Chapitre 23

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 Après l'épreuve qu'avait été l'apparition de ses ailes, Mélandrie était restée alitée pendant plusieurs jours. Si elle s'était sentie revigorée à leur sortie, une fatigue intense, comme un contre-coup, l'avait forcée à rester couché. Pendant ce temps de repos, la jeune démone avait pu réfléchir à tout ceci. Pour elle, l'élément déclencheur devait être l'affrontement contre le forendyr. À la suite de tout ceci, elle s'était retrouvée avec un mal de tête et surtout un mal de dos. Si le premier avait fini par s'atténuer et disparaître, le second avait toujours été présent et s'était même légèrement amplifié au fil du temps.

Elle n'avait rien dit pour ne pas inquiéter les autres. Après tout, nombre de causes plus crédibles pouvaient expliquer une telle douleur avec les efforts physiques qu'elle avait faits. Il y avait, en plus de cela, cette histoire de filaments dorés qui l'avaient totalement recouverte. Ils avaient, à bien y réfléchir, le même éclat que ses ailes. Elle ne savait pas encore ce que c'était réellement, mais était certaine que les deux événements étaient liés.

Pendant sa convalescence, Mélandrie vit passer plusieurs personnes à son chevet. Les alchimistes venaient s'assurer de son état de santé, mais voulaient aussi satisfaire leur curiosité en lui demandant ce qui lui était arrivé et pourquoi leurs remèdes n'avaient rien donné.

De tous ceux qui passaient leur temps dans le laboratoire, seul Kimiri n'aborda pas le sujet. Le plus important était sa santé et il y tenait. Il ne cessait, d'ailleurs, de remonter la couverture jusqu'à ses épaules lorsqu'elle glissait. Mélandrie n'était pas affaiblie au point de ne pas s'en occuper elle-même, mais vu que cela lui tenait à cœur, elle le laissait faire.

Mahat aussi posa des questions sur ce qui lui était arrivé. Cependant, contrairement aux alchimistes, il s'agissait bien plus d'inquiétude que de curiosité. Il voulait savoir si cela avait des chances de se reproduire et quoi faire si une telle crise lui reprenait.

Heureusement, à présent qu'un chemin avait été créé dans sa chair une première fois, Anidanya lui avait assuré qu'elle n'aurait plus de problèmes de ce genre. En plus de cela, tous deux abordèrent leur relation. Le fait qu'il veille sur elle tout en lui tenant la main, la première fois par instinct et la seconde à sa demande, ce baiser sur le front qu'il lui avait fait. Mélandrie finit par avouer que ce jeu du faux couple avait fini par devenir bien plus vrai qu'elle ne l'aurait pensé et que, s'il le voulait bien, ils pouvaient continuer, cette fois-ci pour de vrai.

Pour toute réponse, le démon s'était penché au dessus d'elle et l'avait embrassée, cette fois-ci sur les lèvres. Il lui était arrivé exactement la même chose et il en était venu à la même conclusion de son côté, bien plus tôt qu'elle cependant. Il avait hésité à lui en parler avant, justement à cause de ce jeu du faux couple qui rendait le tout flou. Le fait qu'elle demande à ce qu'il reste à son chevet et lui tienne la main avait finalement été une libération pour lui qui avait su, à cet instant, qu'elle pouvait ressentir la même chose pour lui.

Du fait de cette relation naissante, Mahat fut celui qui passa le plus de temps avec elle. Il devait malgré tout s'absenter quelques fois, la plupart du temps pour suivre l'entraînement d'Anidanya qui l'avait pris sous son aile. Il en revenait presque toujours assez mal en point, comme elle à ses débuts, et c'était à se demander qui devait se trouver au chevet de qui. Lorsque cela arrivait, elle l'invitait à prendre place à côté d'elle pour un repos bien mérité, l'un dans les bras de l'autre.

Quand Mahat était à l'entraînement, c'était à Amyr de lui rendre visite. Il déplorait que sa femme ne veuille rien lui dire sur ce qui était arrivé, mais n'insista cependant pas lorsque la jeune démone lui avoua qu'elle préférait ne rien dire. Il respectait le fait que chacun puisse avoir ses secrets.

Mélandrie Tome 2 : Le plan démoniaqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant