16. All I Want

21 2 0
                                    

CREDITS de All I Want de Kodaline

produced by Stephen Harris

written by Mark Predergast, Vincent May, Steve Garrigan, James Flannigan

Voici le second chapitre du jour, bien différent du précédent. 

Quel est votre personnage préféré ? Que pensez-vous de l'histoire ?

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

 À chaque semaine son lot de merde. Quoique plus merdique que ces deux dernières semaines, je ne crois pas que c'est possible. Entre le décès de ma grand-mère, le cambriolage du studio ainsi que mon ordinateur et mon téléphone qui viennent de prendre l'eau - rectification le cappuccino - je crois que c'est trop. Je me laisse tomber sur mon lit en pleurant. Je crois que je vais arrêter la journée ici. Si cela peut s'étendre jusqu'à ce que tout soit revenu dans l'ordre, ça m'arrangerait.

***

 La personne qui est en train de prendre ma porte pour un punching-ball me fait sursauter de mon lit. Je suis complètement à la ramasse, je n'ai aucune idée de l'heure qu'il est. J'essaye d'atteindre l'entrée sans me casser la gueule, mais en vain. Je devrais sûrement ouvrir les yeux pour y arriver. J'arrive enfin à la porte et ouvre sans me poser de questions. J'espère que ne personne vient pour m'assassiner parce que je viens de lui permettre de le faire plus facilement. La personne qui se tient devant moi semble vraiment en colère, c'est limite terrifiant. Elle entre dans mon appartement en claquant la porte derrière elle. Mes voisins vont faire une crise, c'est sûr.

— Tu peux m'expliquer pourquoi tu ne réponds à personne au juste ? me réprimande Iseult d'un ton autoritaire, et pas celui qu'elle utilise lorsque ses mains sont autour de ma gorge.

— Je dormais, maugré-je.

— Pendant trois jours ? gronde-t-elle.

— Trois jours, répété-je pour essayer d'assimiler l'information.

— Oui, finit-elle par dire d'une voix plus douce.

 Elle me montre son téléphone qui affiche 14 h et nous sommes bien trois jours après que je me rappelle m'être endormie en pleurant.

— La vache, soupiré-je en remarquant la panique dans ses yeux.

— Je vais bien, ajouté-je ne sachant pas quoi dire pour que ce regard disparaisse.

  Iseult se met à trembler, d'énormes sanglots viennent prendre son corps en assaut. J'ai à peine le temps de venir soutenir son corps lorsqu'elle s'écroule sur le sol.

— Je vais bien, répète-je en la serrant plus fort contre moi.

 Je sens ses bras m'enlacer de toutes leurs forces. Mon cerveau est en alerte maximale, il n'est pas amené à gérer ce genre de situation encore moins maintenant. Il est encore en train de digérer le fait que j'ai dormi durant 3 journées entières sans m'en rendre compte. Il y a une minute, Izzy était en train de me hurler dessus et maintenant elle est en pleure dans mes bras.

Sun, que se passe-t-il ? demandé-je en la berçant doucement.

 C'est à mon tour d'être paniquée. Elle ne répond pas directement, elle tente de se calmer avant, je suppose. Ma main, qui soutient son dos, se met à le caresser doucement. Au bout de plusieurs minutes, sa respiration commence à se réguler et ses pleurs se font moins agressifs. J'attends qu'elle reprenne entièrement ses esprits pour m'expliquer.

— Jacob m'a montré ta chanson Hate Myself et tu ne répondais pas, avec la mort de ta grand-mère, j'ai cru... finit-elle par dire en laissant sa phrase en suspend.

 Les paroles de la dite chanson me reviennent en mémoire. "Suicide thoughts come and go like a guest to me". Je comprends immédiatement sa réaction. Je la serre plus fort contre moi, tout en la rassurant.

 Après une longue conversation, Iseult m'a convaincu d'écrire ce que je ressentais pour que mes émotions ne se stockent pas pour resurgir plus tard. J'ai lutté plusieurs minutes, car je ne pensais pas être prête à y faire face, mais bizarrement avec Izzy à mes côtés tout semble plus simple, comme toujours. Le fait de savoir que peu importe ce que j'écrirais, elle ne me jugera pas, rend cette thérapie plus sécurisante.

  Je déteste l'admettre et j'essaye donc de ne pas y penser, car je me sens ridicule, mais à la mort de ma grand-mère, j'ai eu l'impression qu'elle m'abandonnait. Qu'elle me laissait tomber. Qu'elle me laissait avec toutes ses promesses non tenues. C'était inattendu, je m'attendais à la voir le mois prochain et l'idée que cela ne soit plus possible m'a tout simplement brisé. Je devais lui préparer un gâteau, c'est ce que nous nous étions toujours dit. Je lui avais promis que le jour où elle viendrait ici, je lui ferai ce gâteau. Le truc, c'est que ça n'arrivera jamais. Je ne pourrais même pas l'appeler pour la fête des grand-mères qui est bientôt. Je ne pourrais plus lui demander de me raconter l'histoire d'Hawaï. Je ne pourrais plus lui demander une recette dont elle a le secret, car elle les a toutes emmenées avec elle.

All I want is nothing more

To hear you knocking at my door

'Cause if I could see your face once more

I could die [happy], I'm sure

When you said your last goodbye

I died a little bit inside

I lay in tears in bed all night

Alone without you by my side

But if you loved me, why'd you leave me?

Take my body, take my body

All I want is, and all I need is


— C'est tout ce que j'ai la force d'écrire, dis-je en essuyant mes larmes.

— Je suis fière de toi, affirme Iseult en embrassant mon front.

 Je me sens apaisée par l'exercice qu'elle m'a demandé de faire. Je la prends dans mes bras et ne la lâche pas pendant un moment.

— Qu'est-ce que tu veux faire ?

— Tu ne dois pas aller travailler ? demandé-je à mon tour.

— J'ai annulé ma session car tu ne me répondais toujours pas, avoue-t-elle.

 Je ne peux m'empêcher d'être touchée par ce geste. Les sessions sont importantes pour nous, c'est notre travail, je ne pensais pas qu'elle serait capable d'en annuler une juste pour s'assurer que je sois en vie, surtout qu'en ce moment elle n'en a pas beaucoup avec ses études.

— Je n'ai pas la force de faire grand chose.

— On peut juste s'allonger ensemble dans ton lit, si tu veux.

 Je hoche la tête, attrape sa main et l'emmène vers ma chambre. Une fois que la couverture nous recouvre correctement. Je pose ma tête sur la poitrine d'Izzy et passe ma main sur sa taille. Elle me serre contre elle tout en passant sa main dans mes cheveux. Elle embrasse délicatement mon front en me répétant que tout ira bien. J'écoute les battements de son cœur. Ils sont réguliers, rassurants et me donnent de l'espoir. Iseult m'apaise.

— Merci Izzy, murmuré-je alors que Morphée est en train de m'emporter.

Self Love (compositrice)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant