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Marine sort de la salle d'interrogatoire pour mineurs. Et fonce dans son bureau se remettre les idées en place et tente de comprendre l'entretien qu'elle vient d'avoir avec le garçon.

Elle en était sure, il cachait quelque chose, et elle est sure de savoir quoi. Malgré ce qu'il répète en boucle, ce pauvre garçon subit bien de la violence de la part de son oncle, elle en est persuadée.
Mais pourquoi ? Pourquoi s'obstine-t-il a tout nier et a mentir en prime ?
Elle sait qu'il souffre, et si elle veut l'aider, il faut qu'elle trouve des preuves ! Ce qui n'est pas une mince affaire quand la victime elle même fait tout pour les dissimuler.
La jeune assistante sociale est coincée, elle a tenté de mettre un petit coup de pression à Levi avec le coup du médecin tout à l'heure pour le faire parler, mais ça n'a rien donné. Il doit connaitre la loi et savoir que personne ne peut forcer quelqu'un qui n'est pas un suspect dans une affaire à subir des tests médicaux. Et s'était évident que Levi allait refuser de s'y soumettre volontairement. Et malgré ce qu'elle lui a dit, les services sociaux ne pourront rien faire pour l'y obliger et il gardera les preuves de sa maltraitante soigneusement dissimulées sous son t-shirt. Cette idée rendait la jeune assistante folle, elle qui voulait tellement aider ce jeune garçon se retrouvait dans une impasse, une impasse où il l'avait lui même conduite.

Deux heures plus tard après s'être creusé les méninges en vain pour régler la situation, c'était l'heure de retrouver le jeune homme pour le conduire au foyer où il passera les deux prochaines semaines.
Ce dernier gardait son air neutre et blasé à toute épreuve tout au long du trajet. Les policiers étaient préalablement passés chez Levi pour lui récupérer quelques effets personnels et lui avait préparé une valise pour les deux semaines. Levi n'avait vraiment pas beaucoup d'affaires, encore moins étant donné que le trois quarts étaient resté avec les pièces de voitures volées dans sa carcasse de camionnette à la casse, mais bien sur, ça aussi c'était un secret qu'il n'allait jamais raconter à personne.

Une dame un peu âgée avec de longs cheveux gris soyeux les attend dans une petite coure avec un grand sourire aux lèvres. Dans la coure, quelques enfants se courent après, rient chantent ou encore dessinent. Levi les trouve tellement stupides, tellement faux. Si ils sont là, c'est forcément qu'ils ont une vie de merde, c'est ce que se disait le petit ténébreux. Ils étaient forcément malheureux, comme lui, alors pourquoi essayaient ils de paraitre heureux, de faire semblant, ça parait tellement surfait, tellement artificiel.
La femme s'approche de Levi, toute souriante et s'approche de lui pour lui faire un tendre baissé sur la joue. Levi se tend d'un seul coup, beurk, il ne supporte pas le contact physique, la saleté et encore moins la bave. Il se recule alors brusquement et fusille du regard celle qui se trouvait en face de lui. Celle si prit cette réaction à la rigolade et fit comme si de rien était et elle prit finalement la parole.

Jeanne: « Bonjours, tu dois être Levi, je suis ravie de te rencontrer, moi c'est Jeanne, je suis la directrice de ce foyer. Sache que nous sommes tous ici pour vous aider, toi et tes petits
 camardes » dit elle en regardant toute joyeuse la foule d'enfants qui jouent autour d'eux.
Jeanne: « Je viendrai te voir ce soir pour te donner plus d'informations, pour le moment tu peux aller t'installer dans ta chambre si tu veux. Tu es avec un autre garçon un peu plus âgé que toi, Farlan, tu verras, c'est un garçon adorable.  Bon cesse de bavardage, si tu veux bien me suivre ? Vous pouvez également venir madame, je vous en prit . »
Marine et Levi suivirent alors la directrice dans les couloirs jusqu'aux dortoirs. Heureusement c'étaient des petites chambres de 2 ou trois personnes maximum. C'était déjà trop pour Levi qui déteste la compagnie, mais il s'attendait à être dans un dortoir de 9 ou 10, alors c'est déjà ça.
Le jeune noiraud regardait les couloirs sales avec dégout et dédain, il en avait déjà marre. 
Les deux femmes elles faisaient semblant de s'émerveiller à chaque coin de couloir, à chaque fois qu'elles croisaient un autre jeune, comme si en faire des caisses allait moins dégouter Levi de cet endroit qui le répugnait déjà.
Ils arrivent enfin dans une petite chambre avec deux lits superposés et deux grandes armoire. La directrice montre au nouveau pensionnaire :

Jeanne: « Alors ici c'est ton lit » dit-elle en montrant celui du bas. « Et là c'est ton armoire, tu peut y ranger toutes tes affaires. » Elle baisse les yeux sur le petit sac de sport qu'il tient à la main, ses yeux semblent dire: tu n'as que ça ?! mais elle se retient et quitte la pièce toujours avec ce ton sur jovial insupportable. 
Jeanne: « Bon, je vous laisse t'installer Levi, je passerais dans une petite heure pour te donner les consignes du foyer,  je crois que ton camarade de chambrée est au salon, il te fera volontiers le tour du bâtiment. A toute à l'heure ! »
Marine s'assit sur le petit lit du bas et incita du regard Levi à déballer ses affaires, ce qu'il finit par faire après avoir nettoyé chaque étagère avec le coin du rideau qui était à coté de l'armoire. Ce qui fit bien rire la jeune femme.
Ensuite Levi s'attaqua au lit, faisant comprendre d'un regard de travers à son occupante de se pousser. Il retourna complètement le matelas, secouat la couette, le drap et l'oreiller qui avaient étaient soigneusement disposés sur le lit avant l'intervention du maniaque qui avait complètement refait le lit après avoir tiré toute l'armature du lit jusqu'à la fenêtre pour la frotter avec le rideau sous les yeux ébahis de la jeune femme qui n'en revenait pas qu'un si petit corps si maigrichon puisse avoir autant de force.
Une fois le lit débarrassé au maximum de la poussière, le nettoyeur refit son lit et rangea ses affaires dans l'armoire.
Une question taraudait l'esprit de l'assistante sociale: 
Jeanne: « Et, Levi, dit, pourquoi t'as pas d'affaires de cours ? on a fouillé tout l'appart et il y aucune trace ni de cahier, ni de stylos et t'en a pas non plus sur toi, pourtant quand on t'a récupéré tu sortait de cours . »

Merde, Levi l'avait pas prévu celle-là, il n'avait aucune réponse à lui donner. La réponse pourtant est toute simple, ses affaires de cours comme tous ses biens personnels qui ne sont pas les trois pauvres fringues que Kenny avait acheté en prévision d'une descente de flics, sont restés dans la camionnette à la casse. Mais ça il ne pouvait pas lui dire. Alors il reste enfermé dans son mutisme en continuant de ranger ses affaires et de lui tourner le dos en espérant de tout son coeur que quelqu'un vienne les interrompre et qu'elle oublie qu'elle lui avait posé cette question.
Miraculeusement son voeu fut exaucé car 30 secondes plus tard.
 TOC TOC  

Seul contre tousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant