Chute libre

Chapitre 44 : Départ

Hermione prit la lettre dans ses mains, elle l'analysa sous tous les angles, seul son nom et son prénom figurait sur le dos de l'enveloppe. La lettre était scellée par un cachet de cire rouge qui formait une tête de lion. Elle leva la tête vers Drago avec un mélange d'incompréhension et d'excitation peint sur le visage, se doutant de qui il pouvait s'agir.

"Je suis désolée, mais j'ai besoin de la lire seule." Lui dit Hermione légèrement gênée.

"Ne t'inquiète pas, je comprends très bien que tu es besoin d'un peu d'intimité." Lui répondit tendrement Drago.

Hermione planta son regard dans le sien, il faisait preuve de tant de bienveillance envers elle, qu'elle ne savait pas quoi faire pour le remercier. Elle se pencha vers lui et lui donna un baiser sur le front.

"Merci, merci pour tout Drago." Lui dit-elle en quittant la pièce.

Hermione serra la lettre contre elle en montant les escaliers quatre à quatre. Elle n'avait pas envie de la lire dans sa chambre ou dans celle de Drago, elle ne savait pas pourquoi, mais elle ressentait le besoin de faire sa lecture dans un endroit neutre, un endroit du manoir qui ne la connaissait pas.

Elle poussa une porte et découvrit une charmante bibliothèque. Les murs étaient remplis de livres en tous genres, la pièce ne contenait presque rien d'autre si ce n'est un fauteuil noir et une petite table. Cela devait faire un moment que personne ne s'était rendu en ces lieux, une odeur de renfermer emplissait l'atmosphère. Cela ne dérangeait pas Hermione, elle souffla tristement en se disant que c'était peut-être parce qu'elle était habituée à l'odeur que pouvaient dégager des cachots.

Elle prit place dans le fauteuil, après avoir posé la lettre sur la table. Le bout de ses doigts devenait glacé, signe qu'elle était stressée. Les battements de son cœur s'accéléraient à mesure qu'elle fixait la lettre. Puis elle se décida, concluant qu'attendre ne répondrait pas à ses questions. Elle avança une main tremblante en direction de l'enveloppe et elle retira le cachet de cire.

Hermione reconnut immédiatement l'écriture de sa professeure préférée. Les larmes coulaient sans qu'elle puisse les arrêter, le fait d'avoir un contact avec la résistance après tant de temps lui paraissait irréel. Elle ferma les yeux pour se concentrer sur sa respiration pendant quelques secondes afin de se calmer.

Après quelques minutes elle les ouvrit, résolut à commencer la lecture. Elle saisit la lettre plus fermement, essayant de calmer le tremblement de ses mains.

Ma Chère Hermione,

Si vous saviez comme j'ai honte et comme je suis désolée. La guerre que nous sommes en train de mener est faite de sacrifice et vous mon enfant, en avez subi les dommages collatéraux.

Nous n'avons cessé de vous chercher sans relâche suite à la bataille de Poudlard, cependant, ce ne fut qu'à l'annonce de votre procès que nous avons finalement pu vous retrouver.
Nous savions que tenter de vous sauver lors de votre procès relevait de la mission suicide. Voldemort attendait que nous nous jetions dans la gueule du loup. Vous connaissant, vous ne nous auriez jamais pardonné de nous être sacrifié pour vous.

Si vous êtes en train de lire cette lettre Hermione, c'est que vous êtes revenu à vous et que Monsieur Malfoy a jugé que le moment était venu pour vous la donner. La résistance est prête à vous recevoir tous les deux, nous vous attendons avec impatience.

Hermione, n'ayez pas honte de ce qu'il vous est arrivé, Monsieur Malfoy nous a raconté ce que vous aviez enduré durant cette année chaotique. Nous avons tellement de choses à nous raconter.

J'espère vous revoir très bientôt,
Bien à vous,
Minerva Mcgonagall.

Les larmes glissaient sur le papier, faisant couler l'encre de certains mots. Hermione sourit parmi les larmes, Mcgonagall la connaissait si bien.

Hermione resta un moment immobile dans le fauteuil de la bibliothèque. Un courant d'air l'a fit frissonner, la sortant de son état léthargique au passage. Elle était perdue, mais elle avait surtout peur. Avait-elle le droit de les rejoindre après tout ce qu'il s'était passé ? Comment allait réagir Bill et Fleur en la revoyant ? Cette lettre, était-elle toujours valable ou avait-elle laissé passer sa chance ? Puis elle pensa à Drago, elle savait qu'il ne l'abandonnerait pas, c'était sa seule certitude. Elle se sentait prête à affronter le jugement des autres s'il était à ses côtés. 

C'est avec détermination qu'elle se leva et attrapa la poignée de la porte. Avant de passer l'encadrement, elle inspira un long moment pour faire le vide dans sa conscience. Les informations continuaient toujours d'affluer dans son esprit et cela la fatiguait beaucoup, mais l'heure n'était pas aux plaintes. Elle était libre, libre de ses mouvements et de ses pensées. C'est la tête lourde et le cœur léger qu'Hermione avança dans le couloir.

Drago l'attendait en bas des escaliers, son manteau sous le bras.

"Tu es prête à partir d'ici ?" Lui demanda-t-il avec un sourire en coin.

Hermione le regarda et un large sourire étira ses lèvres. Elle pensa rapidement au fait qu'elle n'avait en rien préparé son départ. Elle commença à ouvrir la bouche quand elle aperçut deux valises aux pieds de Drago. Il avait dû entreprendre de mettre le peu d'affaires qu'ils avaient dans ces valises, certainement aidé par Qiro. Ils allaient prendre la fuite, quitter ce manoir qui n'avait semé que le malheur dans leurs vies. Hermione s'adoucit en se rappelant qu'il était aussi le lieu qui lui avait permis d'apprendre à connaître Drago.

Le jeune homme s'approcha d'Hermione et lui posa une main sur l'épaule.

"Tu verras, tout ira bien." Lui murmura Drago.

Ils s'enlacèrent au milieu des marches d'escaliers, profitant de ce petit instant de paix avant de partir vers l'inconnu. Ils savouraient le fait d'être seuls, ils savaient que cela risquait de rarement se reproduire quand ils auraient rejoint la résistance. Drago s'aventura sur les lèvres d'Hermione, les caressant du bout des doigts avant d'y déposer un baiser. Ils se regardèrent comme deux adolescents, ils n'avaient pas pris le temps de parler d'eux et de leur relation, mais cela attendra, ils devaient se mettre en route.

"Où allons-nous ?" Demanda Hermione.

"Je t'expliquerai plus tard, pour l'instant, nous allons devoir marcher pendant un moment. Ça va, tu te sens d'attaque ?' Répondit Drago.

Hermione acquiesça sans poser plus de questions. Elle se tourna une dernière fois avant de passer la grande porte du manoir. Emportant avec elle quelques vêtements et ses souvenirs.

Ils traversèrent l'immense jardin, les couleurs du mois de novembre avait enveloppé la nature. Le soleil était au zénith, il faisait danser les nuances orangées des feuilles mortes, donnant un aspect onirique au paysage. Le froid sec était lui aussi présent, s'infiltrant dans la moindre ouverture de leurs habits. Une fois qu'ils passèrent le portail, Drago s'arrêta pour lui expliquer.

"Nous allons marcher jusqu'à un portoloin qui se trouve à 3 kilomètres d'ici." Dit-il.

Hermione déglutit, ils avaient seulement marché du manoir au portail et pourtant elle était déjà transis de froid. Ce froid pénétrant lui rappela sa première tentative de fugue de cet endroit. Elle eut soudain une idée.

"Est-ce qu'on peut faire quelque chose avant ?" Lui demanda-t-elle.

"Oui, mais ne traînons pas." Répondit Drago.

Après 20 minutes de marche, ils arrivèrent devant une petite maisonnette. Hermione prit la main de Drago et la serra fort dans la sienne à mesure qu'ils avançaient vers la porte d'entrée. Elle inspira longuement avant de rentrer, Drago la regarda perplexe, il ne comprenait pas ce qu'ils faisaient ici. Tandis qu'il restait en retrait, Hermione s'avança dans le salon. Elle dut attraper le canapé pour ne pas défaillir devant la marre de sang séché, seule preuve que ce qu'elle avait vécu ici, c'était vraiment passé.

Hermione pleurait à chaudes larmes ce qui faisait légèrement trembler ses épaules. Drago s'avança vers elle.

"Hermione qu'est ce qu'il se passe ?" Interrogea-t-il.

"C'est ici que Ginny est morte, et que j'ai perdu l'esprit." Lui dit-elle en un souffle.

Drago resta silencieux à l'annonce de la nouvelle, il n'avait pas de mots à lui donner pour la réconforter ou la rassurer. Parfois, quand ce qu'il se passe est trop intense à gérer, il est préférable de ne rien dire. Quand ils furent sortis de la maison, Hermione leva sa baguette et lança "Incendio".

Ils observèrent les flammes engloutir la bâtisse, profitant de la chaleur qu'elles dégageaient au passage. Le spectacle rappela à Drago l'état du chemin de traverse, et son cœur se serra. Il regarda Hermione qui fixait le feu dansant, les yeux perdus dans le vide.

"Au diable ce monde à la con, j'emmerde Voldemort et sa guerre au monde magique. Je ne laisserai plus ceux que j'aime tomber un à un autour de moi. J'ai pris la décision de me battre pour demain." Déclara-t-elle solennellement.

Elle prit le bras de Drago et ils commencèrent leur marche en direction du portoloin.