Chapitre 12

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              Au fil des jours et des tâches que l'on me confie, j'apprends à connaître un peu mieux Malila. Le temps de nos journées semble s'écouler différemment ici, et si parfois nous passons des jours entiers à discuter, il nous arrive aussi de rester silencieux pendant plusieurs heures, nous perdant à la tâche sans que la parole ne soit plus nécessaire.

Ma nouvelle amie s'efforce de me raconter chaque jour un peu plus l'histoire de leur peuple, et me confie les légendes de leur pays. La plus belle, que j'ai retranscrite dans mon carnet, parle de la création de Balmala. Il était une fois, il y a de cela des années, un monde. C'était le nôtre, un monde de guerre et de sang, un monde qui ne connaissait pas la douceur de la paix. Là-bas régnaient deux clans, l'un à l'est, et l'autre à l'ouest. De tous temps ces deux clans s'étaient battus, querellés pour des raisons qu'on aurait nullement pu qualifier de valables.

Ils connaissaient l'existence à l'extérieur d'un autre pays sans haine, mais aucun ne comprenait vraiment la signification d'un pareil univers, et la vision de ce qu'aurait pu être leur monde ne leur parvenait pas. Et puis un jour, ce qui devait arriver arriva, des chercheurs de l'est mirent au point une arme de destruction massive, et ils l'utilisèrent sans plus tarder contre leurs ennemis de l'ouest. En moins d'une heure, les deux camps avaient été décimés, et il ne restait plus de leurs civilisations que des ruines de pierre et de sang.

Les rares survivants avaient alors entrepris de reconstruire sur les erreurs du passé une vie nouvelle. Malheureusement, le désert était un champ de mines, et les conditions y étaient insupportables. Tous étaient sur le point de renoncer quand la plus vieille d'entre eux parla :

« - Avant tout cela, avant la guerre, je vivais dans une forêt. Les arbres étaient immenses et entre les bruissement des feuilles j'entendais parfois les arbres chuchoter mon nom avec bienveillance. J'aurais aimé y retourner une dernière fois. »

Pleins d'une force nouvelle, le petit groupe décida qu'il était de leur devoir d'accomplir ce qui serait probablement une de ses dernières volontés. La tâche n'avait rien de facile, il fallut toute l'aide des animaux du désert pour la réaliser. Les alineos furent d'une grande aide au moment où il fallut détecter les mines autour du site choisit. Lorsque la première bombe fut extraite, symboliquement, la vieille femme planta à sa place une graine d'arbre. Elle mourut le lendemain matin.

Des années plus tard, quand une forêt luxuriante et miraculeuse poussa autour de l'oasis, on la nomma en souvenir de la vieille femme : Balmala.

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