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- Inspire, expire. Tu en es capable, allez ! tentais-je de convaincre mon reflet dans le miroir.

Debout, les mains moites, je tentais de me rassurer depuis dix bonnes minutes avant de me décider à rejoindre mon client. Mon tout premier client.

Déterminée, je réajustai ma veste et sortis des toilettes.

J'écoutais attentivement les consignes de sécurité de l'officier face à moi et j'entrais dans la salle d'interrogatoire déserté pour mon client et moi-même.

Je me stoppai sur le pas de la porte pour observer l'homme qui attendait mon arrivée. Ses yeux crochetèrent les miens rapidement. Intimidée par son regard, seul le clap de la fermeture de la porte me sortit de mon impassibilité.

Je ne devais pas paraître nerveuse et encore moins apeuré par sa carrure.

Je me sentais prise au piège par ce prédateur. Car c'était exactement ce qu'il était, un prédateur et moi, une proie.

- Monsieur Dean.
- Maître.
- Je n'ai pas envie de tourner autour du pot, dites-moï tout, lançais-je avec un semblant de confiance en moi.

L'homme face à moi me détailla longuement d'un air contrarié sans jamais laisser un son s'échapper.

- Écoutez, je suis là pour vous et vous sortir de la situation dans laquelle vous vous trouvez. Si vous souhaitez admirer la vue derrière des barreaux, cela vous regarde, mais je ne suis pas ici pour perdre du temps.

Fraichement diplômée du barreau de Paris, j'essayais de me rappeler mes cours pour savoir comment se tenir face à un client récalcitrant, mais cela n'a rien à voir. Je décidai donc d'improviser et d'être moi-même.

- Très bien. Si vous changez d'avis, contactez-moi.

La main sur la poignet, monsieur Dean daigna enfin m'adresser la parole.

- Vous êtes nouvelle, n'est-ce pas ?

Je ne cherchais pas à répondre sachant pertinemment qu'il s'agissait d'une question rhétorique. Je patientai près de la porte dans l'attente d'une suite. Le sourcil relevé, je l'invitai à poursuivre.

- Mademoiselle Alexie Davis, jeune diplômée de 27 ans au barreau de Paris. Embauchée par le cabinet Baker et Johnson à Pittsburgh en Pennsylvanie.
- Félicitations, Monsieur Dean, lui dis-je en m'asseyant. Vous avez fait vos devoirs.
- Contrairement à vous. Visiblement, votre cabinet a omis de vous donner certains détails me concernant.
- C'est parfait dans ce cas ! J'ai une petite confidence pour vous. Il s'avère que cette affaire vous concerne et... Oh par quel miracle. Vous êtes face à moi, prêt à parler.

Un sourire rempli d'ironie trônait sur mon visage tandis que j'aperçus un sourire en coin chez mon client.

Quatre heures plus tard, je sortais du bâtiment fédéral éreintée. On m'avait refilé cette affaire parce que tout le monde flippait. Je m'empressai de retourner au cabinet pour obtenir des explications claires.

D'un pas rapide, j'entrai dans le grand bureau de Baker et Johnson où Monsieur Baker patientait sagement.

- Mademoiselle Davis, que me vaut l'honneur de votre visite ?
- Monsieur Baker, bonjour. J'aimerais avoir plus d'information sur l'affaire que vous m'avez confié. Notamment sur la précédente les concernant.
- Ah, je vois que notre cher client vous a fait part de nos derniers échanges.
- En effet, j'aimerais connaître votre version, car la sienne ne vous a pas dépeint sous votre meilleur jour.
- N'écoutez pas ce biker. Il se croit roi de la ville. Méfiez-vous Mademoiselle. Cet homme est un trafiquant d'armes qui se fiche royalement des lois de notre pays. Sur notre dernière affaire, nous avons perdu le procès et son "VP" comme ils aiment tant l'appeler a écopé de 6 mois de prison. Il sera bientôt libre d'ailleurs. Je vous invite à prendre vos précautions. À votre place, j'expédierai rapidement cette affaire.

- Ça tombe bien ! Ce n'est pas vous qui détenez cette affaire. Bonne soirée à vous.

Je sortis du bureau énervée par le jugement qu'il apportait sur lui. Je ne doutais pas qu'il devait avoir certaines informations sur lui qui n'avait pas été porté à ma connaissance. Notre métier était de défendre nos clients peu importe qui ils étaient. Si j'avais pris cette voie, ce n'était pas pour expédier mes affaires, comme il me le suggérait.

The Night SoulsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant