Chute libre

Chapitre 50 : Attente

Drago ouvrit doucement les yeux et glissa sa main à l'endroit où il aurait dû sentir le corps d'Hermione. Il se tourna en grognant vers la place froide de la Gryffondor et huma son oreiller pour capter les quelques fragments restant de son odeur. Il faisait encore nuit et elle n'était pas rentrée.

Depuis leur confrontation, les jours étaient passés, puis les semaines s'étaient écoulées à leur tour, et finalement, les mois s'étaient succédé. Drago avait pris l'habitude de se réveiller seul. Quand Hermione ne se trouvait pas avec ces satanés mangemorts, elle était dans le bureau de Neville où ils élaboraient des plans qui amenaient à des résultats plus stériles les uns que les autres.

Les joues d'Hermione s'étaient creusées de nouveau et il voyait bien qu'un mal la rongeait de l'intérieur. La mage noire continuait de la consumer, lentement, comme un poison qui s'infiltre doucement en vous. Son teint était redevenu gris et ses cernes s'étaient encastrés dans ses traits, comme si à présent, ils seraient impossibles à déloger. Drago avait remarqué que les mains d'Hermione étaient prises de légers tremblements, presque imperceptibles à l'œil. Il ne savait pas si les autres occupants de la maison avaient remarqué ces changements ou s'ils avaient décidé de détourner le regard pour mieux dormir la nuit. Drago avait un feu qui s'était formé en lui, une rage sourde et brûlante qui ne cessait de grandir à mesure que le temps passait et que la situation n'évoluait pas.

Hermione essayait de faire bonne figure quand ils étaient ensemble, et Drago tentait du mieux qu'il pouvait de lui changer les idées pour lui rappeler qu'un lendemain était encore possible. Mais il voyait au fond de son regard une culpabilité grandissante et parfois même un dégoût profond envers elle-même. Il voyait encore l'étincelle au fond de ses yeux pétiller quand son regard se posait sur lui, mais il remarquait bien qu'elle perdait peu à peu sa fougue.

Il y a quelques mois de cela, il avait tenté de lui tirer les vers du nez, de la faire parler pour la soulager un peu, mais Hermione était têtue, elle estimait que moins il y avait de personnes au courant, plus les missions auraient des chances de réussir. Il s'était donc résigner à demeurer dans l'ignorance, il savait bien que certaines batailles ne pouvaient être gagnées.

Drago occupait ses journées du mieux qu'il pouvait en attendant le retour d'Hermione. La plupart du temps, il s'entraînait, seul. Il était bien décidé à prendre part à l'affrontement futur qui pesait dans l'atmosphère. À son grand étonnement, Fred le rejoignait parfois pour lui prêter main forte. Le Serpentard connaissait bien les pertes qu'avait connues sa famille, c'est pourquoi il acceptait sa présence. Fred faisait partie des Gryffondors qu'il appréciait avec Hermione.

Pendant que Fred lui apprenait à faire un patronus, et des sorts dont Drago n'avait jamais entendu parlé, le Serpentard lui apprenait à bouger plus rapidement, à se montrer plus rusé dans le combat, à réfléchir avant d'agir. Fred lui avait raconté que Blaise les avait entraînés pour que les pertes soient moins importantes lors des missions de sauvetages ou tout autres actions que devait mener la résistance pour continuer d'exister. Mais il était devenu trop important dans l'élaboration des missions, et il n'avait plus trouvé de temps. De plus, Drago était certainement la personne qui connaissait le mieux les techniques de combat et la manière de se mouvoir des mangemorts.

La plupart du temps, Drago ne se sentait pas à sa place parmi les anciens camarades de classe d'Hermione. Il voyait bien que quelques-uns d'entre eux tentaient de faire des efforts, mais il voyait leurs corps se crisper à son arrivée dans une pièce, les conversations se taire ou des regards plus insistants. Quand les journées se faisaient trop longues et qu'il avait besoin de se déconnecter de cet univers avec lequel il avait du mal, il s'en allait dans le jardin qui faisait 5 fois la superficie de la maisonnée. S'il marchait suffisamment longtemps, il arrivait sur une butte ou il pouvait s'asseoir, les pieds au-dessus du vide.