Chapitre 13 : «Il n'est jamais trop tard pour faire demi-tour. »

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Narratrice : Anna.

Je pense que peu d’endroits peuvent m’effrayer autant que celui-ci. Kurt m’avait prévenue pourtant, mais je ne m’attendais pas à quelque chose de pareil. Dans ces lieux, je dois certainement être la seule personne clean  et vierge. Tous ces oiseaux de nuit… on dirait qu’ils ne sont pas humains. Ils ont quelque chose de plus. Ou de moins, je ne sais pas. Mais ils n’ont rien de commun à tous les gens que j’ai rencontré depuis ma naissance. Ce quartier est pourtant dans ma ville natale, à quelques rues seulement de mon habitation… C’est comme si la nuit, les monstres se réveillaient pendant que les gens normaux, catégorie dans laquelle j’ai la prétention de me considérer, dorment. C’est un autre monde. Le revers d’une ville qui pendant le jour pue le fric. Le soir, elle sent l’odeur pénible de la came.

Je prends la main de Kurt et me blottis contre lui. Position assez inconfortable tandis que nous marchons mais je me sens bien plus sécurisée. J’ai peur même si les rues sont plutôt bien éclairées par les vitrines de bars, de sexshops.

« Comment on retrouve quelqu’un dans un bazar pareil ? je demande, un peu terrorisée.

   -On va aller voir Marco. »

Nous entrons dans un hall d’immeuble un peu retiré du quartier et montons au deuxième. Sans frapper, nous entrons dans un appart qui sent plus que le quartier tout entier. Un petit chat vient à nous. Je m’accroupis pour lui donner une petite caresse sur la tête.

« Elle s’appelle Daisy, dit le fameux Marco torse-nu, appuyé contre un mur.

   -Elle est mignonne.

    -Viens voir, elle a eu des bébés.

Le Marco me mène vers un petit panier où trois chatons de couleurs différentes dorment profondément. Les pauvres bêtes. Dormir dans une atmosphère pareille. Leur maître semble leur être dévoué mais l’endroit ne doit pas être très adapté pour élever ces frêles petites boules de poil…

   -Je cherche des gens à qui les donner, parce que Daisy me donne déjà beaucoup de boulot. S’ils t’intéressent, n’hésite pas ! me confie Marco avec un clin d’œil.

   -On est pas venus pour eux, interrompt Kurt.

   -Installez-vous dans le canapé, je vais vous chercher de quoi boire. Je n’ai plus que du thé.

   -Je n’ai pas soif, dit Kurt tandis que j’acquiesce.

Il revient quelques secondes plus tard avec une théière bouillante et me sert une tasse.

   -Que me vaut le plaisir de votre visite les amis ? Vous avez besoin de quelque chose ? Plus d’argent ?

    -Absolument pas, répond Kurt un peu fâché. Je suis clean de deux jours.

    -Jure ! Mon pote je suis fier de toi ! Enfin même si ça va faire baisser mes chiffres, je suis très content pour toi !

   -On aurait juste besoin d’un service.

   -Vos désirs sont des ordres maître Langer.

   -Bon alors… je suppose que tu connais à peu près tout le monde ici. Est-ce que tu connais une dame du nom de Marie Langer ?

   -Oh, non ! Tu sais, les putains donnent rarement un nom de famille et quand c’est le cas, c’est toujours un faux ! En commençant cette « profession », elles se donnent généralement un nom en carton tu vois genre un truc bien américain qui reprend le nom de leur personnage préféré de série ou quelque chose comme ça tu vois…

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