Chapitre 33 : Chemin de traverse

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Drago se réveilla en sursaut, il sortait d'un rêve dont il n'arrivait plus à se souvenir, malgré la frustration, il passa rapidement à autre chose. Il s'assit dans son lit et prit le verre d'eau qui était posé sur sa table de chevet, il en bu le contenu et s'adossa contre sa tête de lit.

Il repensa à la soirée d'hier, ce qu'Hermione lui avait dit et à quel point cela l'avait déchirer de l'entendre. Il regarda son armoire et se dit qu'il avait bien fait de ne pas lui montrer l'album qu'il avait trouvé chez ses parents, que son cerveau se serait embrouillé à la vue de celui-ci, revoyant des camarades à elle, morts, Potter et Weasley... Drago l'avait déjà perdu une fois et égoïstement, il n'était pas prêt à la perdre à nouveau, il ne voulait pas tout gâcher en brûlant les étapes pour retrouver l'Hermione qu'il avait connu, celle dont il était tombé amoureux. Il savait que le chemin serait long, il était maintenant préparé à ça. Il frotta ses mains contre son visage, les passants dans ses cheveux et il se leva.

Hermione se réveilla les yeux lourds, elle n'avait presque pas réussi à fermer l'œil de la nuit, entre cauchemars et angoisses, celle-ci avait été rude. Elle s'assit sur son lit, attrapa sa baguette et attira sa prothèse à elle, l'a mis et se leva pour aller jusque dans sa salle de bain où elle bue à grande goulée l'eau du robinet. Elle regarda son reflet dans le miroir, elle avait une mine affreuse, des poches grises s'étaient formées sous ses yeux et sa peau était d'une pâleur inquiétante, elle se passa de l'eau sur le visage, comme si cela allait changer quelque chose.

Elle alla à son bureau sous sa fenêtre et commença à écrire sur un parchemin.

"Je ne voulais pas te réveiller alors je te laisse cette note. Je suis partie en mission pour quelque temps, je ne pense pas revenir dans trop longtemps, dans tous les cas ne te fais pas de soucis pour moi.

Bien à toi,
Sinly"


Hermione posa sa plume et regarda par la fenêtre, le jour commençait peu à peu à envelopper la nuit pour lui faire comprendre de se retirer. Le temps serait sûrement pluvieux aujourd'hui, si ce n'est orageux, le ciel était gonflé de nuages. Elle pensa à sa mission, celle qui l'avait tenu éveillé une bonne partie de la nuit, elle allait devoir se rendre dans un village dont elle ignorait l'emplacement exact, mais Isaac lui avait dit de ne pas s'en faire, qu'il gérait la situation.

Dans ce village se trouvait des traîtres à leur sang et des nées-moldues, le Seigneur des Ténèbres avait été clair avec Isaac, leur mission était des rallier les traîtres à leur cause et d'exterminer les autres. Hermione en avait déduit que 'les autres' représentaient les nées-moldues.

"Nous serons sur un champ de bataille cette fois-ci, ce n'est pas une mission de courtoisie ou de filature. Nous tomberons certainement sur des personnes plus expérimentées que celles que nous avons croisé à Ipswitch, il faut que tu sois sur tes gardes et que tu n'es aucune compassion pour l'ennemi, son but est de t'empoisonner l'esprit, de le gangrener, ne les laisse pas faire." Lui avait dit Isaac quand il lui avait annoncé leur mission.

Elle avait hoché la tête pour lui montrer qu'elle comprenait la gravité et l'importance de leur tâche.

Hermione s'était questionnée pendant des heures sur comment différencier les bons des mauvais, les nées moldues des sorciers, comment savoir si la personne ne s'était pas tout simplement trouver au mauvais endroit, au mauvais moment ? Puis elle s'était souvenue des paroles de Voldemort sur la résistance, ils étaient des lâches ayant profité de sorciers venant à eux sans baguettes pour les anéantir. Hermione sortit de ses pensées et se prépara à partir au combat.

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Quand Drago était tombé sur le mot d'Hermione sur la table du salon, il s'était senti maussade, sa note était vague et impersonnelle. Il n'avait aucune idée de quand elle allait pouvoir rentrer, alors plutôt que de se morfondre, il avait décidé de chercher dans le manoir une radio sur laquelle il pourrait tester la fréquence qu'Hermione avait trouvé.

Le serpentard avait retourné le manoir dans tous les sens, aucune trace de radio, il avait donc décidé de se rendre sur le chemin de traverse pour en acheter une d'occasion. Il n'était pas retourné là-bas depuis qu'il avait trouvé l'armoire à disparaître qui avait permis aux mangemorts de rentrer au sein de Poudlard.

Il regarda par la fenêtre de la cuisine, sans grand étonnement, il pleuvait encore, le temps était morose depuis quelque temps. Il se vêtit d'une longue cape noire et s'encapuchonna, il était satisfait, sa capuche lui permettait de couvrir ses cheveux, un signe bien trop distinctif pour quelqu'un qui voulait rester discret.

Il sortit du manoir, traversant le jardin Malfoy, profitant de la pluie hargneuse qui coulait le long de ses habits. Le vent était turbulent ce jour-là, comme s'il voulait parler à Drago, lui avouer les sombres secrets qu'il avait appris sur la Terre. Le froid commençait peu à peu à percer les habits mouillés du jeune homme, alors il sortit sa baguette et lança un sort de réchauffement. Il passa les grilles et tansplana au chemin de traverse, pendant un instant, il crut qu'il s'était trompé d'endroit.

Il avait atterri dans ce qui semblait avoir été un jour le chaudron baveur, les vitres étaient pour la plupart cassées et le froid pénétrait dans l'ancien pub. Drago observa l'intérieur de celui-ci, le carrelage était caché par la couche de crasse qui s'y était installée. Une odeur âcre lui prit la gorge, un mélange de poussières, d'urine et de fumée. Il se retint de tousser, ne voulant pas signaler sa présence aux potentiels squatteurs de l'établissement en ruine, le bruit de son tranplanage devait l'avoir déjà bien assez trahis. Il ne s'était pas trompé, près du bar, il pouvait voir des sacs de couchages et boîtes de conserves vides, lui indiquant que le lieu n'était pas si abandonné que ça.

Il sortit du pub en espérant que les autres magasins ne soient pas autant touchés que celui-ci, mais son souffle se coupa quand il arriva dans la rue principale. La boutique d'Ollivander avait brûlé, on voyait la trace qu'avaient déposée les flammes au-dessus des fenêtres comme si elles avaient essayé d'engloutir le bâtiment. Son cœur se serra quand il pensa que les prochaines générations ne pourraient pas bénéficier du savoir qu'avait cet homme sur les baguettes et leurs propriétaires.

Toutes les façades des magasins étaient grises, certainement dues aux cendres des différents incendies qui s'étaient propagés, la rue était jonchée de déchets, de bois venant de certaines devantures, d'éclats de verre, et d'un liquide marron qu'il ne voulut pas analyser plus que ça. On pouvait humer une odeur de fer se baladant dans la ville, comme une odeur de sang, l'odeur de la mort.

Au loin il distingua la boutique "Weasley farces pour sorciers facétieux", une statue d'homme levant son chapeau était intégré à la façade, mais quand Drago se rapprocha il pus lire sur le front de la statue "SALE TRAÎTRE" écrit en lettre capitale et rouge. Il regarda la vitrine et remarqua que le magasin avait l'air d'avoir fermé ses portes depuis maintenant un moment.

Il entra dans un des magasins encore ouvert, ce qui avait l'air d'être chose rare, il passa la porte de "Wiseacres, équipement pour sorciers", il avait un mince espoir de trouver une radio en état de marche. La sonnette annonçant un nouvel arrivant retenti, mais l'endroit était désert, il s'avança dans une allée, et commença ses recherches. Il n'avait jamais vu un endroit si mal organisé, il allait se plaindre quand il sentit une présence derrière lui, il se retourna d'un geste brusque, manquant de faire tomber une pile de livres sur la magie noire, baguette à la main, faisant face à son opposant.

"Bonjour monsieur, comment puis-je vous aider ?" Demanda la propriétaire de la boutique, n'étant en rien effrayé par la brutalité du visiteur. Elle devait avoir l'habitude en ces temps difficiles d'être souvent agressé de la sorte. C'était une petite vieille avec des lunettes plus grandes que sa tête, un chignon négligé ou des mèches de ses cheveux gris retombaient sur ses épaules. Drago remarqua que les mains de la propriétaire tremblaient légèrement, son corps exprimait la peur, mais son visage exprimait le vide, le néant, comme si elle ne vivait plus sur terre.

"Pardon, vous m'avez fait peur. Oui, j'aimerais savoir s'il vous restait des radios." Lui dit-il sur un ton calme. La vieille dame parut surprise d'avoir droit à autant de douceur, elle redressa sa tête et le regarda droit dans les yeux, comme pour essayer de sonder son âme pour connaître le piège qu'il y avait derrière cette question anodine.

"Oui bien sûr, par ici, je vous prie." Elle passa devant lui, le guidant dans les différentes allées de l'interminable magasin. Elle s'arrêta et présenta du bout de sa main les trois radios qui lui restaient.

"Je ne possède plus que celles-ci." Lui dit-elle absente.

Drago observa les trois radios, se demandant ce qui pouvait bien les différencier, il faut dire que les seules fois où il en avait vu, était à Poudlard. Il se dit que cela ne servait à rien de tergiverser dans sa tête sur un sujet qu'il ne connaissait pas, alors il prit la grise et alla payer son dû à la vieille dame. En sortant de la boutique, Drago se retourna vers la femme âgée, on aurait dit un fantôme, elle murmura quelque chose et la porte se referma. Drago répéta cette phrase dans sa tête, "La liberté est un tout." Il ne comprenait pas pourquoi elle lui avait dit cela, alors il passa son chemin, priant pour rapidement sortir du pandémonium de son ancienne vie.

Chute libreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant