Chapitre 9

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 Pendant toute la matinée, Mélandrie avait passé le plus clair de son temps à consoler Kimiri. Si les démons étaient réputés chez les humains pour être des créatures sans cœur et cruel, celui-ci était la preuve qu'ils se trompaient au faisait au moins preuve d'exception. La perte de sa cabane l'avait dévasté. Le peu qu'il possédait avait été réduit en un tas de ruines et, même si le prince avait ordonné la reconstruction de son habitation à ceux qui l'avait détruite, il savait que ça ne serait pas comme avant.

À présent il savait que n'importe qui, pour n'importe quel motif, pouvait lui détruire cet endroit qu'il aimait tant. La jeune démone se sentait d'ailleurs en partie coupable. Parce qu'il était tombé sur elle et qu'il avait voulu la soigner, Kimiri avait emprunté de l'argent pour acheter les potions et n'avait pas pu rembourser à temps.

Étonnamment, ce fut une aide autre que Mélandrie qui réussit à lui remonter légèrement le moral. Après avoir fait son tour à l'extérieur, Wisha était venu gratter à la porte de la chambre pour entrer. En voyant celui à qui son maître l'avait confié dans cet état, le chien démoniaque était allé poser sa tête sur ses genoux en signe d'affection.

Depuis qu'elle les connaissait tous les deux, la jeune démone avait souvent vu Wisha tenter de s'en prendre à lui et le mordre. Sa mâchoire se refermait toujours sur du vide et faisait paniquer le petit démon, à tel point qu'elle s'était dit qu'il ne faisait que le tolérer. Les dires du prince allaient aussi dans ce sens. Mis à part elle, il n'écoutait et n'appréciait que ses deux maîtres.

Le voir se soucier ainsi de lui et tenter de le consoler la menait malgré tout à une autre version de l'histoire. Au fond de lui, Wisha appréciait Kimiri et toutes ses tentatives de le mordre n'était qu'un jeu pour lui qui s'amusait à le voir sursauter et paniquer.

Une autre supposition vint compléter cette théorie. Pendant sa convalescence dans la cabane, Wisha avait été très présent et ne s'y absentait que rarement, sans doute pour retourner au palais. Vu le temps qu'il y avait passé, il devait, lui aussi, être attaché à cet endroit. Après tout, les chiens démoniaques étaient bien plus intelligents que de simples animaux et pouvaient peut-être ressentir des sentiments tels que l'attachement pour un lieu. Kimiri avait perdu sa cabane, mais Wisha avait perdu le refuge où il pouvait être tranquille.

Grâce à la compagnie du chien démoniaque et de Mélandrie, le petit démon avait peu à peu réussi à remonter la pente et à sécher ses larmes. Pour lui changer les idée, la jeune démone lui proposa alors de faire ce qu'ils avaient initialement prévu. Après tout, ils avaient la bénédiction du prince pour utiliser le laboratoire d'alchimie du palais.

Elle réunit donc les ingrédients qu'ils avaient laissés sur la table et suivit Kimiri qui, contrairement à elle qui n'y était allé qu'une seule fois, connaissait bien le chemin. Arrivée devant le laboratoire, elle constata qu'il y avait beaucoup moins de personnes à l'intérieur. Seul un démon d'environ sa taille était voûté sur des fioles et concentré sur sa préparation. Celui-ci interrompit cependant son travail lorsqu'il vit qu'il avait de la visite.

— Kimiri, mademoiselle, salua-t-il. En quoi puis-je vous aider ?

— Bonjour, salua-t-elle. Excusez-nous de vous déranger, mais nous aimerions rester ici un moment.

— Comme vous voulez, mais ne touchez à rien.

— Eh bien en fait... hésita la jeune démone, embarrassée par cette réponse. Nous voulions préparer une potion. Nous avons les ingrédients, mais il nous manque les instruments.

— Kimiri, qu'a dit le maître à ce propos ? gronda gentiment l'alchimiste.

— Moi droit regarder, mais pas toucher, répondit-il en baissant les yeux.

Mélandrie Tome 2 : Le plan démoniaqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant