The Night Souls

~7~

Point de vue de Loan

J'observais le duo au loin, échanger les yeux dans les yeux. La discussion était tendue, mais je fus rassuré lorsqu'ils revint et que le Près avait le sourire aux lèvres. Je savais qu'il l'aimait bien. Elle avait un sacré caractère, impossible de lui marcher sur les pieds et je pensais qu'elle avait un don pour diriger.

Ils nous rejoignaient d'un pas décidé. En les regardant, le contraste était flagrant. Le Près en imposait. Sa carrure, son style et son charisme nous intimaient le respect. Quant à Alexie, vêtue d'un jean et d'une veste en cuir, le casque sur la tête, elle m'inspirait le mystère et la force. Une panthère noire qui observait le monde dans lequel elle évoluait et qui imposait sa loi.

Arrivé à mon niveau, le Près me pressa l'épaule et rejoignit nos compagnons de route. Je me rapprochai d'Alexie en l'attrapant par l'épaule pour qu'elle puisse m'entendre malgré son casque et l'ambiance présente.

- Alors ma belle, une course ?

Je me rappelais très bien ce qu'elle m'avait dit la première fois que je l'avais raccompagné. Elle aimait la vitesse, elle ne refuserait pas.

- Une seule et on part. Je ne veux pas rester trop longtemps.

Le sourire aux lèvres, j'avertis l'organisateur que nous allions concourir.

Prêt à partir, j'expliquais rapidement le circuit à Alexie. Les gars du club étaient en folie. Nous concourions rarement et quand c'était le cas, nous attirions souvent l'attention. Seule une poignée de personne connaissait l'identité qui se cachait sous le casque d'Alexie. Même parmi le club, nous avions préféré garder son anonymat encore un temps.

- T'inquiètes pas le biker. Ce n'est pas ma première.

Suite à sa réponse, j'abaissai ma visière et me préparai au départ. Une femme à la silhouette d'un mannequin s'avança pour nous donner le départ.

Au signal, je m'élançais rapidement pour devancer ma partenaire. Le circuit était simple ce soir. Seul un demi-tour en bout de piste à effectuer. Je passai mes vitesses en quelques secondes et charbonnai pour atteindre ma vitesse maximum en ligne droite. Je lançai un regard dans le rétroviseur pour connaître la position d'Alexie, mais je ne la voyais pas. Concentré sur mon objectif, je fixais de nouveau la route et me préparais à amorcer le virage. Je savais que celui-ci pouvait être pris à une vitesse importante si on posait le genou. N'étant pas équipé pour cela, ce soir, je ralentis suffisamment pour prendre le virage. Une seconde plus tard, Alexie me dépassa à toute allure. Je me rappelais très bien de sa tenue, elle n'était pas équipée pour cela malgré sa protection sommaire au genou. Je l'observais arrivée sur l'objectif et amorcer son virage en posant le genou. Je tentais de la rattraper malgré tout, mais le peu de secondes qui nous séparait était trop important pour que je revienne à son niveau.

Sur la ligne d'arrivée, la foule était en folie et son anonymat alimentait l'enthousiasme du public. À sa hauteur, je lui fis un signe de tête pour l'inviter à me suivre. Vingt minutes de route plus tard, nous nous garions sur le parking du restaurant où je comptais lui faire passer la soirée.

- J'ai adoré cette course ! Ça faisait une éternité que je n'avais pas pris mon pied comme ça !
- Tu as surtout pris des risques inconsidérés.
- Tu es simplement mauvais perdant! Ce n'est pas le tout, mais je suis affamé. On y va ?

J'étais mauvais perdant surtout que j'étais parti confiant. Mes quelques mois derrière les barreaux avaient eu raison de moi.

Alexie se trouvait déjà à l'entrée et je m'empressai de la rejoindre. Ce soir, c'est italien ! J'étais déjà venu quelques fois et j'avais toujours bien été accueilli, mais le plus important, c'était succulent.

Le serveur nous installa sur une table dans un coin du restaurant. Très peu de monde étaient de sortie ce soir. L'ambiance décontractée, un fonds sonore de musique italienne. La décoration n'était pas en reste, les couleurs vives donnaient une impression de méditerranée. Beaucoup de peintures et tableaux aux murs.

Lorsque je fixais à nouveau mon attention sur mon invitée, je captais son regard emprunt de curiosité.

- Tu aimes la décoration ?
- J'adore, répondit-elle rapidement et me considérant à nouveau. Cela me rappelle mon pays. Dans le sud, tu peux aller en Italie très facilement et une partie de notre patrimoine culinaire est imprégné de l'Italie. Les plats du soleil ! Voilà comment on les appelle dans ma famille. Je suis ravie de ton choix pour le restaurant, me dit-elle souriante.

Le serveur vint prendre nos commandes. Il revint rapidement avec deux verres de spritz.

Nous trinquions à notre soirée et à sa victoire.

Pour éviter un malaise ou une gêne, je relançais Alexie sur sa vie en France. Elle m'expliquait les différences entre nos deux pays et ce qui lui manque de temps en temps.

- Une des choses pour laquelle j'étais heureuse de partir, c'était la bise ! Une habitude ou une tradition française. Pour se dire bonjour, on ne se salue pas simplement de la main, on se fait la bise.

Elle commença à rigoler à gorge déployée après quelques instants certainement dû à mon regard sceptique. Elle décida donc de se lever et de me faire la bise. Sensation nouvelle et étrange. C'était très intimiste à mon goût.

- Et ça te manque ? C'est tellement étrange, dit-il après une légère réflexion.
- Oui, ça me manque à mon grand étonnement. C'est toujours une situation très drôle, car dans certaines régions, c'est deux, trois ou quatre bises. Ailleurs, tu commences à droite et non à gauche. Mais avant tout, c'est jovial et convivial. Ça me manque, dit-elle nostalgique.

Elle affirmait tout de même par la suite ne pas regretter son choix de nouvelle vie.

Le serveur nous amena ensuite nos plats typiquement italiens. Lasagne pour madame et spaghettis au pesto pour moi. Alexie ne manqua pas de choisir un vin français pour accompagner le tout.

Désinhibés par l'alcool et libre de nos paroles par le départ des derniers clients, nous échangions sans filtre.