Seul contre tous

20

C'est donc terrorisé mais rassuré de pouvoir compter sur le soutien de ses amis que Levi finit par décacheter l'enveloppe sous les regards captivés de ses camarades.

Contenu de la lettre:

« Salut le nabot,
 j'ai toujours été nul pour parler, et encore pire pour écrire mais je me dis que je te dois des explications, alors voilà. 
Il y a maintenant presque 16 ans, j'ai revu ma petite soeur Kuchel après des années sans nouvelles. Elle m'avait retrouvé pour m'annoncer qu'elle était devenue une prostituée et qu'elle était tombée enceinte d'un de ses clients, mais ça je ne te l'apprend pas. 
J'étais hors de moi, je l'ai presque forcée à avorter, je trouvai absolument insensé qu'elle puisse tenir autant à un sal mioche qui était même pas né ! Mais tu sais à quel point ta mère était une tête de mule n'est ce pas ?
Elle était bornée et moi je suis égoïste et rancunier. Quand elle a refusé de t'abandonner alors que je lui avais ordonné, j'ai décidé de couper les ponts avec elle et je l'ai laissée tomber.
Quand j'ai apprit sa mort 7 ans plus tard, je m'en suis tellement voulu, j'avais tellement honte d'avoir lâchement laisser ma petite soeur mourir de faim sans n'avoir rien fait pour l'aider.
Alors quand j'ai appris que son mioche était encore vivant, je me suis promis, je LUI ai promis que son gosse subirai pas le même sort qu'elle et que je ne l'abandonnerai pas ! C'est pour ça que je t'ai récupéré.
Au début j'étais plein de bonnes attentions, vraiment !
Je voulais tant honorer la promesse que j'avais faite à ma petite soeur, mais j'aurais jamais imaginé que ce serait aussi compliqué de s'occuper d'un gosse ! T'était tellement froid, tellement braqué, insensible tout le temps, que je me suis dit que peut être tu n'avais pas vraiment besoin que je m'occupe de toi. Et que te donner à bouffer me suffirai pour honorer ma promesse. Et puis, plus le temps passait plus je m'enfonçai dans l'alcool. Tu l'a bien sentie cette transition j'en suis sure. Je buvais pour effacer ma peine, effacer ma vie, je voulais me défouler. Et puis un jour, tu avais 8 ans, je ne sais pas si tu t'en rappelles, moi je n'oublierais jamais. Tu rentrai de l'école plein de boue avec tes vêtements déchirés à cause des enfants qui te harcelaient. Tu crois certainement que je n'avais rien remarqué !? C'est bien pire que ça, j'avais vu ! Je savais à quel point tu souffrais, mais je n'ai rien fais, rien par ce que je me contenais de faire le stricte minimum pour que tu reste en vie, par respect pour ta mère. Si elle voyait ce que je t'ai fais, elle aurait honte, et elle serai rouge de rage ! Mais ce jour, quand tu es rentré, tu avais un gros bleu sur la joue et je me rappelle de ce que j'ai pensé à ce moment là. N'importe qui avec un minimum de coeur aurait eu de la peine pour toi, ou aurait ressenti de la colère contre tes harceleurs. 
NON ! Pas moi. Moi je n'ai rien ressenti de tout ça ! Je me suis dis que ça devait être sacrement défoulant de frapper un mioche sans défense comme toi ! Et c'est ce que j'ai fais, c'était la première fois que je te battais et au même titre que l'alcool, s'était devenu une addiction.
Une part de moi voulait s' « occuper » de toi aussi pour me donner la fausse impression que j'était une personne bien, c'était une façon de me dire que si j'élevais un mioche orphelin qui avait tout perdu, ça ferait de moi une sorte de héros. Et ça rachèterai peut-être la personne hideuse que je suis. Je sais maintenant que je t'ai pas sauvé mais que je t'ai gâché la vie. Si j'avais pas fait cette promesse idiote à ta mère et que je t'avais laissé avec les services sociaux, ils t'auraient surement trouvé une vraie famille, et qui sait, peut-être que tu aurais pus être heureux.

Je ne sais vraiment pas pourquoi tu t'obstines comme ça à me couvrir après que j'ai gâché ta vie, mais tu n'as plus à le faire ! Il est enfin temps que J'honore la vraie promesse que j'avais faite à ta mère: Te protéger ! C'est ce que j'ai fait aujourd'hui. J'ai tout avoué à la police. Ça ne sert plus à rien que tu mente.
J'imagine que tu te fiche de savoir ce que je pense de toi, mais tu est le nain le plus fort et le plus courageux que je n'ai jamais rencontré. 
Je finirai cette lettre en te demandant juste une faveur, je sais que je ne suis vraiment pas en position de te demander quoi que ce soit, mais ne le fais pas pour moi, fais le pour ta mère, s'il te plait, Levi, sois heureux !

Ton vielle oncle le pochtron. Kenny »