?" Fit écho la voix de Drago dans la chambre.

Elle fit non de la tête, elle ignorait pourquoi, mais quelque chose dans la présence de Drago la rassurait, quand il était là, elle avait l'impression de se trouver dans une bulle où elle se sentait bien et en sécurité. Une chaleur naissait au creux de son estomac, Drago lui faisait l'effet d'un bon souvenir. Face à sa réponse, il se rapprocha doucement d'elle. 

Hermione était envahie par de multiples émotions, elle essayait tant bien que mal de les faire taire. Pas ce soir se dit elle, pas après ce qu'elle venait de vivre.

 C'était la première fois depuis qu'elle avait prêté allégeance au Seigneur de Ténèbres, qu'Hermione était gorgée de doutes. Elle revoyait les visages apeurés, haineux qu'elle avait croisé lors de la bataille, elle ressentait encore le désespoir qui s'était immiscé en elle lorsqu'elle avait vu ce petit garçon pleurer à côté du cadavre de sa mère, pour ensuite se faire tuer à son tour. Oui, ce soir-là, Hermione se demanda si ce qu'elle avait fait dans cette ville était pour la bonne cause. 

Deux grosses larmes s'échappèrent de ses yeux, ce que Drago remarqua, mais il n'y fit pas allusion. Il regarda le moignon de la jambe droite d'Hermione, cette partie manquante restera toujours pour lui, le vestige de son impuissance face à la torture qu'elle avait subi.

C'est sans rien dire que Drago lui offrit sa main, Hermione tourna enfin la tête pour la regarder. Elle leva sa tête vers celle de Drago, elle pouvait lire l'inquiétude sur ses traits, cette expression lui rappela de nouveau de sordides souvenirs de la bataille. Une partie d'elle aimait la puissance que lui procurait la magie noire, mais d'un autre côté elle avait la sensation que celle-ci ne semait que tristesse et désolation. Sa conscience lui susurrait que ce n'était peut-être pas des rebelles qui se trouvaient dans cette ville, mais des personnes comme elle, comme Drago, essayant de vivre leur vie du mieux qu'ils pouvaient.

Alors que sa conscience se laissait aller à de noirs tableaux, Hermione prit la main de Drago et il l'aida à s'asseoir sur le rebord du lit. Il se dirigea vers son bureau et prit sa prothèse, lâchant délicatement sa main au passage. Il s'accroupit vers elle et la posa sur son moignon, Hermione frissonna au contact de ses mains froides. Il était concentré sur sa tâche, soucieux de faire les choses correctement. Une fois celle-ci mise, il lui reprit la main pour la lever, et ils sortirent de la chambre. Ils descendirent les escaliers et Hermione le suivit sans poser de questions.

Ils passèrent la porte du manoir en ne la refermant pas derrière eux. Une fois arrivé au milieu du jardin, Drago arrêta sa course et appela son balai. Hermione fut déstabilisée, espérait-il qu'elle monte avec lui ? Le balai vola jusqu'à eux, comme sortie de nul part. Hermione était perplexe, elle n'était pas du tout à son aise sur un balai.

Drago l'enfourcha et tendit sa main vers Hermione, elle hésita un moment, mais finit par l'empoigner. Une fois qu'elle fût bien installée, il tapa le sol avec son pied et ils s'élevèrent dans les airs. Elle passa rapidement ses bras autour du buste de Drago et se cramponna à lui, elle lui compressait un peu les poumons, mais il s'en fichait, trop heureux de partager un moment avec elle.

Quand ils s'éloignèrent trop de la terre ferme au goût d'Hermione, elle ferma les yeux en laissant échapper un petit cri aigu. Drago sourit, c'était dans les actions spontanées comme celle-ci qu'elle était le plus Hermione Granger. 

Chute libreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant