Menthe à l'eau

Chapitre 4 : «Elle est vraiment Lambert»

Narratrice : Adèle.

Mon père est souvent gentil avec moi. En fait il ne sait rien me refuser. Rien sauf une chose : mon établissement scolaire. Il est professeur de mathématiques au lycée Lambert, dans lequel j’ai été forcée d’aller. Sa réputation de caverne à bizarres est amplement méritée  car on ne trouve là-bas que des gothiques, des pommés et parfois ils sont les deux à la fois. Je fais bien tâche là-bas, car peu de personnes me correspondent et mon style vestimentaire y est très décalé.

Demain, c’est mon anniversaire. J’ai persuadé mon papa de me laisser organiser une soirée et j’y ai invité la plupart des gens à peu près normaux, les gens que j’apprécie, soit une petite trentaine de personnes. A celles-ci s’ajoute ceux que j’aimerais connaître comme William, le gars de première super sexy, Olivia une fille qui a l’air super cool et pour finir en beauté, Kurt, le redoublant pas mal du tout. Je convoite ce dernier d’ailleurs. Il a un charme fou avec ses beaux yeux verts et ses cheveux blonds. On dit qu’il se drogue,  ce qui le rend encore plus cool. Il est dans ma classe, avantage qui pourrait m’offrir une chance supplémentaire. J’espère vraiment qu’il viendra demain.  Quand je lui avais proposé de venir, il ne paraissait pas tellement emballé, ce qui m’avait un peu déçue car il semble fêtard.

Le cours que monsieur Grey est en train de faire ne m’intéresse absolument pas. C’est un prof d’une cinquantaine d’années qui enseigne une matière que je hais. D’ailleurs il parle le français du dix-huitième siècle. Bien qu’il soit plutôt sympathique, je ne peux pas supporter son brassage de paroles. Mon père et lui sont bons amis alors quelque fois mon professeur vient manger à la maison. De ce fait, il me connait plutôt bien mais, dieu merci, il n’a jamais fait de remarque à ce sujet devant la classe. Je n’aime pas passer pour la fille de prof qui connait, par la même occasion, tout le corps enseignant.

Ce cours semble interminable. Je suis davantage impatiente car c’est le dernier de la journée ainsi que le dernier de la semaine.  Quand enfin la sonnerie retentir, je retrouve Blanche, une fille plutôt sympa, avec qui je cours acheter ma tenue de soirée. Il faut que je sois ravissante.

Rentrant après deux heures et demie d’acharnement, je m’allonge épuisée sur le canapé. J’ai enfin trouvé la tenue parfaite : une paire d’escarpins noirs douze centimètres, une robe rose tout à fait sublime et un vernis noir. Un silence religieux règne dans l’appartement : papa est sûrement en train de corriger des copies. Etrangement, il corrige toujours tout le vendredi soir pour être tranquille le reste du week-end. Demain soir, il va dormir chez sa nouvelle amie pour laisser l’appart. Cette fille a dix ans de moins que lui : trente-deux ans et je la déteste. En fait, je ne la déteste pas elle mais son statut. Jamais je n’aurais pensé que papa aimerait une autre femme que maman. Je me souviens d’un jour, quand j’étais petite, où j’avais entendu maman demander : «Tu m’aimeras toujours ? » et puis papa, ému, avait répondu : « Toujours… c’est bien trop court. ». Je n’ai jamais oublié cela parce que je me souviens avoir pensé que papa et maman étaient un prince et une princesse. Mais papa est un type comme les autres, cinq ans seulement après que maman soit morte il en aime déjà une autre.

C’est en pensant à la merveilleuse personne qu’était maman que j’essaie ma nouvelle tenue au grand complet. Le résultat est tout à fait fantastique, je suis sûre que Blanche sera du même avis quand elle me verra demain.

Je toque à la porte du bureau de papa. Entrant, je demande : « Qu’est-ce que tu penses de ma tenue de soirée papa ?

Il m’observe quelques secondes et répond :