Chapitre 3

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          Je n'ai jamais écouté personne parler avec si peu d'attention que ce jour-ci. Les mots du Grand Meneur résonnent encore dans ma tête, se brouillant petit à petit, alors que je m'efforce au contraire de les rendre plus nets. Ce n'est que quand tous mes voisins se mettent en marche vers la porte que je comprends que je viens de rater le discours de bienvenue. On a encore droit à un buffet et à des félicitations du conseiller second (la conseillère principale a apparemment eu une affaire urgente à régler), puis on nous donne les clés de notre hôtel et on nous conduit jusqu'à la grande avenue des lanternes.

J'ai besoin de comprendre. Voilà maintenant trois heures que ces mots résonnent dans ma tête à l'infini. Alors, quand Elika s'approche du canapé de notre petite salle commune où je suis assis et qu'elle me demande si ça va, je ne tiens plus, je lui raconte tout. Ce n'est qu'après m'être confié à elle que je me rends compte que cela me pesait vraiment. Je prends en même temps conscience des bavardages joyeux autour de moi. Je flotte dans un brouillard si intense depuis cet après-midi que je n'ai même pas pris le temps de profiter de tout cela, de vivre ce rêve qui me tenait pourtant si à cœur depuis toujours. Elika interrompt soudain mes pensées en prenant la parole :

« - D'abord, je dois te demander... Es-tu sûr de toi ? Je veux dire, sûr à cent pour cent ?

- Je suis absolument certain de ce que j'ai vu, dis-je légèrement sur la défensive. Elle semble cependant convaincue, et déclare ensuite :

- Je te crois. Mais... Tu m'as parlé d'un contrat non ?

- Oui, entre le Grand Meneur et les REEnR je crois. Tu sais ce que c'est ?

- Oui, c'est l'acronyme des Représentants des Exploitants d'Energies non Renouvelables il me semble. Ils auraient arnaqué le Grand Meneur ? Il a parlé d'un contrat de construction...

- Il n'a pas annoncé un gros projet dernièrement ? Quelque chose qui nécessiterait la mobilisation de tous les exploitants du monde ?

Elle réfléchit un instant, ses yeux marrons perdus dans le vide. Les mèches de ses cheveux lisses et noirs comme l'ébène ondulent sur ses épaules quand elle secoue la tête.

- Pas que je sache, non. Ça fait un moment qu'il n'a pas fait d'annonce publique d'ailleurs.

Je lâche un faible soupir. Le long voyage et mon cruel manque de sommeil commencent à se faire ressentir dans mes muscles endoloris.

- Andreï... On devrait aller se coucher. On ne peut rien changer aux problèmes du gouvernement, et je te rappelle que notre premier match, c'est demain. On ferait mieux d'être en forme pour jouer.

- T'as raison. alors qu'elle s'apprête à se lever je lui attrape doucement le bras. Merci.

- On se serre les coudes dans une équipe. Bonne nuit Andreï.

- Bonne nuit Elika.

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Voilà le chapitre de la semaine, où on retrouve le fil de notre histoire. En espérant qu'il vous ait plu, je vous dis à la semaine prochaine !

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