« Toi qui est musique à entendre... » William Shakespeare.
L'assemblée des rêves - 3 - Teo.
L'enfant la cueillit et la déposa délicatement sur la paume ouverte. Doucement, les pétales offrirent une petite danse sur cette scène improvisée. A la fin du spectacle, elles coulèrent dans la chair comme si elles avaient fondues au soleil. « Maintenant, la fleur vit en toi. » L'adolescent regarda étonné son interlocuteur. Lentement, il sentît grandir en lui une exaltation. Les couleurs autour de lui prirent une teinte plus vive, les sons possédèrent une intensité plus délicate, les odeurs se firent plus prenantes. Excité, il déclara « Je suis aussi la fleur ! ». « Oui. Que le miracle soit ta vie ! ». Une joie immense l'envahit et il se mît à danser dans la rue. Ses pas semblaient légers comme si l'air le portait.
En passant devant une vitrine, une étoffe attira son regard. Teo entra dans la boutique, des vêtements féminins s'offraient de chaque côté de l'allée. Il repéra l'article couleur safran qui pendait à un cintre. Il s'approcha et décrocha délicatement la soierie. Une vendeuse l'interpella « Que puis-je faire pour vous, jeune homme ! ». « Merci. J'ai trouvé ce que je désirai. » L'employée le toisa et lança un regard noir. Le visage étroit arborait un sourire froid. La peau glaciale dégageait un air arctique. Une main acérée agrippa l'épaule de l'adolescent.
Teo ouvrît la paume droite. Un bouton vert commença son développement au creux de sa main. Il offrit la danse de la croissance à la vendeuse ébahi. Un coquelicot grenat ouvrit à la lumière ses pétales de velours. Le Jeune homme tendît la fleur à la dame « La vie ressemble à une fleur. La beauté intérieure fait écho à celle extérieur. Je vous prie d'accepter ce cadeau qui comblera le vide qui torture votre existence. »
Stupéfaite, elle accepta le présent. Des larmes rubis perlèrent de ses yeux. Elle constata « Depuis que je suis née, j'ai toujours sacrifié ma vie au désir des autres. L'avenir que mes parents avait tracé pour moi. Mais quand est-ce que j'ai vécu pour moi ? Je pleure tous les possibles qui ont disparu à jamais. » Doucement, Teo étreignît la femme et lui demanda « Que désirez-vous ? » Elle répondît sans hésiter « Avoir une nouvelle chance. »
Alors, les traits de la vendeuse s'adoucirent. Les cheveux s'allongèrent. Le corps se mît à rapetisser. Une petite fille flottait dans ses vêtements d'adulte. Elle se mît à rire ; une joie qui heurta les parois de la boutique. « Merci. Merci... oui merci. » Elle détala comme une gazelle emportant le coquelicot. Les clientes furent interloquées de voir une gamine toute nue courir dans le magasin.
Après le paiement de son achat, Teo se dirigea vers l'appartement de ses parents qui travaillaient encore. Il s'installa au centre de sa chambre. Il se déshabilla, enfila un bermuda fleuri et jeta sur ses épaules l'étoffe. Un genou à terre, il se pencha en avant. Il ouvrit sa paume et fît glisser sur le sol une graine. Celle-ci s'ébroua dans tous les sens, un filament perça la gangue et s'encra sur le plancher. Puis doucement, la naissance se fît. Une pousse s'étira de sa léthargie. Un bouton enfla à l'extrémité du plant pour s'épanouir en un splendide Lotus nacré. La fleur grandît pour former une immense corole de plus d'un mètre de diamètre.
Délicatement, Teo s'installa au centre de la plante. Les pistils safrans s'aplatir pour former un coussin confortable pour accueillir l'adolescent. Une sorte de bulle rosée se forma autour du Lotus. Les cheveux se ruaient dans tous les sens léguant leur vivant couleur ébouriffante. De petites fleurettes pourpres éclairaient la chevelure sorte de mantille des champs. L'étoffe s'anima de milliers d'ailes de papillons qui rythmaient la musique céleste.
Lorsque la mère arriva de son travail, l'appartement était plongé dans l'obscurité. Surprise de ne pas trouver son fils, elle frappa à la porte de la chambre. « Entre. » Une lumière rosâtre l'accueillît lorsqu'elle s'introduisit dans la pièce. Il lui fallut quelques secondes pour comprendre ce qu'elle voyait. Un Lotus géant était insérer dans une sorte de bulle étincelante. Elle distingua son fils assis au centre de cette fleur. Elle s'approcha imperceptiblement essayant d'éviter l'objet.
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ONEIROS
Bilim Kurgu" Comment est-ce arrivé ? Personne peu le dire ! C'est arrivé voilà tout. Un matin alors que le soleil n'avait pas encore étiré ses premiers rayons au dessus de l'horizon, l'événement eut lieu. Au début, ce fut comme une sorte de tremblement de terr...