Chapitre 12

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 Si la situation au palais avait été tendue entre Mélandrie et Anidanya à cause de ses suspicions, l'arrivée de Bahia avait totalement changé la donne, à tel point que la maîtresse du palais en était méconnaissable. Assise avec elles autour d'un thé, la jeune démone avait l'impression d'être en présence de deux tantes dont l'une, la succube, l'appréciait tout particulièrement.

Si les sujets de conversation étaient divers, ils tournaient majoritairement autour du travail de chacune d'elles. Contrairement à ce qu'elle avait entendu jusque-là, Anidanya était très impliquée dans la gestion des terres. Mélandrie apprit ainsi que le prince était parti régler un conflit entre deux villages. Celui-ci avait débuté avec un simple impayé et s'était envenimé avec le temps.

Pour qu'elle ne se sente pas mise de côté, les deux femmes demandaient souvent à Mélandrie son avis sur le sujet abordé, cependant, elle ne s'y connaissait que très peu dans ces domaines et ses réponses étaient souvent bien naïves. Si cela exaspérait quelque peu Anidanya, Bahia, elle, trouvait cette innocence très mignonne.

Ce comportement amusé et protecteur donnait l'impression à Mélandrie que Bahia l'avait toujours connue. Elle la voyait sans doute encore comme le bébé qu'elle avait du garder jusqu'à ce que sa mère vienne la reprendre.

Toutes trois mangèrent ensemble lorsque l'heure du repas fut arrivée, puis passèrent la journée non pas enfermées dans le petit salon, mais à l'extérieur. La jeune démone y découvrit d'ailleurs un nouveau jardin.

Celui par lequel on y accédait par le chemin du milieu après la fontaine ressemblait déjà plus aux jardins humains. Les parterres de fleurs étaient clairement dessinés et les associations de couleurs réfléchies. Plusieurs petits chemins permettaient de s'y balader et, au centre, un kiosque avait été construit pour accueillir les personnes qui voulaient s'y installer.

Pour cette après-midi, les discussions furent moins sérieuses et axées sur les dernières nouveautés au palais ainsi que chez Bahia, principalement en terme de décoration. Mélandrie s'y sentit d'ailleurs plus à l'aise que pour les sujets tels que la gestion du territoire vu qu'elle pouvait y apporter ses idées et son expérience du plan humain.

Ce n'est que le soir venu que la succube les quitta. La jeune démone et Anidanya la raccompagnant jusqu'à la porte du palais.

— Si l'envie t'en prend, n'hésite pas à passer me voir, tu seras la bienvenue chez moi, annonça-t-elle à l'intention de Mélandrie.

— Je n'y manquerai pas, sourit-elle. J'aimerais discuter plus amplement de ce dont nous avons parlé ce matin.

Après un signe de la main, Bahia fit volte-face et s'éloigna. En peu de temps, elle se retrouva entourée de deux colosses, ce qui inquiéta quelque peu la jeune démone. Malgré tout, elle se rendit rapidement compte qu'ils n'étaient pas là pour lui faire du mal, mais au contraire pour l'escorter. Les passants s'écartaient d'ailleurs lorsqu'elle s'approchait d'eux, signe qu'elle était loin d'être n'importe qui et qu'elle était crainte.

— Je ne sais pas ce qu'elle a fait pour vous, mais vous devez avoir une confiance aveugle en elle, commenta Mélandrie.

— Qu'est-ce qui te fait dire ça ?

— Tout simplement parce qu'à peu près à la même heure hier, vous tentiez de me noyer et qu'un simple mot de sa part vous a fait changer d'idée sur moi.

— Disons simplement que si ma vie dépendait d'une personne, je la remettrait soit à Amyr, soit à elle. Cela m'est déjà arrivé et, comme tu peux le voir, je suis toujours là. Et toi ? Comment se fait-il qu'elle se soit portée garante ?

Mélandrie Tome 2 : Le plan démoniaqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant