Chapitre 2 : La voisine

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Aujourd'hui, c'est la première sortie dehors.

La voisine ne devrait pas tarder. Après le départ de Cinia, ma propriétaire, elle est passée me voir en coup-de-vent et nous nous sommes mises d'accord sur une heure. Il est 10 heures et le soleil incendie déjà Mexico. Il tape tellement fort que j'ai rangé au fond du placard tous mes vêtements chauds et n'ai gardé que ceux d'été.Il faut d'ailleurs absolument que j'aille faire quelques magasins pour m'acheter d'autres vêtements froids. 

Je suis en train de mouiller mais cheveux pour qu'ils deviennent ondulés, quelqu'un toque à la porte. Je cours pieds-nu jusqu'à la porte d'entrée en bois et l'ouvre rapidement.

-Holà señorita ! Je suis désolée, je ne suis pas tout à fait prête, dis je en espagnol.

-Pas de soucis ! Me répond-elle en entrant dans la casa.

Je vais rapidement dans ma chambre et sort de ma valise mes baskets blanche. Elles iront parfaitement avec ma robe fleurie rouge. J'attache mon bracelet de cheville à ma jambe droite, offert par mon meilleur ami, met mon collier favoris et attrape mon sac-à-main.

-Je suis prête ! Nous pouvons y aller. Déclarais-je en déboulant dans le salon comme une tornade.

Je retrouve ma voisine allongée sur le canapé, un verre d'eau en main. Ces crocks laissés sur le vol et ses pieds se prélassant sur le drap blanc. Vision horrifique. 

-J'ai toujours dit à Cinia de réparer son robinet. Il est rempli de calcaire cela donne un goût à l'eau, ronchonne-t-elle en prenant une gorgée.

Elle grimace et repose le verre sur la table. Elle se relève, se chausse et se dirige rapidement vers la sortie de la casa.

-Allons-y vite avant que les choses ne se gâtent dehors.

Je regarde rapidement par la fenêtre en décalant le rideau sur un côté. En effet dehors, un groupe d'hommes bizarrement habillés vient de passer en faisant un bazar pas possible.

Je suit ma voisine et lui demande son prénom pour ne pas continuer de l'appeler pas son titre.

-Djamina, et djadja pour les intimes. Toi, tu peux m'appeler Djamina.

D'accord...je comprend que cette femme et moi n'allons pas être des meilleures amies. Nous allons rester courtoises pendant nos échanges mais nous n'irons pas plus loin.  Ce n'est pas le type d'ami que je recherche. En plus la différence d'âge n'aide pas, elle doit avoir dans les 60 ans et le soleil a bien abîmé son visage. Mais je suis contente d'avoir quelqu'un à qui demander conseil.

Je la suit tout à long du chemin à travers la ville et elle m'emmène voir le supermarché qui se trouve à 15 minutes de ma casa. Elle me présente à quelques personnes qu'elle connaît et que nous croisons dans la rue. Ensuite, nous allons toutes les deux au seul abri de bus de la ville, qui est à 10 minutes à peine de mon quartier. Nous prenons le premier bus direction la ville la plus proche.

Elle me fait rapidement visité. À chaque magasin, elle ressent le besoin de dire cette phrase :

-Ma fille vient souvent ici, elle a déjà fait un shooting photo pour cette boutique.

Sa fierté pour sa fille pourrait être mignonne si elle ne paraissait pas quasi-obsessionnelle.

Elle me montre la salle de sport, et la petite banque. Plusieurs pharmacie sont présentes dans la ville, ce qui m'étonne beaucoup. En France, il y en a une dans toutes les grandes surfaces mais pas à tous les coins de rue.

Lorsque nous arrivons face à une carte de la région, elle m'arrête d'un geste de la main. Bien qu'elle soit criblée de balles et de tagues, nous arrivons encore à décerner les routes. 

Lost In Your FavelaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant